GODZILLA ou le vert nucléaire ?

Godzilla ou le monstre nucléaire
Godzilla ou le monstre nucléaire

Godzilla a été créé par Tomoyuki Tanaka (producteur), Ishirō Honda (réalisateur) et le studio Tōhō en 1954 et a révolutionné le genre du kaijū eiga (怪獣映画, « cinéma des monstres ») à cette époque. Au Japon, ce n’est pas Godzilla mais Gojira le véritable nom de cette grosse bébête (un mélange des mots japonais signifiant gorille et baleine, tout ça pour un gros lézard). A l’occasion de la ressortie mondiale de King Kong en 1952, pas mal de films fantastiques sont lancés en production à travers le monde, dont un aux USA nommé Le Monstre des Temps Perdus, inspiré d’une nouvelle de Ray Bradbury et réalisé par le français d’origine russe Eugène Lourié, sorti en 1953 qui parle d’un dinosaure réveillé par des essais atomiques.

Ca vous dit vaguement quelque chose ?

Affiche "à l'ancienne" de Godzilla
Affiche « à l’ancienne » de Godzilla

Qui est Godzilla ?

Car en effet Godzilla est une créature préhistorique marine qui, suivant les versions, a muté ou a été réveillée par les essais nucléaires dans le Pacifique. Ce monstre est doté d’un pouvoir de souffle atomique (généralement de couleur bleue) qu’il crache par la bouche tel un dragon et est surtout méga-balèze à la fois par la taille que par sa résistance aux armes humaines. On ne compte pas moins de 36 films Godzilla à ce jour entre les japonais et les américains entre 1954 et 2021 (et bien sûr des séries, des jeux vidéos, etc).

Bien entendu, les premiers sont en noir et blanc avec un cascadeur déguisé dans le rôle du monstre géant. Le premier de 1954 finit déjà mal pour le kaijū car il (spoiler !) meurt à la fin ! Mais revient déjà dans Le Retour de Godzilla dès 1955… Bref, on ne va pas passer en revue tous les films de la saga car on ne va pas faire un épisode de 17 heures 01 minute mais vous saurez qu’au long de tous ces films, il affrontera en plus d’humains peu compréhensifs envers un dinosaure géant radioactif d’autres monstres géants comme Anguirus (un autre lézard géant apparu dans le 2nd film), Rodan (un ptéranodon, bref un dinosaure volant), King Kong ou encore mon préféré Mothra, le papillon géant qui aura également droit à ses propres films dès 1961.

Kaijū : un style à part entière

Car en fait, il y a véritablement un genre complet de films de kaijū au Japon et la plupart des monstres géants que combattra Godzilla auront droit à leurs propres films produits par la Toho ! On notera aussi Mechagodzilla, version robotisée de Godzilla, ou encore Biollante, produit des cellules de Godzilla et… D’un rosier ! Oui, c’est extrêmement poussé niveau imagination !

A noter pour être complet niveau monstres que Godzilla a même eu droit à une progéniture avec Minilla (le mini moi du Dr Denfer façon Godzilla), Godzilla Junior (qui remplace son père dans l’ère Heisei) et Zilla Junior (la série animée dérivée du 1er film américain).

Avant de faire un focus sur certains films de la saga, je vais essayer de mettre un peu d’ordre dans la petite trentaine de films japonais.

Ils se découpent en 4 éres :

Les deux premières sont tout simplement nommées en fonction de l’empereur qui régnait au Japon lors de la sortie des films (à 1 ou 2 près) :

  • L’ère Showa de 1955 à 1975 pour 14 films
  • L’ère Heisei de 1984 à 1995 pour 7 films

Et les deux suivantes constituent l’ère “moderne” :

  • L’ère Millenium de 1999 à 2004 pour 6 films (terminée avec Godzilla FInal Wars)
  • L’ère Reiwa de 2016 à maintenant pour 4 films avec le reboot Shin Godzilla d’Hideaki Anno (connu pour Evangelion) et les films d’animation Netflix (trilogie où les humains tentent de revenir sur Terre abandonnée à Godzilla depuis des années)
Godzilla Final Wars !
Godzilla Final Wars !

Godzilla : FINAL WARS

Je vais en profiter pour vous parler ici avant de passer aux aventures les plus connues en France de Godzilla (comprendre : les films américains) pour faire un focus sur Godzilla Final Wars qui est le 1e Godzilla que j’ai pu voir “ever”. C’est celui qui a clos la 3ème ère et qui est le film sorti pour les 50 ans de Godzilla réalisé par Ryūhei Kitamura.

La Terre est attaquée par pleins de monstres géants et les humains sont sauvés par l’arrivée d’extraterrestres, les Xiliens. En vrai, ces extraterrestres ne sont pas vraiment sympas et quand ils sont démasqués, ils libèrent tous les monstres qui attaquent alors la Terre…

C’est en gros le Avengers Endgame du Godzilla-verse car c’est notamment l’occasion de voir moults kaijūs apparus dans la saga (quasi tous en fait) : Mothra, Manda, Rodan, King Caesar, Zilla, Kumonga, Gigan, etc y compris Minilla et même le Godzilla du film de Roland Emmerich !

Extrêmement fun et bonnard, ce n’est certes pas un chef d’œuvre de scénario ou de réalisation mais qu’est ce que ce film est généreux, presque autant qu’un film avec Dwayne Johnson ! C’est très rythmé, plein d’action, avec pleins de caméos, références, etc et adorablement kitschouille… Franchement, c’est un très bon guilty pleasure qui conclut bien l’ère classique de Godzilla, en tout cas la période où le monstre était interprété par un mec en costume. Il aurait presque mérité d’être mieux diffusé en France à sa sortie : il n’y a eu qu’une seule séance dans le coin à l’époque ! A Aix et où l’on était 5 spectateurs : un pote avec qui j’y étais allé et 3 autres que je connaissais de loin qui avaient eu la même idée d’aller voir cet obscur film japonais…

Le Godzilla de Roland Emmerich
Le Godzilla de Roland Emmerich

Godzilla : U ! S ! A !

On va parler maintenant ensemble des films américains où apparaît Godzilla. Car le rapport de ce monstre japonais avec le pays à la bannière étoilée remonte aux… Années 50 ! En effet pour la sortie du 1er film aux Etats-Unis, il avait eu droit à un remontage façon Power Rangers avec des séquences américanisées avec l’inclusion de Raymond Burr (Perry Mason et l’Homme de Fer) et quasi 20 minutes de moins !

Et c’était d’ailleurs la version la plus facilement accessible jusqu’à l’arrivée de HK Vidéo en France dans les années 90 qui proposa enfin la version originale en France en VHS… On pourrait aussi parler d’une série animée Hanna Barbera en 1978 sur Godzilla également pour la NBC et de nombreux comic-books chez Marvel de 1977 à 1979 avec un dessinateur cher à Hulk (Herb Trimpe de 1968 à 1975) puis chez Dark Horse de 1988 à 1999 et enfin chez IDW Comics depuis…

Du coup, les Etats-Unis et Godzilla, ça fait un moment que ça dure ! Mais c’est en 1998 qu’un film américain mettra à l’honneur notre bestiole en faisant un remake de l’original japonais. Le casting est plutôt quelconque pour l’époque avec seulement Matthew Broderick et Jean Reno en têtes d’affiche. TriStar disposait des droits depuis 1992 pour une possible trilogie mais n’a guère mis les moyens, épuisant ainsi le premier réalisateur associé au projet Jan De Bont (Speed, Twister). C’est au final le réalisateur de Stargate et de Independence Day, l’allemand Rolland Emmerich, qui donnera réellement vie au projet mais pas pour le meilleur ! 

Crime de lèse-majesté

Déjà Emmerich n’aime pas le design de Godzilla et fait revamper le monstre pour quelque chose de moins massif et plus agile, et en CGI en plus ! Il s’inspire ensuite de l’actualité et des essais nucléaires de Mururoa relancés par Jacques Chirac lors de son élection en 1995, d’où l’inclusion de Jean Reno, français, au casting et de nombreuses références assez moqueuses envers les français. Ajoutez à cela des personnages caricaturaux au possible à défaut d’être un brin intéressants et notre cher Godzilla, censé être globalement invulnérable, qui se laisse atteindre par de simples missiles et vous comprendrez que l’on est loin de l’icône japonaise.

Emmerich n’a en aucun cas “compris” Godzilla et a américanisé à outrance son environnement jusqu’au fin fond de sa playlist avec du Jamiroquai et le fameux duo Puff Daddy / Jimmy Page “Come with me” qui inonda en son temps les ondes radiophoniques avec son sample de Kashmir de Led Zeppelin. Bref, sans doute la première approche de beaucoup de Godzilla, mais vraiment pas la plus qualitative ! Elle a même eu droit au Razzie Award du pire remake (alors que le film avait pourtant été en son temps le film de clôture du Festival de Cannes)…

A vrai dire, pour beaucoup la meilleure partie de ce film est la série animée qui en a été dérivée avec la progéniture du monstre bien plus respectueuse du matériel original (et diffusée sur Canal J et TF1 chez nous) ! Enfin, on lui reconnaîtra tout de même d’avoir poussé la Toho à relancer sa propre saga avec l’ère Millenium ensuite.

Le Godzilla US moderne
Le Godzilla US moderne

L’ère du Monsterverse

En 2014, ce sont Legendary Pictures et Warner qui signent avec la Toho pour de nouveaux films sur Godzilla. Ici c’est Frank Darabont, scénariste et réalisateur de La Ligne Verte et des Evadés, qui se charge de l’adaptation mais sur un mode moins hollywoodien de prime abord en retrouvant l’idée d’un monstre “bigger than us” représentant la nature qui se rebelle contre la folie des hommes. A la caméra, c’est Gareth Edwards, le réalisateur du seul Star Wars valable de ce siècle (Rogue One) qui s’en charge. L’ensemble est assez classieux et inquiétant, un poil moralisateur et quelque peu avare en monstre pour permettre de rendre d’autant plus importante la menace.

Au casting, Aaron Taylor Johnson et Elizabeth Olsen (déjà vus ensemble dans Avengers l’Ere d’Ultron), Bryan Cranston et Juliette Binoche qui sont à l’affiche, ainsi que Ken Watanabe qui reviendra également dans le film suivant Godzilla 2 : Roi des Monstres. Ca a déjà plus de corps comme casting, non ? On regrettera juste le peu d’attachement que provoquent ces personnages trop… Ou en fait pas assez… Humains ? Ainsi, ils ne provoquent que peu d’empathie ou d’intérêt à l’exception de celui de Bryan Cranston, malheureusement trop peu de temps présent à l’écran.

La suite, tout de suite ?

Le film de Gareth Edwards a été pensé et fonctionne relativement bien comme stand-alone : respectueux du matériel d’origine mais Legendary Pictures et la Warner ne l’entendaient pas de cette oreille… Car années 2010 obligent, la mode est aux sagas, aux trilogies, aux crossovers… À une certaine continuité sérielle. Et l’idée d’un Monsterverse incluant les kaijūs façon Toho et le bon vieux King Kong dans une même saga donc après ce Godzilla de 2014 et un Kong Skull Island en 2017, débarquera en 2019 une suite où une grosse partie de l’équipe précédente ne rempilera pas !

Pour Godzilla 2 : King of Monsters, exit Gareth Edwards à la réalisation et le casting précédent à l’exception de Ken Watanabe et de quelques rôles tertiaires ! C’est Michael Dougherty qui hérite de la réalisation alors qu’il n’a pas grand chose à son actif en la matière (il était surtout connu pou ses scénarios sur le X-Men 2 et le Superman Returns de Bryan Singer). En terme de casting, c’est Kyle Chandler (Super 8, Friday Night Lights et Demain à la Une) et Millie Bobby Brown (Stranger Things, Enola Holmes) arrivent en tant que personnages principaux.

Ici ce Monsterverse s’enrichit des monstres bien connus que sont Rodan, Mothra et King Ghidorah mais également de nouveaux monstres créés spécialement pour ce nouveau Monsterverse. L’agence Monarch est également inscrite durablement dans le paysage pour disposer d’une organisation humaine liée à ces phénomènes.

Ce second film pousse à la fois la création de cette mythologie des monstres mais aussi de l’action à outrance là où le précédent misait sur la menace du monstre plutôt que sur le monstre lui-même. Là c’est une déferlante de monstres bien plus classique, certes assez fun mais globalement moins intéressante, même si le message écologique fonctionne assez bien.

Godzilla vs Kong
Godzilla vs Kong

Et ça continue encore et encore…

Enfin, pendant le confinement de 2021 sortira directement en VOD, “l’aboutissement” de cette saga avec la rencontre Godzilla vs Kong promise par ce Monsterverse. Ce n’est pas la première fois que les deux monstres se rencontrent car un film au nom équivalent était déjà sorti en 1962 mais la promesse reste toujours amusante même si on l’a sait artificielle. On retrouve Kyle Chandler et Millie Bobby Brown, rejoints au casting par Alexander Skaarsgard (True Blood, Tarzan) et Rebecca Hall (My Wonder Women, Iron Man 3).

Alors que Godzilla protégeait la Terre depuis des années, il se retourne soudainement contre les humains et cela pousse ainsi l’organisation Monarch à aller chercher Kong sur son île pour faire de la bagarre ! Un scénario très fin comme vous pouvez l’imaginer ! Les personnages restent peu mémorables mais la baston reste assez amusante. Adam Wingard, le réalisateur aux manettes à qui l’on doit le récent remake de Blair Witch (2016) et l’adaptation du manga Death Note (2017) – tous 2 aux critiques plutôt mauvaises – s’occupe de ce dernier opus en date qui développe au final plus Kong que Godzilla.

On ne fait pas vraiment dans le mémorable ici et si l’opération de destruction massive est sympa à regarder, le film est assez vite oublié.

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *