LES TORTUES NINJAS en vert et contre tout ?
Si vous êtes nés au début des années 2000, les Tortues Ninjas doivent majoritairement vous faire penser à des dessins animés en 3D ou à 2 films de Michael Bay. Si vous êtes nés au début des années 80, le générique du dessin-animé d’origine commence à résonner dans votre tête que ça soit dans sa version télé ou dans sa version jeu vidéo, et au pire des images de mecs en costumes vous reviennent du film de 1990. Bref, les Tortues Ninjas se sont, en presque 40 ans, bien ancrés dans la culture populaire.
Qui sont les TORTUES NINJAS ?
Oui, on connaît en effet assez bien le visuel de ces 4 tortues avec un bandeau coloré à l’écran au noms issus d’artistes de la Renaissance : Donatello, Raphael, Michaelangelo et Leonardo. Ces 4 héros possèdent chacun une arme de prédilection : Leonardo au bandeau bleu utilise les ninjatôs (ou plus simplement des sabres), Michaelangelo au bandeau orange utilise les nunchakus, Raphael au bandeau rouge utilise les saïs (ça ressemble à des mini-tridents) et enfin Donatello au bandeau mauve utilise le Bô (un long bâton de bois). Ils ont deux autres caractéristiques notables : ils habitent New York et adooorent la pizza !
Et tant qu’on y est, on peut expliquer comment de telles tortues humanoïdes peuvent exister. Tout commence par un assassinat (ta-ta-tan !) : le maître ninja japonais Hamato Yoshi (qui n’a rien à voir avec le dinosaure du même nom) est tué à New York par son rival Oruku Saki. Ce maître ninja avait un “rat de compagnie” nommé Splinter qui s’échappe lors de l’altercation et se retrouve dans les égouts où il se retrouve face à des 4 bébés tortues baignant dans un liquide mutagène qu’il recueille. Ce liquide mutagène transformera ces petits animaux en humanoïdes et Splinter, imprégné des connaissances de son ancien maître, enseignera l’art ninja et les arts martiaux à ses enfants adoptifs.
Origines à choix multiples
Attention, suivant les adaptations, les origines des personnages peuvent légèrement varier et Splinter est dans le dessin-animé le plus connu par notre génération (celui de 1987) non pas le rat de compagnie d’Hamato Yoshi mais le même individu. Par ailleurs, le dénommé Oruku Saki deviendra par la suite l’ennemi juré des Tortues Ninjas sous l’identité de Shredder, chef des ninjas du Clan Foot. Tant qu’on y est dans les méchants, on pourra citer Krang, un extra-terrestre à la forme rappelant un cerveau mais avec des tentacules, qui se déplace dans un robot à la forme humanoïde, qui viendrait d’une autre dimension.
Et enfin, les hommes de main notables que peuvent être Bebop et Rocksteady qui sont des voyous ayant été “renforcés” par un mutagène : Bebop est un homme-sanglier tandis que Rocksteady est un homme-rhinocéros. Je passe sur d’autres antagonistes moins majeurs mais la galerie de personnages est plus étendue.
On pourra aussi ajouter April O’Neil, première humaine à rencontrer les Tortues, parfois journaliste, parfois scientifique suivant les versions, et Casey Jones un justicier bas de gamme avec un masque de hockey qui s’en prend aux petits voyous de la ville, qui deviendra vite un love-interest pour April… Mais j’imagine que vous avez pour la plupart découvert tous ces personnages à l’écran donc ? Mais il faut remonter à 1983 pour assister à la création de ceux-ci… Sous la forme de comic-book !
Un comic-book à l’origine
En effet, Kevin Eastman et son ami Peter Laird créent alors Mirage, un studio dans le New Hampshire avant de déménager à Northampton dans le Massachusetts, qui lance un comic en one-shot : Les Tortues Ninjas. C’était plutôt imaginé comme une sorte de parodie des comics sombres des années 80, comme ceux de Frank Miller (Ronin ou avant ça Daredevil). Le succès de ce one-shot verra le comic-book se poursuivre finalement pendant 13 ans ! Mais outre un très bon démarrage sur le papier, Eastman et Laird seront surtout aidés par du merchandising…
Oui, car si vous avez regardé l’épisode de The Toys That Made Us qui est consacré aux Tortues sur Netflix, vous n’êtes pas sans savoir que la licence a fait le bonheur des fabricants de jouets. Dès 1986, des figurines en plomb débarquent chez l’éditeur de comics Dark Horse avant que la licence n’atterrisse chez Playmates Toys dès 1987. Et Playmates connaissait bien la méthode de l’époque pour vendre plein de jouets : avoir un dessin-animé pour soutenir ceux-ci !
Et ainsi en décembre 1987 débarque à la télévision américaine le fameux dessin-animé Teenage Mutant Ninja Turtles coproduit par Fred Wolf et les français de IDDH (qui avait distribué les 1ers animes en France et ensuite produit ses propres dessins-animés comme Clémentine et Moi Renart, puis plus tard Denver le Dernier Dinosaure) ! La gamme de jouets comme ce dessin-animé ont duré 10 ans de 1987 à 1996. Et ce dessin-animé sera diffusé en France tout d’abord sur Canal+ en 1989, avant de faire un tour sur le service public dès 1990 sur FR3 dans Amuse 3 puis faire des aller-retours entre France 2 et France 3.
Le cinéma après la télé
Ce dessin-animé de pas moins de 193 épisodes (et 2 obscures OAV direct-to-video en 1996) est en fait un peu aux antipodes de la BD sombre et critique d’origine. Elle est bien plus colorée et orientée jeunesse. Les bandeaux qui étaient d’une seule et même couleur rouge obtiennent leurs couleurs mauve, bleu et orange pour aider les enfants à les différencier. La violence est édulcorée au maximum et l’humour est très présent. Une vraie “Turtle-mania” débarque alors avec un merchandising effréné (fringues, fournitures scolaires, et j’en passe)… Au pic de leur popularité, les Tortues obtiennent en 1990 un film “live” au cinéma !
Ce film est confié au réalisateur de clips irlandais Steve Barron (Billie Jean de Michael Jackson, Africa de Toto, Take on Me de A-ha… et qui a travaillé l’an dernier sur la mini-série Le Tour de Monde en 80 Jours de la BBC et qui réalisera ensuite… Coneheads) et qui se rapprochera de l’imagerie et des thèmes plus sombres du comic-book. Pas de tête réellement connue dans ce film à part un Sam Rockwell, débutant, en chef de gang (Iron Man 2, La Ligne Verte, Three Billboards) et l’interprète de Casey, Elias Koteas, qui a joué quelques années dans la licence Chicago du producteur Dick Wolf (Chicago Fire et Chicago P.D.).
Et dans la catégorie tête connue que l’on ne reconnaît pas car physiquement absent, le comédien qui double Donatello en VO : Corey Feldman (Mouth Devereaux dans les Goonies et le partenaire de jeu de River Phoenix dans Stand by Me) ! Et aux animatroniques du film, on retrouve le Studio Jim Henson (Muppet Show) mais malheureusement pile au moment du décès de Jim Henson !
Des suites chaotiques
Malgré ses défauts (et ses qualités) typiquement années 80, ce 1e film est un succès (le 9e au box-office cette année-là) et dès 1991, sort un 2e film live ! Exit le réalisateur précédent, c’est l’inconnu au bataillon Michael Pressman aux manettes, l’interprète d’April est écartée pour avoir critiqué la noirceur du 1e film et les risques pris pour sa réalisation, les interprètes de Shredder et d’autres sont également recastés : pratique, les masques ! La production voulait introduire Bebop et Rocksteady mais Peter Laird et Kevin Eastman ont refusé. Et ainsi, les mutants du film seront Tokka et Rahzar… Bref, malgré un meilleur budget et une recette éprouvée, le résultat est plutôt chaotique.
On ne pousse pas plus dans la qualité avec le 3e opus où les Tortues sont téléportées dans un Japon du 17e siècle avec des samouraïs… Le réalisateur à la barre, Stuart Gillard, aura surtout connu une période “faste” dans les années 2000 en réalisant quelques épisodes de… la série Charmed ! Bien que vaguement inspiré des épisodes 46 et 47 du comic-book d’origine, le scénario ne vole pas haut et le film non plus. Seul truc à sauver : l’usage du thème musical du jeu vidéo de la Super Nintendo, Turtle in Time !
Retour au petit écran
Celui qui s’est “sauvé” lui-même, c’est le doubleur de Raphael, Matt Hill, qui reprendra son rôle dans la 2nde série Tortues Ninjas, une série “live” s’il vous plaît ! Produite par Saban, elle n’a duré qu’une saison en 1997/1998 et aura été diffusée chez nous sur TF1 (puis Netflix jusqu’en 2021) sous le nom : Les Tortues Ninjas La Nouvelle Génération. Le ton est clairement comique et moins sombre que celui des films, avec un nouveau grand ennemi Dragon Lord et une nouvelle allié, Venus, une tortue femelle ninja également. A noter qu’à la même époque, ces Tortues apparaissent dans la série Power Rangers dans l’Espace, du même producteur.
A la même époque, la maison d’édition Image Comics prend le relais de l’éditeur historique des Tortues, Mirage Comics, pour une série assez courte, faute de succès et surtout entachée par de nombreux retards, de 23 numéros, avant d’être reprise au début des années 2000 par Mirage. Et parallèlement à ça, Archie Comics a aussi publié avant cela des épisodes de 1989 à 1995 plus adaptés du dessin-animé de 1987 et destinés aux enfants.
En 2003, retour à la case dessin-animé après 5 ans de jachère. Diffusée sur TF1 dès la même année, la licence renoue avec le succès et la qualité. A la fois plus proche du comic-book d’origine d’Eastman et Laird et toujours accessible pour les enfants, c’est un peu le meilleur des deux mondes. La violence est plus présente que dans le dessin-animé précédent mais pas foncièrement explicite et des éléments feuilletonnants font leur apparition. Ici, on reste terre à terre avec des intrigues plutôt urbaines ou “ninja”. Ce dessin-animé dura 7 saisons aux Etats-Unis mais seules les 4 premières ont eu le droit à une diffusion française.
Pour conclure cette série animée sortira en 2009 un film d’animation nommé Turtles Forever sort pour célébrer les 25 ans du comic-book. Et se permet de faire se rencontrer les Tortues de ce dessin-animé avec celles de 1987 ! Faute d’accord sur les droits, on retrouvera pas le thème musical, ni les doubleurs du dessin-animé d’origine mais l’exercice est amusant.
Le comic-book revient en force
En 2009 également, la licence TMNT change de mains et tombe dans l’escarcelle de Nickelodeon (célèbre chaîne pour enfants US) qui annonce directement une nouvelle série animée mais 3D cette fois-ci qui verra le jour en 2012. A l’occasion de ce transfert de la licence, un nouveau comic-book est lancé chez IDW en 2011 qui modernise grandement l’univers des Tortues et lui donne une meilleure cohérence avec le reste de la licence. D’abord publiée assez confidentiellement et vite stoppée chez Soleil en France, la série a réussi à trouver ensuite un repreneur chez Hi Comics qui l’a petit à petit fait rencontrer son public.
Ce comic-book est encore en cours et atteint à ce jour les 130 numéros (sans parler de mini-séries annexes ou histoires parallèles comme The Last Ronin qui vient de sortir en trade paperback HC aux USA et également chez Hi Comics en France. Les 100 premiers numéros ont été scénarisés par Tom Waltz et c’est désormais Sophie Campbell qui a la charge de l’avenir de nos tortues mutantes sur le papier. Je ne saurai trop vous recommander ce comic-book dans son édition française !
Je parlais de la série de 2012 en 3D juste avant et parallèlement à un comic-book plutôt ado-adultes, ce nouveau dessin-animé vise plutôt un public plus jeune (4-11 ans) et apporte son lot de nouveautés et variantes. Ici les Tortues sont physiquement différenciables pour la 1ère fois (couleur des yeux, taille, corpulence) par exemple, l’une d’entre elles est ouvertement amoureux d’April, les armes sont modifiées, etc… Malgré des fans un peu rageux au sujet de toutes ces libertés, la série plaît assez et durera 5 saisons jusqu’en 2017.
La machine Michael Bay
Par ailleurs en 2014, la licence retrouve le chemin des salles obscures sous la houlette de la maison de production de Michael Bay avec le sobrement nommé Ninja Turtles. Il est réalisé par Jonathan Liebesman (connu pour de “grandes” réalisations (hum !) comme La Colère des Titans et World Invasion : Battle Los Angeles). La production essuie les foudres des anciens acteurs des films et des fans à la vue des premières infos qui fuitent. Le résultat est assez mitigé avec April O’Neil interprétée par Megan Fox déjà en bisbille avec Michael Bay depuis Transformers et William Fichtner qui a perdu son rôle de Shredder pour celui d’Eric Sachs après que la prod ait été taxée de white-washing pour le rôle de l’asiatique Oruku Saki… Le film au final manque d’âme et sera même nommé aux Razzie Awards !
Un 2e film Ninja Turtles suivra en 2016, fort du très bon démarrage du 1e film en salles d’ailleurs. Toujours avec Megan Fox, il sera cette fois réalisé par Dave Green, un illustre inconnu qui l’est d’ailleurs resté. Casey Jones apparaît dans cette suite – l’acteur retenu pour le rôle est Stephen Amell (le Green Arrow de Arrow) – Krang, Bebop et Rocksteady également. Ce film s’il a un peu meilleure presse que le précédent fait un flop et fait perdre du fric à Paramount. Pour se donner une idée, lors de sa 1ère semaine en France, le film fera moins que Conjuring 2 et Camping 3 !
L’avenir des Tortues Ninjas
Enfin, en 2018 démarre aux USA sur Nickelodeon une nouvelle série animée des Tortues, intitulée Le Destin des Tortues Ninjas. Celle-ci a un graphisme qui rappelle celui du remake de la Bande à Picsou (on enn a parlé dans le tout 1er épisode de notre podcast disponible sur toutes les bonnes plateformes et pour plus d’infos, vous pouvez aller sur www.lesbieresnarratives.com). Pas que le graphisme d’ailleurs, car ce nouveau dessin-animé propose pas mal d’évolution en parlant plus d’actu, en rendant à April son métier de journaliste mais en la transformant également en afro-américaine, etc. En France, la série qui n’aura duré que 2 saisons a été diffusée tardivement sur Gulli et vient de voir s’adjoindre un film de conclusion sorti sur Netflix en été 2022.
Pour finir, un nouveau film en 3D sous-titré Mutant Mahyem est en projet pour 2023, réalisé par Jeff Rowe coréalisateur de Les Mitchell contre les Machines et avec entre autres Seth Rogen au scénario.
1. J’ai eu très peur (private joke).
2. Je ne savais même pas qu’il y avait eu un deuxième film TMNT, pourtant sur le papier tous les éléments sont là pour me le faire regarder. Je te trouve un peu dur aussi avec Liebesman, certes « Battle Los Angeles » n’est pas un monument de cinéma, mais j’avais trouvé assez intéressant le principe de l’invasion extra-terrestre vue de l’oeil d’un Marines. Pour une fois qu’on n’a pas des blagues pipi-caca dans un film sous prétexte que c’est « pour les geeks », j’ai assez envie de le défendre.
1. J’y ai évidemment songé. 2. Tu n’écoutes pas assez Les Bières Narratives 😉