GUNS AKIMBO : un film à balles ?!
Confinement oblige au printemps 2020, il a fallu se rabattre sur d’autres médias que le cinéma pour découvrir des films récents et, forcément, les plateforme de streaming ont eu la part belle pour fournir tout genre de contenu, pour tous les goûts, que ce soit du neuf ou du vieux.
Depuis plusieurs années ces sites fleurissent, et si Netflix a été le premier, d’autres ont emboîté le pas tels que Amazon Prime, Disney+ tout récemment ou encore OCS en France.
Sachant que la plupart des sites achètent à des studios des films pour les droits de diffusions sur leur plate-forme, pour une durée limitée, et que nombre de ces studios envisagent de créer leur propre site avec leur propre catalogue, les petits nouveaux tels que Netflix, Amazon ou Apple qui ne sont pas des studios à la base, ont donc décidé de créer du contenu original, uniquement diffusé chez eux, permettant d’amener des abonnés désireux de découvrir de nouvelles séries. Cela a donné lieu à quelques pépites (les séries Marvel de Netflix, The Boys chez Prime, le dernier Scorsese encore chez Netflix etc…) mais aussi des très gros nanars (oui Adam Sandler, je parle notamment de toi).
Ici, justement, on va parler d’un film 100% Amazon Prime, un film qui avait fait parler de lui via quelques photos de tournages intrigantes, bref, nous allons parler du très étrange Guns Akimbo de Jason Lei Howden avec Daniel Radcliffe (Harry Potter).
De Big Brother au Dark Web…
Le synopsis du film est simple, on parle ici d’une sorte de réalité alternative, dystopique même, où un groupe de hackers du dark web a créé une émission de télé-réalité sur le web dans laquelle des gens s’entre-tuent, le tout dans l’indifférence générale, à part pour le héros, Miles.
Miles, qui est modérateur de réseaux sociaux, c’est un anti-héros comme on peut en voir souvent, le loser embarqué dans un truc qu’il ne comprend pas. Pour vous la faire courte, il n’aime pas cette émission et un soir, décide de critiquer celle-ci en faisant du “trolling”. Manque de bol, les hackers de Skizm le retrouve, se pointent chez lui, l’endorment et lui clouent 2 flingues chargés de 50 balles chacun aux mains.
Il va donc se retrouver comme prochain candidat du jeu qu’il déteste, face à la challenger incontestée Nix, qu’il doit tuer sous 24h, sinon ce sera lui qui y passera, sachant qu’elle est quasi-intouchable. Vous avez donc les bases et je vous laisse découvrir (ou pas) la suite.
Un film qui paraît comme un OVNI mais….
Maintenant, que dire de Guns Akimbo en lui même? Et bien c’est assez psychédélique à vrai dire, on a déjà des incrustations façon jeux-vidéos, ensuite de la musique techno à tout va, un montage saccadé avec des angles de caméras assez variés, bref, on est sur un style très dynamique, très rythmé avec un Daniel Radcliffe déchaîné en calbut’ et chaussons en train de courir dans tous les sens pour échapper à un funeste destin.
Les personnages sont visuellement intéressants aux premiers abords, tous plutôt bien grimés bien qu’un poil trop cliché comme les hackers qui nous font penser à du Blade Runner sous cocaïne en mode Cyberpunk mais pas trop…. Nix qui est en mode “badass” intouchable complètement barrée, et quelques personnages secondaires comme le patron de Miles qui est une caricature vivante, ou encore, mon petit coup de coeur, le SDF incarné par Rhys Darby que vous avez du voir en patron/ami de Jim Carrey dans Yes Man.
Guns Akimbo suit un rythme effréné et sous coke tout le long, ça tire et ça bouge dans tous les sens, la caméra bouge tout le temps, passant d’un ralenti à une phase accélérée, puis un angle façon fish-eye et une incrustation sur fond de techno ou de métal, jusqu’à un final explosif mais prévisible.
…..Qui est plutôt un mélange d’un peu trop d’autres films
Outre l’amusement de voir un film aussi décousu et défoulant, si on gratte bien, on voit que ce film reste néanmoins passable. Finalement, on s’aperçoit que d’autres ont fait mieux, et d’autres ont fait pire.
Prenons les incrustations à l’écran façon jeu vidéo déjà, celles-ci sont dans un style graphique rappelant un peu le génial Scott Pilgrim vs The World, ou plus récemment Birds of Prey. Le scénario quand à lui, ne va pas si loin dans l’originalité car on est ici dans un mélange entre la duologie “Crank” avec Jason Statham au style édulcoré et hyper dynamique où le héros est soumis à une course contre la montre intense, le film Ultimate Game avec Gerard Butler avec son personnage qui tue en tant qu’avatar contrôlé par des internaute (un film vraiment passable) et enfin et surtout, Running Man de Paul Michael Glaser “Starsky” avec notre bon vieux Arnie des familles.
Evidemment, on ne peut reprocher à un film ses inspirations, mais le souci de Guns Akimbo, c’est que très vite le film ne tient qu’à son style et pas du tout son histoire. Les rebondissements et surtout le final sont plus que prévisibles, voire trop expédiés. Les personnages sont survolés et sombrent dans le cliché (la pseudo love-romance du héros, la vengance de Nix etc…). Et pour peu que vous soyez un peu cinéphile comme moi, vous allez voir des personnages qui vous rappelleront d’autres films trop vite et cela vous fera décrocher assez rapidement.
GUNS AKIMBO en fait trop ?
Ici, les antagonistes sont un espèce de mélange mal foutu entre des Cyberpunk de Blade Runner et les méchants de Waterworld, l’héroïne qui lèche ses guns avant de tirer (ridicule) nous fait penser à une parodie de femme fatale à la Luc Besson, le héros et ses collègues de bureau nous font penser au héros du très moyen Wanted (notamment quand il s’émancipe et porte ses “balls” vers la fin du film) et enfin tout le style oscille entre plans à la Kingsman via des ralentis et une caméra qui flotte en pleine action, Scott Pilgrim et son style jeu vidéo édulcoré et, John Wick pour les fusillades, dans un espèce de gloubiboulga finalement assez fade et trop “déjà vu”.
Un film qui avait du potentiel, mais qui hélas, part vite dans le cliché et se perd, pour moi, dans ses références et influences au point d’en devenir ridicule et ne servir que de “vide-cerveau” alors qu’il aurait sans doute pu, en bossant un peu plus sa trame et ses personnages, nous donner un film, certes, original dans son style, mais beaucoup plus intéressant, voire intelligent. Malheureusement on est ici dans un pur défouloir psyché emporté par un Daniel Radcliffe décidément toujours en train de chercher à sortir de son image de Harry Potter à travers des rôles barrés, alors qu’on sait très bien qu’il n’a pas besoin de cela. Dommage…