THE TOMORROW WAR : Et si demain, c’était hier ?

En avant !
En avant !

Le confinement aura eu un réel impact sur l’industrie du 7ème art et les sorties ont été toutes chamboulées entre 2020 et 2021, à tel point que certains services de streaming s’en sont donnés à cœur joie pour racheter ça et là des films censés sortir en salle. C’est ainsi pour le film dont nous allons parler : The Tomorrow War est arrivé chez Amazon après une sortie prévue en été 2020, et c’est suite à de nombreux décalages qu’il a finalement été racheté 200 millions par le groupe de Jeff Bezos pour une sortie cet été 2021 sur la plateforme de streaming. 

Chris Pratt, Edwin Hodge et Sam Richardson dans The Tomorrow War
Chris Pratt, Edwin Hodge et Sam Richardson dans The Tomorrow War

La guerre du futur (oui, The Tomorrow War)

Le film possède un casting essentiellement télévisuel, outre la tête d’affiche Chris Pratt (Gardiens de la Galaxie, Parks and rec), à ses côtés on peut citer l’excellent J.K. Simmons (Whiplash, Spiderman), Yvonne Strahovski (Chuck), Betty Gilmin (Glow), Mary Lynn Rajskub (24h chrono) ou encore Sam Richardson (Veep) et enfin à la réalisation Chris McKay qui est surtout connu pour avoir réalisé le film Lego Batman

The Tomorrow War se passe en 2022, en pleine coupe du monde de football lorsqu’un vortex apparaît et des soldats en sortent, proclamant venir de 30 ans dans le futur. Ceux-ci disent qu’une invasion alien aura lieu et qu’elle décimera la race humaine, seuls les survivants (500 000) se battront pour pouvoir survivre mais s’ils veulent gagner cette guerre, ils ont besoin d’être plus nombreux. 

C’est là que ça devient original, les soldats du futur sont capables d’envoyer et renvoyer des gens dans le futur et dans le passé, de fait, ils recrutent à toute berzingue des volontaires pour aller combattre dans le futur et revenir au bout de 7 jours, s’ils sont toujours en vie. Attention toutefois, le temps avance toujours, ce qui fait que si les gens du futur ont pu créer un pont temporel, si vous partez 7 jours dans le futur, vous êtes renvoyé dans le passé 7 jours après votre départ, vous suivez ? 

De là, le monde est plein effondrement, une partie est contre, une autre pour, et les volontaires ne manquent pas pour combattre, et c’est là que notre héros, Dan Forester intervient. Celui-ci est un ancien soldat devenu prof de bio, blasé un peu par sa vie professionnelle, qui décide d’aller combattre. 

Celui-ci est sélectionné par l’armée sur la base de critères assez étonnants (nous en parlerons après) et il est déployé sur Miami avec toute une bande de civils expérimentés prêts à en découdre. Seulement, les choses vont se passer bien différemment qu’il ne l’aurait cru. 

Chris Pratt dans The Tomorrow War
Chris Pratt dans The Tomorrow War

Un film pas si original que cela et bourré de défauts

Le film, bien que prometteur aux premiers abords, se révèle être une succession de clichés tous plus gros les uns que les autres. On est clairement sur un thème principal de ce qu’on appelle en Anglais : “Daddy Issues”, autrement dit problème de relations avec son paternel. Sans vous spoiler le film et ses divers rebondissements, on constate que le film manque à ses devoirs et vire à la parodie de film de SF au fur et à mesure que l’intrigue avance, le tout avec une intrigue mêlant relation “enfant / père” et morale écologique extrêmement maladroite. 

Pour commencer, The Tomorrow War est relativement peu cohérent. Bien qu’on soit dans de la SF, on cherche toujours à ce que celle-ci soit un tantinet cohérent et réaliste, or, ici dès l’arrivée des hommes du futur en plein match de football, on est sur un premier souci : comment la personne parvient à parler à travers les enceintes ? Elle possède un micro ? Ca peut paraître anecdotique aux premiers abords, mais rien que cela m’a fait sortir du film, et nous ne sommes que sur le premier quart d’heure ! 

Les gens du futur envoyés dans le passé pour empêcher une guerre, on connaît, ça s’appelle Terminator. Sauf que dans Terminator, on était beaucoup plus cohérent, et les personnages envoyés étaient des gens formés au combat. Ici, l’humanité, qui a la capacité de voyager dans le temps, proclame qu’elle a besoin d’hommes et de femmes pour combattre avec eux. Seul bémol, on remarque que le film n’a pas trop voulu s’ennuyer avec le coup du paradoxe temporel et il le fusille en un tour de bras. On envoie QUE des gens qui mourront avant le début des événements de cette guerre, soit des gens qui mourront avant la deadline des 30 ans. Comme cela, aucun paradoxe temporel. 

Le souci avec cette histoire, c’est que d’une part, les personnages savent qu’ils mourront avant 30 ans (plutôt sympa) mais surtout, allez savoir comment, avec une analyse du bras ils parviennent à voir tous les documents du futur soldat (enfin soldat…) dont son avis de décès. Plutôt motivant non ? 

Autre élément absolument stupide, AUCUN des volontaires n’est entraîné. On voit donc ici des vieux, des gros, des très maigres, peu de personnes qui ressemblent à des soldats, permettant ainsi à Chris Pratt de “briller” dans la foule en Monsieur Badass. De là on se pose la question : s’ils sont capables d’une telle technologie, pourquoi ne pas prendre le temps UN MINIMUM de former les gens et les équiper ?

Ici, les protagonistes envoyés ne sont tout simplement que de la chair à canon et qui ne sont même pas au courant de ce à quoi ressemble leur ennemi. Pirouette scénaristique : “on ne vous dit rien sur l’ennemi par peur que personne ne se porte volontaire”. Sauf que partant de ce constat, si on ne veut rien dire, sachant que ce sont des aliens, c’est que forcément ce n’est pas une menace jolie à voir, donc de base, dans un monde normal, que l’on révèle ou pas les choses, personne ne se rue en masse pour combattre, encore moins celles et ceux dont les jours sont comptés sur Terre, autant égoïstement en profiter avant que le monde soit exterminé non ?

Ainsi, dès la première scène, on voit des dizaines de gens parachutés dans les airs par accident au-dessus de la skyline de Miami, se fracasser gratuitement au sol sauf notre héros qui tombe miraculeusement dans une piscine (il en a de la chance !). Les “soldats” eux, sont tous habillés comme pour aller acheter du pain, chaussures, jeans, tee-shirts, bref, n’allez pas me dire que l’armée n’est pas fichue de leur fournir des fringues non ? On voit carrément un mec avec sa toque de chef !

Yvonne Strahovski dans The Tomorrow War
Yvonne Strahovski dans The Tomorrow War

Bon, vous allez me dire, au moins on n’a pas un remake ou un reboot. Oui, certes. Sauf que Chris Pratt joue comme un pied. Les autres acteurs ne font pas mieux, et aucun élément du film n’est amené correctement. Je ne vous parle même pas du “volcanologue” en herbe et du fait que le monde puisse être sauvé par une réflexion d’un des personnages que PERSONNE, ABSOLUMENT PERSONNE, ne s’est posé depuis tout ce temps, à savoir, comment sont arrivés ces aliens belliqueux sans qu’on ne les repère ? Vous allez tomber de votre chaise…

Les seconds couteaux sont mal présentés, certains ont pourtant du potentiel, mais sont vite éclipsés, certains sont carrément présentés de telle façon qu’on pourrait croire qu’ils vont avoir une importance et… Ils meurent hors caméra sans qu’on n’entende plus jamais parler d’eux.

Les aliens quant à eux sont par contre bien fichus, on est en revanche sur un pompage de Starship Troopers et quelques autres monstres spatiaux. Les aliens ne sont pas des entités intelligentes, ce sont des bestioles très animales dont les origines ne seront révélées que plus tard, et ouvrant une possible suite déjà en pourparlers dans les studios de Paramount et Amazon. Le côté Starship Troopers, outre le côté “insecte” c’est aussi le rôle de la femelle pour qui les mâles en surnombre sont prêts à mourir pour la défendre et dont la capture sera l’un des objectifs de The Tomorrow War pour comprendre l’espèce et la tuer à coup de toxine.

Je ne vous parle pas non plus de la scène finale qui nous emmène dans un pays lointain où toutes les difficultés pour aller sur la zone de combat sont esquivées en un seul plan. De même, on va éviter de parler de ce paquebot en flamme qui fracasse une structure sans que l’on ait compris d’où il venait vraiment, laissant sous-entendre que certaines scènes ont dû être coupées au montage et que cela donne un rendu final parfois incompréhensible. 

L’ensemble des scènes est toutefois lisible, les quelques comics relatifs plutôt bien amenés, pas trop lourds et bien dosés, j’avoue avoir eu parfois peur mais finalement les petits passages drôles ont été bien posés dans l’histoire, comme quoi il y a quelques éléments positifs.

À regarder ou pas ?

The Tomorrow War est un bon divertissement en soi pour un cinéma sans prise de tête, bien que je n’aime pas trop ce terme. En fait, c’est typiquement, comme ce fut le cas avec Godzilla, un film plaisant à voir en 4DX avec tout l’attirail d’immersion possible mais qui, une fois devant un écran classique, reste véritablement fade et sans saveur, la 4DX a trompé ma réflexion cinéphile et j’ai été bercé par les mouvements du siège et l’immersion, mais je ne suis pas là pour parler de Godzilla ! 

Le film avait pourtant du potentiel, le pitch de base, bien qu’un peu déjà vu, aurait pu, s’il avait eu une meilleure logique scénaristique, aboutir à une histoire bien ficelée avec de bons personnages car on peut faire du bon contenu tout en s’inspirant de ceux existants. Tarantino est un bon exemple, il sait tirer parti et rendre hommage à des œuvres tout en présentant sa patte scénaristique et filmique. Ici, malheureusement, on a un grossier patchwork de tout ce qui s’est fait avant : Starship Troopers, Aliens, Independance day, Edge of Tomorrow, Battle Los Angeles, Terminator etc… Des films certes inégaux, mais qui avaient tous le mérite d’être en moyenne relativement efficaces (je dis bien en moyenne car certains sont cultes et pour de bonnes raisons). 

Du coup, je pourrais vous dire d’aller voir ce film si vous avez envie de voir un film de SF bourrin qui fait un peu série B avec de bons effets spéciaux. Mais ne cherchez pas un bon film là-dedans, vous verrez ce film et l’oublierez aussitôt car celui-ci n’a finalement aucune saveur et n’a fait que piquer ça et là aux autres films existants tout en présentant un ensemble scénaristique à la limite du stupide et avec une fainéantise d’écriture assez incroyable…

Dommage car la bande-annonce semblait présager quelque chose de correct.

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