THE HARD WAY : filmé de manière forte ?
Il y a quelques temps, cinémas fermés oblige, je me suis cherché un film à voir et je voulais aller dans la nostalgie des années 90, voir un peu l’Amérique des années 90, celle remplie de punks, de cités bouillonnantes, grises et moroses, bref, les USA de l’époque glorieuse de la vie sans Internet et les smartphones.
En allant sur OCS je tombe sur un film avec Michael J Fox (Retour vers le Futur), à savoir, The Hard Way. Après lecture d’un petit résumé, je lance le visionnage, et voici ce que j’en ai pensé.
Un Buddy Movie original
Les Buddy Movies tout le monde connaît, sujet favori des années 90 avec des Arme Fatale, 48 heures, Flic de Beverly Hills et j’en passe, on a tous connu au moins un buddy movie qui nous a amusé et fait passé un bon moment. Souvent, les films de ce genre réunissent deux personnes que tout oppose mais qui ont un dénominateur commun : l’intrigue.
Parfois c’est deux flics aux méthodes différentes qui se retrouvent sur la même enquête, parfois ça peut être un flic et un roublard, ou un simple citoyen, qui collaborent sur une enquête (en général le “non-flic” est un témoin clé par exemple) mais le schéma reste globalement toujours le même pour justifier l’union de ces 2 protagonistes dont l’opposition créera la synergie et l’alchimie à l’écran.
Mais alors qu’en est-il si les deux personnages du film n’ont au final AUCUNE raison de se rencontrer et de s’associer ? C’est exactement le cas avec le film dont nous allons parler.
Réalisé par John Badham (Comme un oiseau sur la branche, Wargames, Drop Zone…) et avec dans les rôles principaux un Michael J Fox tête à claque, un James Woods toujours aussi énervé (L’enfer du dimanche, Casino) et un antagoniste campé par Stephen Lang (Avatar), le film fourmille de seconds rôles assez intéressants joués par des têtes bien connues comme LL Cool J, Christina Ricci, Delroy Lindo, Luiz Guzman ou encore la regrettée Penny Marshall.
The Hard Way… mais histoire simple
Le synopsis est assez simple, Nick Lang (M.J Fox) est une star Hollywoodienne, connue pour son personnage de film d’action Smoking Joe Gunn. Nick souhaite évoluer dans sa carrière et lui donner un second souffle, il voit l’opportunité d’un rôle aux antipodes de son personnage qui l’a rendu célèbre se profiler à travers le film “Blood on the Asphalte”. De là, Nick fera des pieds et des mains pour pouvoir se préparer au rôle de sa vie, en allant incognito sur le terrain, à New York, se joindre à l’inspecteur John Moss, un flic impulsif mais très compétent, qui traque un tueur en série.
Les personnages principaux sont simples mais efficaces. Fox incarne une star à l’opposé de ce qu’il est naturellement, et Woods joue les flics typiques de l’époque, à savoir des vieux loup de mer énervés qui n’hésitent pas à aller bien au delà des protocoles pour aboutir à leurs fins et sauver la veuve et l’orphelin.
Les protagonistes n’ont aucune raison en vérité de se retrouver ensemble, Nick rentrera comme partenaire grâce à un piston, et seul le chef du commissariat et Moss seront au courant de qui est vraiment ce jeune bleu qui fait équipe avec notre flic bourru et apprécié de ses pairs.
Alchimie réussie ?
L’antagoniste manque un peu de panache, un espèce de serial killer un peu idiot, fou mais sans faire peur, c’est sans nul doute la vraie déception du film, un méchant qui gâche un peu l’enjeu et la tension du film. Car l’alchimie entre les deux acteurs fonctionne bien, l’opposition des deux couplée au fait que Moss sait qu’ils n’ont aucune raison de se fréquenter rend la synergie entre les deux amusante voire touchante.
On voit d’ailleurs que Nick essaye à tout prix de se faire apprécier mais Moss a un réel problème pour exprimer ce qu’il ressent en dehors de la colère. On le voit d’ailleurs au long de l’intrigue, avec son “love interest” avec qui il aura du mal à lâcher prise, mais ce sera sans compter l’aide de Nick qui souhaite vraiment aider son partenaire de fortune.
Un film typique des 90’s, un NY sale et violent
Là où le film m’a replongé dans une certaine nostalgie c’est de voir un peu le New York dépeint dans mon enfance, une ville craignos, sale, grise, peuplée de gangs et de sans abris. Exit les villes édulcorées et riches à la Avengers, où les quartiers branchés de Sex & the city, on a ici un NY typique de son époque, un NY qui fait peur, vu un peu comme le tiers monde local (alors que pas tant que cela au final). On retrouve un peu ce même état d’esprit dans le monde réel de Last Action Hero en 1993, où le film balance le contraste réalité / fiction avec les deux pieds en avant.
Le commissariat est grouillant de monde, bruyant, sale, on a l’impression d’un vrai commissariat typique avec son lot de va et vient permanent de flics et de malfrats, de bureaucrates, tout dénote par rapport au début du film dans lequel on voit Nick dans sa ville de Beverly Hills. Ici, le NY typique des 90’s est bien dépeint, on ressent cette ambiance “fourmilière” qui ne s’arrête jamais. Et le personnage de Moss convient totalement au tableau.
Pas vraiment Actor’s Studio non plus…
Les seconds rôles servent de points d’attache à l’intrigue, sans en faire trop. Ils parviennent à donner un aspect “chorale” au film bien qu’il soit centré sur nos deux héros. Malgré le fait qu’ils aient peu de dialogues, on prend plaisir à regarder les scènes avec ceux-ci, tant la complicité à l’écran est bien retranscrite.
Les acteurs jouent très bien, sans aller dans la course à l’Oscar. On apprécie leur jeu, exception faite de Lang qui surjoue son personnage, et qui, à mon sens, est surtout très mal écrit et manque du coup d’un certain degré de “diabolisme”. Pour moi, l’antagoniste est le réel point faible du film. Il gâche quelque peu l’intrigue car il est pataud, faussement cinglé, il manque cruellement de charisme au point où finalement la scène finale manque de panache bien qu’elle soit très bien imaginée (vous verrez en rapport avec le décor pourquoi je dis cela).
Un bon film pour se replonger dans les 90’s
Le film est dans son ensemble un moment très agréable, les acteurs jouent tous relativement bien hormis Lang (mais cela vient sans doute de l’écriture de son personnage plus que de lui comme je le disais). Les décors sont biens faits. Les intérieurs grouillent de vie tout comme l’extérieur. La ville est ici très bien dépeinte dans ce qu’elle représentait pour l’époque avant de devenir une ville édulcorée et lisse. C’est un très bon moment de cinéma où l’on prend plaisir à voir Fox changer un peu de ses rôles habituels de jeune premier de la classe.
The Hard Way (la manière forte en français) n’est pas le meilleur film du genre, mais il se défend très bien. L’alchimie entre les acteurs passe très bien, l’intrigue fonctionne très bien, malgré le bémol lié au méchant, on a un film typique de l’époque qui reflète à lui seul l’image que l’on se faisait de New York au début des années 90.
The Hard Way : plutôt Blockbuster ou Videofutur ?
The Hard Way est un buddy movie qui change un peu des sempiternels duos de flics opposés ou de flic/voyou, la star hollywoodienne déconnectée de la réalité qui découvre un univers à l’inverse de la soupe qu’on lui sert dans sa Californie ensoleillée donne un élan de fraîcheur à un genre surexploité à l’époque et qui continue de l’être encore aujourd’hui, et pas toujours de la bonne façon.
Ce film c’est un peu ce genre petite pépite qu’on trouve au fond d’une malle de VHS poussiéreuse et qu’on redécouvre avec plaisir comme un film d’époque où, ceux qui sont nés dans les années 80, retrouveront un peu l’univers qui gravitait autour d’eux, à une époque où la modernité existait sans encore être trop moderne et trop rapide. Sans jouer les boomers, visionner de vieux films de cette époque nous donne un petit côté nostalgique qu’on prend avec plaisir. Ce n’est pas pour rien si les films et les séries qui jouent la nostalgie des 80’s et 90’s cartonnent au cinéma et à la télévision après tout.