ENOLA HOLMES : mystères d’adolescence

Enola Holmes face à ses frères
Enola Holmes face à ses frères

Netflix met en ligne sur sa plate-forme en septembre 2020 le film Enola Holmes. Holmes, Holmes… Un rapport avec le célèbre détective privé imaginé par Sir Arthur Conan Doyle ? Oui, c’est assez évident mon cher lecteur !

Enola Holmes Mysteries !

Le personnage d’Enola Holmes n’est pas né initialement à l’écran, ni même de la plume de Conan Doyle, mais provient d’une série de romans pour adolescents : The Enola Holmes Mysteries. L’américaine Nancy Springer s’est attaquée ici au mythe Holmésien de 2006 à 2010 après avoir écrit 5 romans sur Rowan Hood, supposée fille de Robin des Bois ! Enola Holmes n’est ici non pas la fille de Sherlock, mais sa jeune sœur à Mycroft et lui.

La série de romans démarre sur le départ mystérieux de leur mère laissant ainsi Enola sous la responsabilité de ses frères bien plus âgés qui souhaitent l’envoyer finir l’école. Enola Holmes quant à elle veut plutôt, du haut de ses 14 ans, retrouver sa mère qui lui a laissé des indices et des messages codés. Et c’est ce qu’elle va faire en leur faussant compagnie pour mener sa petite enquête avec les talents d’observation et de déduction dignes de ses frères.

Quand Enola Holmes brise le 4e mur
Quand Enola Holmes brise le 4e mur

Enola Holmes à l’écran

Début 2019, Millie Bobby Brown, la remarquable Eleven de Stranger Things, fan de la série de romans se lance dans la production du film avec Legendary Pictures et Warner Bros. Elle a déjà collaboré avec eux pour Godzilla : King of the Monsters et se réserve au passage le rôle principal. Ils recrutent rapidement Harry Bradbeer, réalisateur de la majorité des épisodes de la série Fleabag, pour réaliser ce film.

Au casting, le film s’offre aussi deux acteurs de premier choix pour les rôles de la mère et celui de Sherlock Holmes. Helena Bonham Carter retrouve ici l’excentricité de ses précédents rôles (notamment dans les films de Tim Burton comme Charlie et la Chocolaterie, Alice aux Pays des Merveilles, Dark Shadows) en interprétant la mère d’Enola. Le choix de l’interprète du célèbre détective est plus surprenant. Echappé de la série The Witcher, découvert dans Les Tudors et le dernier visage en date de Superman, Henry Cavill endosse ici le rôle de Sherlock.

Le plus grand des détectives : Sherlock Holmes
Le plus grand des détectives : Sherlock Holmes

Quand Sherlock pose problème

Si le film est globalement sympathique (commençons avec du positif), le Sherlock Holmes de ce long-métrage me pose problème dans sa caractérisation et je ne suis pas le seul étant donné que même les « gardiens du temple » du mythe Holmésien, The Conan Doyle Estate, a intenté un procès à Netflix et à la production pour le motif que ce Sherlock Holmes présentait trop d’émotions.

Bon OK, en ce qui les concerne, je soupçonne la volonté de croquer une part du gâteau financier (et c’est raté vu qu’ils ont été déboutés fin octobre 2020). Mais c’est en effet un problème pour le lecteur des écrits de Conan Doyle : on ne retrouve pas la froideur et l’insensibilité décrite dans les écrits ou dans des interprétations précédentes comme celles de Jeremy Brett, Basil Rathbone ou encore Benedict Cumberbatch. Ici, Sherlock est plutôt amusé et paternaliste avec sa jeune sœur et c’est sans aucun doute une véritable erreur de caractérisation, extrêmement gênante pour moi.

Enola Holmes face à sa mère Eudoria
Enola Holmes face à sa mère Eudoria

Erreurs de jeunesse

Le deuxième écueil réside dans la forme. Si Harry Bradbeer maîtrise le fait de briser le 4ème mur dans sa narration (il l’a prouvé dans Fleabag), il faut que le récit s’y prête. Et ce n’est absolument pas le cas ici ! Cela embrouille plus que cela n’éclaircit l’intrigue. L’ensemble est extrêmement bavard et le semblant de rythme que cela souhaite donner tombe à plat en rendant plutôt longuet le film.

Une fois ces deux défauts digérés, et même s’ils ne sont pas des moindres, j’avoue que j’ai passé un bon moment devant Enola Holmes. Il faut le voir pour ce qu’il est : un film qu’on aurait adoré à l’orée de l’adolescence avec de l’aventure et du mystère autour d’un héros adolescent. Signe des temps, le héros est ici une héroïne pétillante et le féminisme du long-métrage, parfois trop appuyé et artificiel au départ, s’enrichit tout au long du film et s’avère plus fin et nuancé au final.

Somme toute, on est peut-être loin du Sherlock Holmes que j’ai aimé découvrir enfant mais Enola Holmes a des choses à dire bien plus modernes et qui méritent sans doute qu’un deuxième opus vienne mettre un peu plus en valeur.

Trailer d’ENOLA HOLMES

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2 réponses

  1. Marine dit :

    Je me permets d’apporter mon avis de néophyte 😉
    Complètement d’accord avec toi sur la narration,
    agaçante, inopportune, qui, pour moi ne fait que
    déséquilibrer le film et parfois même perdre le fil.
    En revanche j’ai apprécié le côté sympathique
    presque empathique de Sherlock, ok on est loin du
    personnage emblématique mais je trouve que ça
    apporte un peu de fraîcheur et de légèreté (trop de
    légèreté?) Toujours est-il que le film reste distrayant
    et m’a donné envie de voir une enquête
    Sherlock/Enola.

    • Eric dit :

      A vrai dire, je ne sais pas si une suite est prévue (sachant qu’il y a plusieurs bouquins) mais j’irai jeter un oeil aussi si ça se fait. 😉

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