FATHER TED, prêtre à rire ?
Aujourd’hui, je vais vous parler d’un temps que les moins de vingt ans n’ont pas connu. Et je me sens un peu basculer dans la catégorie « vieux con » en écrivant cette première phrase. Ce temps-là est celui du monopole de la télévision linéaire, celui où l’on pouvait plus facilement découvrir un film ou une série au hasard d’une diffusion que grâce à un algorithme de service de streaming. Attention, je n’ai rien contre les Netflix, Disney+ ou autre Amazon Prime Video dans leur construction mais je les rapproche plus des vidéos-clubs avec de grosses affiches où l’on peut dénicher en fouillant un peu une pépite que l’on ne soupçonnait pas.
Back to the 90’s
Ici, je vous parle d’appuyer sur un bouton et ne pas savoir sur quoi on va tomber, ni même à quel moment ! Je suis tombé ainsi une nuit sur une co-production britannico-irlandaise Father Ted sur la défunte chaîne du câble Canal Jimmy qui m’a fait passer par ailleurs quelques nuits blanches à coup de NYPD Blue, Dream On et toute la franchise Star Trek. J’avoue que j’ai été fort intrigué par une scène de « course » en camion de laitier avec deux prêtres parodiant le film Speed avec Keanu Reeves et Sandra Bullock dès le départ. Et je suis ainsi resté devant mon écran. Puis quelques jours plus tard, à l’aide d’une revue annonçant les programmes à venir, j’ai pu retrouver volontairement cet étrange objet télévisuel irrévérent qu’est Father Ted.
L’action prend place sur une île irlandaise isolée et nous fait partager la vie d’un trio de prêtres et de leur gouvernante là-bas. Pourquoi un tel exil ? Ces trois hommes d’église ne sont pas à proprement des modèles de vertu et d’intelligence et ont été bannis sur Craggy Island. Le père Ted qui donne son nom à la série a détourné des fonds de l’église. Le père Jack est un alcoolique vicieux patenté. Et enfin le père Dougal manque clairement de la plus élémentaire des intelligences. On comprend aisément la position des instances dirigeantes de l’église envers ces membres peu recommandables…
Father Ted : Taste of Ireland
Diffusée sur la chaîne britannique Channel 4 à partir de 1995, la série comporte 24 épisodes de 25 minutes répartis sur 3 saisons et d’un épisode de Noël un peu plus long en 1996. La série a pris fin prématurément au décès de Dermot Morgan, l’interprète du Père Ted, d’une crise cardiaque en 1998 au lendemain du tournage du dernier épisode, alors que Father Ted enchaînait les BAFTA Awards en tant que meilleure comédie chaque année. On ne peut être sûr que la série aurait néanmoins perduré étant donné que l’acteur envisageait de passer à autre chose, mais il n’aura pas eu la chance d’en avoir le choix.
Depuis lors, la série créée par Graham Linehan et Arthur Mathews a su s’imposer dans le patrimoine culturel irlandais. Digne héritière de l’humour de séries comme Fawlty Towers ou Monty Python’s Flying Circus, chaque épisode accumule des scènes absurdes et loufoques auxquelles je n’avais et n’ai sans doute plus été confronté depuis 25 ans à l’heure où j’écris ces lignes. Father Ted est d’ailleurs devenue une usine à memes sur internet au même titre que The Office aux USA.
Absurde mais assure !
L’humour fonctionne encore aujourd’hui malgré l’image (très) datée de la simple vidéo des années 90. Entre famille dysfonctionnelle camouflée dans cette colocation de prêtres et la tristesse sociale de ceux-ci en toile de fond, le comique de la série engage néanmoins une caricature assez acerbe d’une Irlande loin de la modernité de l’Europe qui l’entoure. Father Ted est en mon sens une agréable bulle d’une époque révolue isolée sur son île où l’irrévérence et l’absurde faisait rire avec le duo très Laurel et Hardy du Père Ted et du Père Dougal en première ligne. Il faut faire abstraction de l’image très 90’s mais Father Ted est une comédie à découvrir assurément.