THE OFFICE, au bureau comme en vacances
Oui, c’est l’heure de partir en vacances à l’heure où cet article est publié mais on va causer bureau avec The Office. C’est un peu le chassé-croisé du blog qui a eu une loooongue période de jachère entre beaucoup de travail (le « vrai ») et un certain podcast qui fête sa 1ère bougie pendant que je tape cette petite introduction pas piquée des hannetons. N’hésitez pas à aller jeter un oeil (et deux oreilles) sur www.lesbieresnarratives.com. Pour fêter ce retour aux affaires du blog, prenez un siège confortable (de bureau) car il y a de quoi faire avec ce petit dossier The Office !
Au pays des sitcoms
Vous connaissez tous le format de la sitcom classique, un style de show qui existe depuis bien des années (les années 50 pour tout dire !) et qui a révélé bien des acteurs. Citons pour les plus connus d’entre eux Taxi, Cheers, Friends, Le Prince de Bel Air, The Big-Bang Theory etc… En général, on est sur un format court de 20 mn avec un décor quasi-identique à chaque fois, le tout porté par des rires enregistrés souvent inhumains (non parce qu’à les entendre tout le temps on voit bien que personne ne rit comme ça dans la vraie vie hein).
Le genre s’est quelque peu modifié avec les années, passant sur des formats oubliant les rires enregistrés pour un vrai public, ou carrément pas de rire comme avec The Ranch sur Netflix, la sitcom classique est un genre qui a du mal à se populariser aussi bien qu’avant car les temps ont changé.
À l’époque, on avait les sitcoms pour blancs et les sitcoms pour noirs (The Cosby Show, La Vie de famille, etc…), celles destinées aux jeunes (Hélène et les garçons, Sauvés par le Gong), celles (faussement) destinées aux plus âgés (The Golden Girls) ou encore celles totalement « tout public » (Une Nounou d’Enfer)… Bref, tout le paysage a changé à ce niveau-là et des sitcoms, il y en a un tas dont nous pourrons parler sur ce site.
À ce jour la “sitcom” est un style qui a pu changer son format à plusieurs reprises, avec parfois des épisodes un peu plus longs grâce aux plateformes de streaming moins formatées par les coupures pub (et un peu plus par les algorithmes), des jeux d’acteurs un peu plus fouillés avec plus de moyens techniques et depuis les années 2000, de nouveaux styles se sont popularisés au sein de ces « comédies de situations » en français qui se déroulent désormais parfois sous forme de faux documentaire !
Un mockumentaire, nouveau genre de sitcom
Un faux documentaire comique c’est ce qu’on appelle en anglais un « mockumentary », et ce genre n’a pas attendu The Office pour réellement exister, on trouve les premiers dans les années 50 et en France on a les sketchs des Inconnus qui font écho à ce genre bien particulier de la sitcom (bien qu’ici on soit plus orienté pastiche que réelle série avec un développement de personnages). Au format cinéma, on a l’excellent Spinal Tap ou encore plus connu de tous car plus récent, Borat de Sacha Baron Cohen.
Pour The Office c’est là que tout a changé, le côté documentaire est appuyé à 200%, la présence des caméras est explicite, les personnages regardent la caméra, ils s’y confient, parfois on voit le cadreur dans des reflets, tout est fait pour que le spectateur visualise les situations comme s’il y était et que les personnages savent qu’il les observe.
Le format offre des perspectives inédites car il permet de coller à la réalité, et du coup la rendre amusante à travers des personnages aboutis, pas besoin de personnages caricaturaux au possible comme un Steve Urkel ou un Sheldon Cooper, ici on va plutôt rester sur des Monsieur et Madame Tout le Monde avec quelques traits de personnalités exagérés mais l’ensemble reste cohérent au point où on peut voir en certains personnages, des gens que l’on côtoie ou qu’on a côtoyés par le passé.
THE OFFICE : les débuts
La série est à la base une création britannique de 2001, du même nom, en 12 épisodes seulement. Cette comédie est créée par les excellents Ricky Gervais et Stephen Merchant (dont je recommande sur OCS la série Hello Ladies, petit ange annulé trop tôt) avec au casting des visages bien connus comme Martin Freeman (The Hobbit), Lucy Davis (Shaun of the dead), Mackenzie Crook (Pirates des caraïbes) ou encore, forcément, Ricky Gervais en patron malaisant.
The Office a eu un très bon succès critique, attirant l’œil de Greg Daniels ayant beaucoup officié pour le SNL (Saturday Night Live, si vous ne l’aviez pas) et les Simpsons. Celui-ci proposera à nos deux britanniques d’adapter la série aux USA, ce qu’ils feront mais… Pour 9 saisons !
Les débuts sont difficiles, on est en 2005 et l’humour britannique divise toujours le public : ça passe ou ça casse, et pour cette première saison, on a réellement du mal à démarrer la machine. Même si les éléments sont là, le rythme, lui, est un peu mou et le public est mitigé. Pourtant, face aux critiques, et grâce à (heureusement) un renouvellement pour une seconde saison, la série parviendra à trouver son rythme de croisière sans se dénaturer et enchanter son public sur 4 saisons suivantes avant un léger déclin (mais nous y reviendrons plus loin, ne sois pas si pressé petit sacripant).
La série prend place en Pennsylvanie dans la petite ville de Scranton, au sein d’une compagnie de vente de papier appelée Dunder Mifflin, une bourgade tranquille sans histoire et une entreprise banale et ennuyeuse aux premiers abords. Le générique a un petit côté cheap assumé et amusant, que ce soit la musique ou les images prises au caméscope (par John Krasinski lui-même), tout est là pour nous mettre dans l’ambiance.
Le casting quant à lui va se constituer de Steve Carrel (Michael Scott), Jenna Fisher (Pam), John Krasinski (Jim), Rainn Wilson (Dwight), BJ Novak (Ryan), Ed Helms (Andy Bernard), Leslie David Baker (Stanley), Brian Baugmartner (Kevin), Angela Kinsey (Angela), Oscar Nunez (Oscar), Phyllis Smith (Phyllis), Kate Flennery (Meredith), Mindy Kalling (Kelly), Creed Bratton (Creed), Paul Lieberstein (Tobby), Ellie Kemper (Erin) et Craig Robinson (Daryl).
Vous avez ici donc l’entièreté du staff de Dunder Mifflin initial à l’exception de Andy et Erin qui arriveront un peu plus tard dans la série.
Avec un tel nombre de gens il est difficile de laisser place à l’improvisation, pourtant, malgré le script très bien établi et suivi à la lettre, nos amis parviennent à créer des moments d’anthologie complètement improvisés comme le baiser de Michael à Oscar pour prouver qu’il n’est pas homophobe par exemple.
Un bref aperçu des personnages
La magie de The Office c’est d’avoir réussi à nous transposer un grand nombre de personnages tous quasiment inoubliables. Certains ont plus de développement que d’autres, certains vont avoir une phrase ou deux par épisode, mais leur seule présence les rend légendaires pour certains.
La majorité de la série est centrée sur le manager (Michael Scott sur 6 saisons), Dwight et la love story de Jim et Pam, les autres personnages auront tous leur histoire, mais en 9 saisons on comprend vite sur qui l’équipe de tournage s’est focalisée (et la série aussi du coup).
Histoire de vous situer un peu le staff, on va y aller personnage par personnage, de manière brève et concise, mais ceci aura pour but de mieux vous situer ensuite la critique de la série qui va suivre pour ceux qui veulent se lancer dans l’aventure The Office comme moi tout récemment.
- Michael Scott : le manager, un personnage attachant et sensible, qui a besoin d’être aimé et qui pour cela franchit parfois les limites. Il reste un personnage majeur qui considère ses employés comme ses amis, voire ses enfants (cf : dernier épisode) mais bien souvent il va aussi agir comme un salopard ou un gamin pour parvenir à mener à bien ses plans.
- Dwight : Quasiment le second personnage le plus important du show. Un espèce de mélange d’immigré Allemand, Intelligent et asocial comme un Sheldon Cooper, un peu bouseux comme un Redneck avec des traditions qui oscillent sur une parodie des Amish, des Allemands et des Rednecks. Il est toujours dans l’abus le plus total et n’accorde que peu de place à l’amitié et la sympathie. C’est un mâle alpha qui se cherche mais qui n’a pas su le prouver aux yeux des autres, surtout Jim qui ne cesse de lui faire des blagues et se jouer de son impulsivité et son petit côté “Asperger” hilarant
- Jim : Autre pilier, il est vendeur avec Dwight, jeune, grand, beau gosse mais pas trop, il est amoureux de Pam la réceptionniste et va au fur et à mesure de la série évoluer de jeune cadre à père de famille entrepreneur, mais ca, vous le découvrirez par vous même !
- Pam : Love Interest de Jim, c’est une jeune fille bien sous tout rapport, ennuyeuse et jolie elle ne fait pas de vagues et a du mal à s’affirmer. De réceptionniste à vendeuse en passant par artiste, elle saura pourtant révéler ses traits de caractères au fur et à mesure des saisons, la rendant moins ennuyante et plus attrayante.
- Oscar : Comptable et homosexuel, il incarne un des personnages les plus sensé et raisonnable mais nous montrera d’autres aspects de sa personnalité plus tard dans la série, son homosexualité sera souvent mise sur le tapis alors qu’il est très loin du cliché homosexuel très exagéré comme on peut le voir avec Tituss dans Unbreakable Kimmy Schmidt.
- Angela : Comptable elle aussi, possède des tas de chats, est rigide comme une bâton, ne supporte rien ni personne quasiment, d’un naturel asocial et hautain elle saura pourtant prouver le contraire au fur et à mesure de la série.
- Kevin : Comptable également, il ne vit que pour la bouffe et les ragots, c’est un peu l’homme enfant, il parle comme un gamin, a des réflexions dignes d’un adolescent parfois, il est un espèce de nounours un peu attardé en apparence qu’on a envie d’avoir avec soi dans un bureau tellement il est gentil. (Il est un des persos secondaire les plus cultes)
- Meredith : La femme qui n’a peur de rien, mère de famille célibataire, dévergondée au possible voulant se faire sauter par tout et n’importe quoi. Elle écoute du Motorhead à fond dans son van et n’a aucune pudeur. Ses scènes sont peu nombreuses mais toujours marquantes.
- Creed : Le vieux, il ne sait pas trop ce qu’il fait là, ce que son emploi constitue, et surtout, il connait beaucoup trop de choses sur certaines substances illégales…et chacune de ses intervention soulève de questions sur qui il est vraiment.
- Daryl : gérant de l’entrepôt, c’est un employé un peu modèle, hyper compétent, fan de sport, il deviendra le pote de Jim et n’aura de cesse de supporter les remarques malaisantes et maladroites sur sa couleur de peau par Michael. Il est le personnage qui va petit à petit devenir central lui aussi sur la fin de la série.
- Andy : Arrivé en cours de route, c’est le gars banal venant d’un milieu aisé toujours en quête de reconnaissance et de célébrité, il en fera d’ailleurs son leitmotiv au fur et à mesure de l’évolution de son personnage, attachant, quelque peu égocentrique et impulsif, il saura gagner en densité au fur et à mesure que la série avance vers son final.
- Erin : Également arrivée en cours de route, elle remplace Pam à la réception et séduit bon nombre de personnages masculins de par son charme et sa naïveté, orpheline, elle a ce côté mignon d’un chaton non sevré en quelque sorte qui la rend hyper attachante. Elle voit en Michael une sorte de père spirituel.
- Stanley : Un personnage de fond de la classe en quelque sorte, il se fout de tout et attend sa retraite. Il se passerait bien des élucubrations de ses collègues, son but est d’en faire le moins possible et de manger le plus possible en gros.
- Kelly : Une des plus jeunes, c’est une américaine d’origine indienne qui ne connaît rien à sa culture mais qui connaît la vie des célébrités par cœur. Égocentrique, égoïste et superficielle, elle a un côté pervers narcissique hyper développé qui la rend détestable au possible.
- Ryan : Alter ego de Kelly, c’est le stagiaire (au début) aux dents longues qui n’a aucun scrupule, il est en quelque sorte le “gros con” de la bande au final, mais pour la satisfaction du public et pour des questions de karma, il n’arrivera pas toujours à ses fins….
- Tobby : Le Droopy du staff, il est au RH et est détesté par Michael qui voit en lui l’incarnation de tout ce qu’il hait dans la vie (alors qu’en fait c’est un gars très calme, un peu paumé et pathétique). On passera la série entière à vouloir le secouer tellement il est mou !
Voilà ! Maintenant que les pierres sont posées, on peut parler de la série en détail !
Une évolution des personnages réaliste mais loufoque
Chaque personnage a son importance à un moment de la série, ce qui est appréciable ici c’est que chacun d’entre eux est différent des autres. On a pas ici un rôle secondaire à la limite du figurant, non, ici chaque personnage est travaillé, dispose d’une vraie personnalité, une vie hors du bureau qui fait que l’on apprend d’eux au compte goutte au fur et à mesure de la série, comme avec de vrais collègues de travail que l’on découvre au fil des années.
Certes, les personnages sont caricaturaux au possible pour la plupart (Kevin, Dwight, Michael etc….) mais pourtant on les voit comme des gentils loufoques plutôt que des gars qui n’existent pas, ils restent plausibles dans leur nature bien qu’un petit peu exagérés.
Prenez l’exemple de la sitcom La Vie de Famille avec Steve Urkel, le personnage est culte, il supplante même les rôles principaux au point d’en devenir la star du show. Finalement, non seulement le personnage n’est pas réaliste, mais en plus il stagne et n’évolue quasiment pas sur la durée. Le personnage comique / pathétique comme Michael, Dwight ou Kevin a une évolution et l’on apprend à comprendre le personnage, le rendant attachant et convaincant au final. L’histoire se répète d’ailleurs avec Sheldon dans Big Bang Theory ou le héros va évoluer grandement sur 12 saisons, ou, et on y revient plus loin, Parks and Rec avec Ron Swanson par exemple.
La série n’est rien sans l’écriture fournie de ses personnages, et comme nous le disions, avec beaucoup de personnages, il est difficile de donner sa place à tout le monde de manière égalitaire, du coup on capte vite sur qui se concentre l’action. Toutefois, les personnages secondaires ont chacun leurs petits moments de gloire, de comédie qui fait qu’on se souvient d’eux.
Creed par exemple, un personnage très effacé au départ, va nous révéler au fur et à mesure des traits mystérieux de sa personnalité jusqu’à l’apothéose finale. De même, certains passages de l’acteur, même très courts, sont absolument hilarants.
Kevin aussi n’est pas en reste, son côté simplet va même faire qu’à un moment un personnage croit vraiment qu’il est attardé mental et le quiproquo sera tout bonnement à crever de rire tant il est bien amené (car Kevin est juste un gros naïf un peu bêta, mais pas du tout un gros attardé comme certains autres personnages de séries).
Dwight est le personnage le plus abouti, si Michael est très malaisant mais cohérent dans son évolution, Dwight, lui, est tellement barré qu’on a du mal à le suivre. Pourtant, son évolution personnelle, qu’elle soit sur le prisme amoureux ou amical, va aboutir sur du happy end tout en douceur qui ravira ses fans.
Jim et Pam eux sont les plus fades, je ne dis pas cela péjorativement, ils sont les personnages les plus “normaux”, rationnels surtout, ils arrivent à jouer de la crédulité des autres et s’éclatent à leur faire des blagues (les pranks sur Dwight me font rire à chaque fois), leur évolution, la plus logique de toute, sera en quelque sorte le fil rouge de la série sur les 9 saisons.
Enfin, le reste du cast est hyper bien dosé dans son écriture, on arrive au point ou chacun des personnages, et il y en a un paquet, devient mémorable, que ce soit Stanley et ses mots croisés, Angela qui lèche ses chats, Phyllis qui se dévergonde à chaque saison ou encore Oscar qui affirme son homosexualité et l’évolution de celle-ci, il est impossible de ne pas s’attacher à tous les personnages au final, on est pas attaché à un seul employé, on s’attache à l’équipe entière!
Les personnages hors du bureau sont également très bien écrits, que ce soit David Wallace le CEO qui résiste on ne sait comment à garder son calme face à la team de dégénérés qu’il a face à lui, ou encore Jan la boss de Michael Scott qui doit lutter contre son attirance envers lui et son dégoût de lui ausi. L’écriture de la série est travaillée et aboutie dans les moindres détails, et sur les personnages, même un personnage qui ne va apparaitre que ponctuellement, aura son importance.
THE OFFICE période Steve Carrell
Dans The Office il y a un avant Michael et un après Michael. Tout comme son homologue britannique, l’élément central c’est le manager malaisant, et ensuite les employés face à ce personnage gentil mais hyper maladroit et un peu ignare. On a de cesse à chaque épisode d’être toujours surpris un peu plus par les facéties de Michael pour capter son audience et parvenir à ses fins. Mélangeant le pro et le perso sans aucun scrupule, il fera des réunions sans cesse pour justifier ses actes ou chercher de l’aide dans sa vie perso.
Michael c’est en quelque sorte le personnage qui inssufle l’énergie aux autres personnages. Son côté malsain mais attachant fait de lui un être à part, et au fur et à mesure, on ne s’attache pas, on aime carrément le personnage qu’on a envie d’avoir dans sa vie au bout d’un moment malgré ses prises de décisions catastrophiques.
Steve Carell a sublimé son personnage, parvenant à créer une synergie parfaite avec le reste du cast. Chaque saison regorge de moments cultes, on rit et on pleure avec Michael, au point où certains autres personnages sont plus discrets, à part le trio Jim, Pam et Dwight, les autres personnages sont plus là pour subir vraiment les frasques de leur boss qu’avoir leur petits moments de gloire (mais plus loin dans la série, ceux-ci vont enfin avoir leurs moments).
Michael c’est en gros l’abus personnifié. Il croit être pris pour un homophobe? Il embrasse Oscar devant l’assemblée. Un personnage est indien ? Il va créer une fête (il adore organiser des fêtes) sur le thème quand la concernée (Kelly) elle-même ne sait pas de quoi il parle.
Steve Carell parvient à jouer la palette des émotions à fond, on le voit pleurer, rire, se sentir perdu, ce gars a un talent inouï pour jouer le looser pathos qu’on adore quand même. Ed Helms parviendra un peu à reprendre la main plus tard mais Steve restera toujours incontournable.
Le personnage est pour moi un des plus abouti dans l’univers des séries, le point culminant sera pour moi atteint dans un épisode où il renverse Meredith et tente par tous les moyens de se disculper en glanant le fait que s’il n’avait pas envoyé Meredith à l’hôpital, on aurait pas détecté qu’elle avait la rage….le cheminement est d’ailleurs incroyablement drôle.
Steve Carell fera pourtant ses adieux à la fin de la saison 6, dans un final émouvant au possible et touchant pour le personnage qu’il incarne car il aura droit à un joli happy end. L’acteur ne voulait pas partir pour de bon, son agenda se remplissant il pouvait juste être moins présent, toutefois, hors des showrunners, les producteurs n’ont pas cherché à le retenir, et il a été décidé d’enlever Michael de l’équation The Office, non sans mal.
THE OFFICE après Steve Carrell
Il est très dur pour une série de survivre sans sa tête d’affiche. Bon nombre de séries ont essayé sans succès, que ce soit dans Les Experts, 8 Simples Rules (mais là John Ritter est mort par contre), ou pour rire un peu dans Premiers Baisers (et oui Justine se casse!). Il est difficile de redistribuer les synergies d’un personnage.
Certaines séries vont recaster une équipe entière, ajouter plus de personnages, ou juste le remplacer par un autre qui lui ressemble, mais pourtant ça reste souvent problématique.
The Office, sans y parvenir à la perfection, a réussi ce tour de force grâce au fait que la série en elle-même est très bien écrite. Avec une telle ribambelle de personnages, il suffisait de donner plus d’espace à ceux-ci pour rééquilibrer les choses. De plus, pour remplacer un manager, pourquoi ne pas recruter en interne? Le spectateur ne sera pas perdu ainsi! L’après Michael se joue durant une série d’épisodes où tour à tour, certains personnages passeront comme managers temporaire (avec un petit générique adapté) et surtout, de nouveaux Big Boss vont arriver, avec le fameux Robert California, incarné par le brillant James Spader, dont le rôle ne sera écrit que pour une seule saison et qui arrive en remplacement d’un Will Ferrell aussi bien désopilant que agaçant dans son personnage.
Les nombreux rebondissements qui amènent lentement à la conclusion sont dispersés dans le récit de manière cohérente, chaque personnage aura droit à son final, et surtout les nouveaux personnages secondaires parviendront à jouer les soupapes de décompression face à l’omniprésence de l’histoire de Jim et Pam mise en avant sur les dernières saisons.
Avec les déboires amoureux de Michael désormais absent, il fallait bien recentrer les choses, et Jim devient avec Dwight l’élément central de l’histoire. Le personnage de James Spader fait un peu peur au début, on s’attends à un autre Michael Scott, mais non, les auteurs ne sont pas allés sur cette paresse d’écriture et ils en ont fait un espèce de gourou un peu allumé dont on se demande s’il sait ce qu’il fait. Mais un sosie de Michael, vous en verrez un à la fin via un guest bien connu des amateurs de Breaking Bad.
Le rachat de la boite par Sabre (Alias Jo Bennett jouée par l’excellente Kathy Bates) verra arriver quelques nouveaux employés qui partiront par la suite, mais on peut citer l’excellent Gabe dit “l’homme squelette” qui reste pour moi un personnage que j’aurais aimé voir évoluer un peu plus dans la série.
L’équipe a très bien géré le fait de perdre sa tête d’affiche, ce qui a joué au final c’est qu’ils ont su écrire leurs personnages avec suffisamment d’intelligence pour pouvoir rééquilibrer la balance comique sans porter préjudice au show, malgré une certaine baisse de qualité entre la saison 7 et la saison 8. La fin de la série verra aussi arriver 3 nouveaux personnages, Nellie (Catherine Tate), Pete (Jake Lecy) et Clark (Clark Duke), tous trois très sympathiques, mais arrivés sur le tard et qui manqueront de développement pour s’y attacher… à part peut être Nellie mais on vous laisse juger par vous même !
Une conclusion quasi parfaite
La série s’arrêtera au bout de 9 saisons, et fort heureusement, la fin ne sera pas bâclée !
Ce qui est plaisant c’est que vers la fin de la saison 8, l’équipe de tournage devient plus présente, on distingue le perchiste, on entend en arrière plan les cameramen parfois parler aux personnages qui eux même s’adresse plus à eux en les regardant hors caméra qu’avant.
On aura même droit à un personnage créé pour l’occasion, Brian le perchiste, qui, on l’apprendra plus tard connait bien les employés, ce qui laisse supposer que l’équipe, quand elle filme n’a pas le droit de leur parler, mais en dehors, elle a créé des liens avec certains comme Jim et Pam. Cette interaction avec la caméra sur les épisodes finaux coïncident avec la logique de documentaire, en effet, dans les derniers épisodes on apprend que celui-ci sera diffusé prochainement après 9 ans de tournage, tout le monde se précipite alors pour voir la bande annonce. S’en suit plus tard une conférence ou nos héros feront face à leur célébrité récente via une ellipse d’une année après la diffusion des épisodes….en quelque sorte on a l’impression que tout est réel et qu’on a nous meme vu la diffusion du reportage, ce qui est génial dans le côté immersif du spectateur.
La fin du récit est donc savamment orchestrée, on retrouve beaucoup d’anciens employés au cours des épisodes qui sont présentés en cameo d’une façon simple et logique (pas comme du caméo stupide pour balancer de l’audience).
D’ailleurs, on pourra souligner que The Office a très peu de caméos, la plupart des artistes connus présents dans la série ne l’étaient pas tant que cela à l’époque, où étaient là très furtivement, ce qui fait qu’à l’époque leur présence ne pouvait être considérée comme tel. On peut citer Idris Elba (qui est là durant un bon moment contrairement aux autres), David Koechner, Amy Adams, Jack Black, Jessica Alba ou encore Will Ferrell et Ricky Gervais (dans son rôle de Brent de la série originale par ailleurs!).
Pourquoi THE OFFICE est culte ?
The Office a su révolutionner le genre, Gervais, Merchant et Daniels ont vraiment fait une adaptation aux petits oignons de la série britannique, tout en la gardant un peu dans le même univers.
La série fonctionne car elle est très bien écrite, mieux encore, les acteurs jouant les rôles de Ryan, Kelly, Toby ou encore Mose (le cousin de Dwight) ne sont pas acteurs au départ, ce sont littéralement des scénaristes pour la série qu’on a fichu là, jugeant qu’ils étaient parfaits pour les rôles écrits, du coup on a un groupe de scénaristes issus en partie de la génération SNL ancienne et nouvelle, deux talents britanniques, et une équipe technique minutieuse qui a su donner vie à ces 9 ans d’histoire.
La série a marché aussi car elle est immersive, les bureaux sont comme tous les autres bureaux, pas de grands bureaux avec baies vitrées, grandes vitres comme nous le vend Hollywood (je vous parle pas des commissariats aussi ou les labos des CSI….). Les locaux sont classiques, froids, la lumière est terne, c’est un vrai bureau comme partout dans le monde avec ses fournisseurs, ses employés, son ambiance etc…. Donc on est en immersion totale.
Là où ils ont fait fort, c’est d’une part de situer le récit dans une vraie ville, mais aussi et surtout de rendre le tout hyper réaliste malgré que le tournage soit fait en Californie. Si vous regardez bien, les lieux visités, les autocollants de radios locales, les marques dans les bureaux etc… Tout vient véritablement de Scranton. Si un personnage parle d’un restaurant, sachez qu’il existe vraiment, les équipes viennent régulièrement faire des plans là bas.
En gros, en plus de nous fournir un récit rondement mené sur le plan scénaristique, on parvient à nous le rendre hyper crédible au point que Scranton, qui est une ville on ne peut plus classique, s’est vue débarquer des fans prêts à se prendre en photo devant les panneaux d’entrée de la ville. Mieux encore, la société Dunder Mifflin a été inscrite officiellement au registre du commerce de la ville, et les acteurs se sont souvent rendus sur place pour parler aux habitants, et même y faire quelques présentations officielles pour remercier les habitants. Enfin, Joe Biden, nouveau président américain est né, devinez où ? A Scranton !
The Office fonctionne parce que les personnages sont bien écrits et on apprend à les connaître sur la durée, l’humour est dosé, équilibré. Le 4ème mur (bien que inexistant toutefois dans le concept) est régulièrement brisé via des regards caméras (notamment ceux de Jim), et plus les saisons avancent, plus on nous montre à quel point les caméras existent grâce à des plans où des personnages enlèvent leurs micros, des caméras installées dans les véhicules pour rendre le tout réaliste (dans les 1ère saisons c’était filmé avec des caméras classiques) où on voit vraiment les personnages conduire ou bien même des passages filmés à l’insu des employés où l’on voit clairement que le cameraman se planque.
The Office c’est une oeuvre qui fonctionne de par son écriture, son immersion et ses acteurs, aucune grosse tête d’affiche, pas de moyens colossaux, aucune surenchère, le fait est que les spectateurs ont pu s’identifier aux personnages alors même qu’ils sont très exagérés pour la plupart. C’est là qu’on reconnaît le talent de la série et là aussi qu’on constate qu’après The Office, c’est compliqué de faire mieux ou équivalent dans le style Mockumentaire.
L’après THE OFFICE
Pourtant il y a bien eu un après The Office, la vague crée par le style de la série a été repris (et je parle pas des adaptations étrangères comme on a eu en France avec Berléand dans Le Bureau), on peut citer Modern Family, très bonne série qui reprend le concept mais avec différentes familles américaines (un peu comme la 1ère saison de la sympathique série française Fais Pas Ci Fais Pas Ca 2 ans plus tôt, je dis ça je dis rien) ou encore la très très bonne Parks and Recreation, écrite et conçue par Greg Daniels encore et Michael Schur, alias Mose dans The Office justement, qui a beaucoup écrit pour le SNL lui aussi et à qui l’on doit aussi Brooklyn Nine Nine.
Dans le style quasi identique, Parks and Rec est aussi une pépite qu’on étudiera ultérieurement, mais elle est basée sur les mêmes codes, avec un personnage comme Ron Swanson qui fait écho à Dwight sur le côté abusif du caractère (ici on est sur un mec ultra viril et moustachu par contre).
Daniels et Schur ont fait de Parks and Rec une autre série culte qui aurait dû être un spin off de The Office dont la connexion aurait été le personnage de Rashida Jones qui apparaît quelques épisodes dans la série. Finalement elle sera gardée au casting mais la série se situera dans une ville fictive et sera orientée politique avec des caméras moins suggérées mais bien présentes, on sera sur la même recette mais avec des personnages différents (bien que certains soient similaires). La série a cartonné 7 années durant, et elle a marché d’une manière intelligente car elle a pris les codes de son prédécesseur tout en lui ajoutant de la nouveauté, rendant du coup l’ensemble amusant et pertinent, mais on en reparlera plus tard….
Pour le reste, si on passe le côté “mockumentaire”, de nombreuses séries en format sitcom ont vu le jour en ce XXIe siècle et nous ont montré une réelle qualité d’écriture : Brooklyn Nine Nine, The Last man on Earth, New Girl, 30 Rock, Scrubs, Unbreakable Kimmy Schmidt etc… Depuis 2001 la sitcom classique avec format théâtral a changé, les thèmes sont plus actuels, moins mielleux, on a du drame, de l’humour, une façon de filmer différente aussi (big up au style de Malcolm), plus dynamique et surtout, on arrive plus à se sentir en immersion que les sitcoms dépeignant finalement une réalité plus fantasque et édulcorée, alors que pourtant les sitcoms citées ne sont pas du tout le reflet de la réalité… Mais je ne sais pas… On arrive mieux à se visualiser dans la vie de ces personnages que dans celles de Ted Mosby ou Chandler Bing…
Récemment, Daniels et Carrell ont sorti Space Force sur Netflix, avec un casting assez impressionnant (dont Carrell dans le rôle principal), après un épisode, on sent qu’on est sur quelque chose de différent et les critiques sont assez acerbes. Nous en reparlerons aussi, mais la série s’est plantée, sans doute car les gens s’attendaient à l’humour de The Office, et la saison 2 a signé l’annulation de la série.
La série est devenue culte, tellement culte que peu d’acteurs ont su sortir du lot et donc de l’étiquette de la série qui leur colle au front. Seul John Krasinski (en dehors de Carrell), a su percer vraiment aussi bien en série qu’en film, il a notamment réalisé la duologie Sans un Bruit avec son épouse Emily Blunt et lui-même au casting, et il cartonne dans Jack Ryan sur Amazon Prime. Cependant, la majorité des autres acteurs ont joué divers second rôles dans de très nombreux films et séries, mention spéciale à Ed Helms qui a tout de même joué dans de nombreuses comédies à succès tels que les Very Bad Trip ou Tag.
Le phénomène THE OFFICE
The Office est resté malgré tout dans les esprits de beaucoup de monde, et la flamme continue toujours de brûler, surtout que depuis son arrivée sur Netflix aux USA, puis Amazon Prime (et aussi sur Salto chez nous) la série est l’une des plus vues au monde. Si la génération dont je fait partie a su s’identifier aux personnages, les plus jeunes, qu’on aurait pensé hermétique à cette série devenue un peu vieillotte (début 2005) ont binge watché la série sans vergogne (Billie Elish aura même avoué être une énorme fan de la série, ce qui a poussé ses fans à se ruer sur les épisodes).
Le succès de la série ne désemplit pas donc, on le voit aux goodies sur Internet mais aussi à l’âme de la série qui perdure grâce au casting qui est resté soudé et complice à travers les années. Jenna Fischer (Pam) et Angela Kinsey (Angela) ont lancé un podcast Office Ladies où elles racontent chaque épisode avec leurs propres anecdotes, et parfois des guests de la série eux-même. Anecdote amusante, Jenna et Angela sont meilleures amies dans la vie (l’une des deux est marraine de l’enfant de l’autre si je ne m’abuse) et Angela a pour voisin… Creed!
Brian Baumgartner n’est pas en reste, Kevin est devenu tellement culte que l’acteur a gagné près d’un million de dollars rien qu’en faisant des vidéos persos pour des particuliers sur son compte Only Fans. Sans compter son documentaire audio sur Spotify à propos de The Office (An Oral history of the Office) que je vous recommande chaudement car tous les acteurs et auteurs interviennent et racontent en chorale l’histoire incroyable de cette série perçue comme un échec et qui finira par gagner de multiples et prestigieuses récompenses.
Citons enfin Stanley Hudson (Stanley) qui a lancé une campagne de financement pour une série dérivée sur son personnage, mais qui n’a, pour le moment, pas vraiment eu le succès attendu.
Les rumeurs de revival vont bon train, mais peu d’acteurs sont partants réellement, sauf pour une réunion spéciale. Les auteurs eux mêmes sont contre cette idée, Carrell aussi, tous ont surtout peur que la série, qui s’est admirablement conclue, ne déçoive les gens, et pour beaucoup, la série doit rester telle qu’elle est, point barre.
De nos jours, peu de séries ont tenté l’aventure Mockumentaire, toutefois, je ne peux que vous conseiller le film et la série dérivée What we do in the shadows de Taika Waititi (Thor Ragnarok et Thor Love and Thunder, Jojo Rabbit) qui utilise les mêmes codes (confessions face caméra, équipe technique visible, situations malaisantes etc…) sauf que nous suivons des vampires essayant de se fondre dans la société tout en faisant leurs trucs de vampires, à mourir de rire et ce fut la dernière fois que je ressentais cette patte “Officiesque” émaner d’une réalisation, on en parlera dans un article promis.
The Office reste un classique incontournable avec sa petite soeur Parks and Rec, elle fait partie de ces rares séries originales dont les scénarios étaient aux petits oignons. Lors des grèves de scénaristes en 2007-2008, la série n’a pas flanchée, les acteurs ont soutenu leurs scénaristes (d’autant que certains sont eux-même acteurs du show) et ils ont refusé de raccourcir leurs saisons ou détériorer la qualité de la série, ils ont attendu que leurs camarades obtiennent gain de cause.
La raison de ces grèves est simple, les scénaristes étaient payés une bouchée de pain, voire pas du tout payés comme pour les webisodes sur les comptables (il y aura une série de 9 webisodes entre chaque saison à partir de la fin de la seconde saison). Steve Carell ira même jusqu’à cesser de venir tourner en soutien aux scénaristes, mettant ainsi en pause la production et forçant à donner gain de cause aux concernés.
The Office reste encore une série à succès mondial, ceci peut s’expliquer, comme je le disais au début de l’article, par le fait que la plupart des situations sont relativement réalistes, bien que les dernières saisons fassent intervenir les caméras dans des endroits pas supposés êtres accessibles en temps normal par rapport au thème (les maisons des protagonistes par exemple) mais l’ensemble parvient à revenir à la normale sur la fin de la série sur ce point là, grâce à quelques explications rapides qui arrangent un peu les choses.
La série représente au final tout ce qu’est l’être humain dans son environnement de travail et son environnement social. On s’amuse de voir Michaël faire preuve d’incompétence et avoir des éclairs de génie, voir Dwight tenter d’écraser tout le monde, Pam s’ennuyer dans son travail, Ryan tenter de faire autre chose de sa vie, tout est là, et les gens s’identifient en eux.
Dans son Podcast, Brian Baumgartner dit la phrase suivante : “l’essence de la série c’est de rendre beau les choses ordinaires”. Et il a raison, c’est vrai qu’on rigole avec nos personnages, mais on pleure avec eux quand Michael part, quand Dwight est triste, on a de la peine pour Angela qui est en faillite ou Kevin qui fait tomber son fameux chili. La série parvient à dépeindre de manière subtile et amusante les bons et les mauvais côtés de l’humain, l’empathie comme la méchanceté, et ce, sans fausse note.
En bref, la plupart des services de streaming proposent The Office en intégralité, alors si vous voulez passer un très bon moment, foncez, passez les 6 premiers épisodes de la saison 1 qui sont un peu mous mais à partir de la saison 2, vous allez vraiment accrocher! Croyez-moi, il y a tant de choses à dire sur cette série que je vais m’arrêter là sinon j’en ai pour des heures à écrire encore !
Go Scranton !