TRUE LIES mais pas faux remake

On associe toujours James Cameron à Titanic, Avatar ou l’excellente duologie Terminator (non les autres n’ont jamais existé) mais saviez-vous que James avait fait le remake d’un film français qu’il a stéroïdé à mort dans son adaptation ?

Ce film français c’est La Totale ! de Claude Zidi, avec Thierry Lhermitte, Miou Miou, Eddy Mitchell ou encore Michel Boujenah, qui raconte les aventures d’un agent des services secrets qui se fait passer pour un vulgaire réparateur de standards téléphoniques, et qui doit lutter contre un éminent trafiquant d’armes tout en devant gérer ses problèmes familiaux. 

Si le film a eu un succès mitigé, James Cameron, lui, a décidé d’adapter ce film à la sauce Yankee avec son nouveau meilleur ami Arnold Schwarzenegger. 

Schwarzie et Jamie Lee Curtis dans True Lies
Schwarzie et Jamie Lee Curtis dans True Lies

True Lies : remake stéroïdé

Même si la version française du film a son lot de scènes d’action, on reste sur un film français de 1991, bien loin des L’Arme Fatale et autres James Bond bourrés d’explosifs et de balles qui fusent toutes les 3 secondes dans les esgourdes. Pour que ce film marche, il faut en l’occurrence ré-adapter un peu l’ensemble et le rendre plus “sexy” aux yeux des spectateurs du pays de l’oncle Sam. 

Claude Zidi avait fait sous-titrer des cassettes à l’époque pour son passage à l’American Film Market de Los Angeles. Le beau-frère de Arnie (ou Schwarzy comme vous voulez), Robert Shriver, tombe sur la VHS et après visionnage appelle immédiatement Arnie qui cherchait justement à faire des comédies familiales d’aventure. Une fois le film visionné par ses soins, Arnie y voit un potentiel mais trouve qu’il a besoin d’être plus énergique. Ni une, ni deux, il appelle James Cameron dont le projet de faire Spider-Man était tombé à l’eau. Zidi vend les droits pour 1$ symbolique mais il prendra un pourcentage sur les recettes du remake. 

Cameron prend en main le scénario et en réadapte totalement les premiers tiers et dernier tiers, le but étant de restituer l’esprit du film original mais en y ajoutant de nouveaux éléments, grâce à des moyens financiers plus importants fournis ici par la Fox. 

Pour l’anecdote, Zidi a perdu un procès contre le scénariste Lucien Lambert qui l’avait accusé de contrefaçon de son scénario, le procès perdu, Zidi dut rembourser des dommages au scénariste ainsi que des dommages à James Cameron (les dommages qu’il devait payer lui aussi au scénariste initial), autrement dit ce remake n’aura pas été une vraie bonne affaire pour Zidi…

L'affiche du film original : La Totale !
L’affiche du film original : La Totale !

Casting 5 étoiles pour True Lies

Le rôle principal sera forcément joué par notre bon vieux Arnie au top de sa forme depuis les deux Terminator, sa femme ne sera nulle autre que la géniale Jamie Lee Curtis (Halloween), sa fille jouée par Eliza Dushku (Buffy contre les vampires), l’acolyte de Arnie joué par Tom Arnold (Roseanne, qui était aussi sa femme à la ville), l’amant initialement interprété par Boujenah sera ici joué par Bill Paxton (Aliens, Twister…), Charlton Heston en chef des espions et en antagoniste Tia Carrere (Sydney Fox, Wayne’s World) et Art Malik (Infiltrator).

Le rôle de la femme de Harry devait initialement être confié à Jodie Foster qui s’était désistée. Cameron avait songé à un bon nombre d’actrices pour la remplacer telles que Kim Basinger, Rosanna Arquette, Geena Davis, Demi Moore, Michelle Pfeiffer, Sharon Stone avant que Curtis ne prenne le rôle, qui lui va au final comme un gant. 

Le film suit quasiment trait pour trait le scénario de base de la Totale, Harry Tasker est un agent secret américain d’une agence secrète appelée Secteur Omega. Il fait croire à sa femme Helen qu’il est un représentant informatique. Lassée de cette vie ennuyeuse, Helen se laisse aller à rencontrer un éventuel amant nommé Simon qui se fait passer pour un espion et qui lui promet une vie trépidante. De son côté Harry doit dealer avec de dangereux terroristes qui ont volé une arme nucléaire et menacent le pays et le monde entier avec. Sans oublier la fille de Harry qui est une ado rebelle effrontée qui mène la vie dure à ses parents… 

Vous reconnaissez Elisa Dushku ?
Vous reconnaissez Elisa Dushku ?

Une comédie d’action réalisée avec un sérieux hors pair

True Lies c’est du action-movie pur jus très assumé. Le film ne cherche pas à nous plonger dans un réalisme à la sauce années 2010, la violence est là sans aller dans le gore pur et dur, on est sur la violence des années 90 où le sang ne coule pas trop et les balles font des gros trous sans jet de matières sur les murs. 

Le film commence sur les chapeaux de roues avec une scène d’infiltration où l’on peut très vite voir que le duo comique Tom Arnold et Schwarzy fonctionne bien, de même que leur troisième larron joué par Grant Heslov (Les Chèvres du Pentagone, Le Pic de Dante…). La scène nous sert une amusante scène de Tango endiablé avec Harry et Juno (Tia Carrere) suivi par une fin d’infiltration qui tourne mal comme on s’en doute avec une flopée de gardes en ski et motoneige qui tirent à tout va sur Harry qui s’en sort indemne tout en ayant eu le temps d’assommer deux Doberman. 

Le film passe ensuite sur une présentation de la vie de famille de Harry, pose les bases de sa situation familiale quelque peu délaissée par son travail, on peut voir le désarroi de Helen et de Dana sa fille qui se rebelle contre l’autorité parentale. Le film a une première partie qui pose les bases qui donneront les rebondissements suivants, autrement dit les antagonistes et la vie de famille, avec une scène de poursuite culte dans un hôtel avec Harry à cheval et le méchant à moto.. 

La seconde partie nous montre les frasques de Helen avec Simon, et l’escalade terroriste du côté de chez Harry qui découvre soudainement que sa femme a un soi-disant amant. Il va donc utiliser son travail pour faire croire que Simon est un vrai terroriste et ainsi l’arrêter pour lui donner une bonne leçon. Je vous passe les scènes où Harry va rencontrer Simon en se faisant passer pour un acheteur de voiture (car Simon n’est qu’un petit concessionnaire ridicule en vérité), mais il y a une scène qui m’a vraiment fait hurler de rire tout en créant un vrai effet de surprise.

Tia Carrere n'est pas seulement Sidney Fox !
Tia Carrere n’est pas seulement Sidney Fox !

Toujours plus de rebondissements !

C’est là que la seconde partie va se jouer, Harry va “embaucher” Helen en la kidnappant dans une scène de descente de police assez dingue (laissant ce pauvre Simon traumatisé) et va monter tout un bobard pour lui révéler son secret et sauver son couple. Dans le cadre de sa mission, elle doit se faire passer pour une escort de luxe et aller voir sa cible dans sa chambre, sans se douter que le “client” en question est son mari. Celui-ci va donc l’accueillir dans une chambre d’hôtel pour lui révéler la vérité et ne pas la perdre.

C’est là que s’en suivra une scène de strip-tease culte et relativement torride sur la chanson Alone in the Dark de John Hiatt où l’on pourra admirer la plastique parfaite de Jamie Lee Curtis. Ceci étant, pour l’anecdote, lorsqu’elle se balance sur la barre du lit à baldaquin et qu’elle tombe, c’était une vraie chute, Jamie a continué la scène jusqu’au bout et Cameron a décidé de garder la scène. Cette scène est le point de départ qui ouvrira le 3ème acte sur les 4. Harry et Helen sont kidnappés et doivent s’échapper. Le troisième acte sera le sauvetage de Helen et le quatrième celui de Dana qui sera elle aussi kidnappée. 

Je vous fais fi des spoilers et du décryptage du film mais le long-métrage ne désemplit pas en scènes d’action. La fin du 3ème acte nous la joue big final hollywoodien quand soudain on apprend que Dana est à sauver car le grand méchant l’a kidnappée à son tour (le héros n’a pas de chance quand même !).

Le film va toujours plus fort et plus loin, mais on passe un moment divertissant, on rit des répliques cultes qui ont fait la marque de fabrique de Arnie, et surtout les scènes sont biens construites, biens fournies en effets spéciaux pour l’époque (en même temps c’est Cameron aux commandes) et surtout le rythme est haletant sans en faire trop comme la saga Fast and Furious pour ne citer qu’elle. Les scènes d’action sont brillantes et originales, la première fois on ne s’attends pas à voir des ponts exploser, des avions de chasse rentrer dans des buildings, etc… C’est le genre de chose qu’en 1994 on n’a pas l’habitude de voir car les technologies ne permettent pas ce genre d’acrobaties, alors qu’aujourd’hui plus rien ne nous étonne vraiment au final. 

On reconnaît le côté “cheesy” des 90’s, la chemise de Harry qui est déchirée juste ce qu’il faut pour voir les muscles, les petites égratignures à l’arcade et aux lèvres, les répliques cultes, les explosions, les ennemis stupides et les scènes comiques très bien amenée (le terroriste qui n’a plus de batterie me fait toujours rire, tout comme l’oiseau qui se pose sur un camion en suspens au-dessus d’un pont fraîchement détruit etc..). 

Le film reste culte pour de nombreuses raisons à mes yeux, il a un casting impeccable, les acteurs sont bien dirigés, le côté too much et cheesy est assumé à 200% et surtout le film est fait avec sérieux, c’est-à-dire que l’on a un film “léger” mais réalisé avec brio par un Cameron qui, même dans un film de ce style, parvient à démontrer qu’il sait y faire quelque soit le contexte. 

Ce sera la dernière collaboration entre lui et Arnold, Cameron se dirigeant vers des projets plus personnels que celui-ci qui fut surtout une faveur demandée par Arnold pour lui booster sa carrière un peu plus. On le retrouvera d’ailleurs 4 ans plus tard pour Titanic.

Tout ne réussit pas à Arnie...
Tout ne réussit pas à Arnie…

Un film qui vieillit bien encore

Le film n’a pas si mal vieilli ! Certains effets spéciaux ont, certes, pris un petit coup de vieux, mais on se régale à voir notre héros déambuler dans un hôtel de luxe à poursuivre à cheval l’antagoniste à moto qui nous la joue Vin Diesel en sautant dans la piscine de l’immeuble d’en face. Même si on est purement dans les années 90, le film reste divertissant, rythmé, drôle et surtout très bien monté et écrit. On a du mal à revoir la version française originale après ce film pour être honnête, et on aurait adoré y voir un caméo de Mitchell et Lhermitte mais les 90’s n’avaient que peu de caméo pour l’époque. 

True Lies c’est le film typique des années 90’s stéroïdé à mort, rempli de répliques cultes, bourré d’explosions et de scènes d’actions originales, et qu’on regarde avec un plaisir coupable. Le fait que ce soit James Cameron aux commandes, à la demande d’Arnie, rend ce film encore plus intéressant car même si c’est en quelque sorte un film de commande, on voit la patte Cameron et le sérieux de celui-ci, surtout que ce n’est pas du tout son genre de film. 

Pour être honnête, si on vous dit James Cameron, vous pensez automatiquement à Abyss, Aliens, Titanic, Avatar, mais pas True Lies, et pourtant c’est à ce jour le seul film de ce genre du réalisateur, et pour un film de 1994 ce long-métrage n’a pas à rougir au regard des films d’action actuels qui ne tiennent que par des effets numériques trop présents qu’ils en deviennent ridicules. 

Alors si vous n’avez jamais vu ce classique de Schwarzy, et que vous êtes amateurs de ce genre de film pas prise de tête mais bien écrit, ceci est pour vous, et pour couronner le tout, c’est le cas d’école typique pour moi d’un film qui, malgré son ton léger, est réalisé avec un très grand sérieux. 

Bref, True Lies est bel et bien un classique.

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