THE ROOKIE… Picture Show ?
Quand on regarde des séries télévisées aussi régulièrement que ce que je peux le faire, au grand dam de Madame, et ce depuis de nombreuses années, on se retrouve souvent tiraillé entre les chefs-d’œuvre du genre et les pires bouses très rapidement annulées. Et même si ça peut se retrouver dans d’autres genres artistiques, je trouve que les séries de “milieu de tableau” sont très rapidement ignorées ou très vite oubliées. Et j’ai parfois l’impression que les procedurals, très nombreux, se casent très souvent dans ce ventre mou d’un classement inconscient où ne pourraient exister que des séries révolutionnaires ou des déceptions énormes. Ainsi, pas de suspense : je classerai The Rookie dans cette zone de milieu de tableau.
Une vieille nouvelle recrue
Série procédurale diffusée à partir d’octobre 2018 sur la chaîne ABC aux Etats-Unis et M6 en France, The Rookie raconte les aventures de flics de Los Angeles qui sont confrontés à l’arrivée de la plus “vieille” recrue de leur service : John Nolan, ancien entrepreneur du bâtiment de 45 ans de Pennsylvanie, fraîchement divorcé et qui a eu une épiphanie sur le sens qu’il voulait donner à sa vie en se retrouvant au milieu d’un braquage de banque où il a pu prêter main forte aux agents de police. Le voilà, après sa formation initiale, débarquer à Los Angeles et se confronter à une hiérarchie suspicieuse, d’autres jeunes recrues qui pourraient être ses enfants et une mentor assez sévère.
Jusque là, pas mal de points de cette recette fleurent bon le déjà-vu et le cliché. Et pas de surprise, la promesse de ce classicisme est tenue sur la dynamique des relations et les ressorts scénaristiques assez convenus. Néanmoins, au fil des épisodes, les intrigues policières qui s’enrichissent et le ton plutôt léger parfois à la limite de la comédie lié à la personnalité donnée à John Nolan (puis progressivement aux autres personnages) viennent donner à la série un capital sympathie qui donne envie d’y revenir épisode après épisode.
The Rookie, série de vieux routards ?
Derrière ce côté efficace et attachant pour une série policière, on retrouve à l’écran Nathan Fillion dans le rôle de John Nolan. Même si les plus geeks d’entre nous le connaîtront comme le capitaine dans Firefly en 2002 ou le doubleur de Green Lantern dans les dessins-animés direct-to-video adaptés de DC Comics, c’est surtout le fameux Castle de la série policière éponyme qui avait déjà fait les beaux jours d’ABC pendant 8 saisons de 2010 à 2016 (et ceux de France 2 aussi d’ailleurs) où il jouait un auteur de roman policier consultant pour la police. Oui, les scénaristes aussi auraient dû consulter avant de sortir ce pitch mais dans les faits, ça a fonctionné.
L’autre point de commun avec Castle est tout simplement le créateur et showrunner de The Rookie qui n’est autre qu’Alexi Hawley, producteur exécutif de près de la moitié des épisodes de la série précédente de Nathan Fillion et accessoirement frère de Noah Hawley à qui l’on doit les séries télévisées Fargo et Legion. Après il faut aussi dire qu’une bonne partie du cast ou des équipes techniques de Castle ont bossé au moins ponctuellement sur The Rookie aussi (78 acteurs et 85 non-acteurs au dernier décompte sur IMDB) !
Humour et réalisme
Si Alexi Hawley a créé The Rookie avec Nolan comme point d’entrée amusant et détaché, la série est en fait un récit choral traitant du quotidien des policiers de Los Angeles avec l’impact de leurs actes comme l’effet que leurs affaires ont sur eux, à la fois sur les sujets difficiles mais aussi sur des faits divers parfois drôles et étranges (souvent dans les introductions pré-générique).
Un parti-pris intéressant de la série est d’opter, malgré d’évidents ressorts 100% fictionnels et parfois prêtant à sourire, sur une relation assez solide avec le réel. D’abord, on le remarque dans la mise en scène qui utilise l’insertion d’images de body-cam comme gimmick pour attiser cette impression de véracité mais aussi l’usage de thématiques très contemporaines : place de la femme et des afro-américains dans la police américaine, rapport entre la police et certaines communautés, etc. Enfin, il faut noter que la série puise son origine dans la véritable histoire de William Norcross qui a lui-même rejoint la police de Los Angeles après une quarantaine d’années bien tassées.
Course-poursuite ou mise aux arrêts ?
En réalité, j’ai une affection toute particulière pour cette série sans prétention. Non pas que ce soit le genre de série “où l’on pose son cerveau” (généralement pas ma tasse de thé car quand on pose son cerveau, en général biologiquement on meurt) mais The Rookie reste rythmée, amusante, en prise avec le réel et surtout DI-VER-TIS-SAN-TE ! Le pathos a une durée limitée ici comme les tenants et aboutissants feuilletonnants restent très limités ou en tout cas rapidement compréhensibles laissant la porte ouverte aux nouveaux spectateurs.
La série vient de connaître aux Etats-Unis en plus d’une cinquième saison le lancement d’un spin-off où une recrue de plus de 40 ans introduite dans la saison 4 de The Rookie rejoint cette fois-ci le FBI. The Rookie : Feds se cherche encore tant du côté de l’alchimie de son cast que dans l’intérêt de ses intrigues qui semblent bien plus classiques en comparaison des autres séries que le genre a pu connaître mais restons optimistes car les tous premiers épisodes de la série-mère m’avaient laissé un peu froid au début. Wait and see !