Les yeux dans la DUNE, les pieds sans eau

Dune Edition US
Dune Edition US

On vous en rabat les oreilles à travers un film de Denis Villeneuve sorti en salles très récemment à l’heure où l’on vous parle (genre hier) mais DUNE c’est d’abord un roman. Un roman pas tout jeune en plus car il date de 1965, soit avant STAR WARS (1977) et même avant STAR TREK (1966). Il avait même été prépublié dans le magazine américain ANALOG dès 1963.

Les vers des sables de Dune
Les vers des sables de Dune

De quoi ça cause DUNE ?

Cela démarre en l’an 10191 après la création de la Guilde Spatiale, dans un univers régi par un Empereur (tiens ! tiens !) nommé Padishah Shaddam IV. Dans ce monde, l’intelligence artificielle et les robots pensants sont désormais interdits et parmi les êtres humains, on retrouve des groupes organisés en fonction de leurs compétences particulières comme les Mentats, doté de performances mentales dignes des ordinateurs, ou encore les Bene Gesserit, une caste féminine responsable de l’enseignement et du développement des compétences humaines. Ce ne sont que des exemples, l’univers de Dune est assez riche ! 

Il emprunte à de nombreux éléments culturels et historiques : pas mal de termes berbères, la notion de prophète propre à la religion judéo-chrétienne, la logique cyclique des mythologies nordiques, le nom du patriarche Leto rappelle la mythologie grecque avec ce nom de la mère d’Apollon et d’Artémis, et j’en passe sur les autres emprunts bien digérés par l’auteur. Et les thèmes abordés sont assez universels, notamment le propos écologique assez en avance pour son temps et les jeux politiques…

La dernière réédition française
La dernière réédition française

Tout ce développement humain a été permis par l’Épice (appelée aussi le Mélange), substance assez mystérieuse que l’on ne trouve que sur la planète Arrakis, planète des sables (d’où le nom donné par les autochtones… Dune, vous vous doutez bien !). Ça fait de ce produit le bien le plus convoité de l’Univers doté d’une très forte valeur marchande. Sur Arrakis au climat des plus hostiles, l’autre produit le plus convoité est l’eau, indispensable pour la survie, au point où les habitants sont obligés de récupérer leur propre eau pour rester hydratés.

L’histoire démarre à l’arrivée du Duc Leto Atréides, sa concubine Jessica et leur fils Paul Atréides sur la planète avec leurs troupes chargées par l’Empereur de succéder aux Harkonnen, leurs ennemis héréditaires, à la tête de la planète. Il s’agit là d’un cadeau empoisonné qui est fait aux Atréides entre l’aridité d’Arrakis, l’inconnu de cette nouvelle planète et leurs ennemis à leur porte. La famille Atréides peut néanmoins compter sur ses plus fidèles compagnons : le mentat-assassin Thufir Hawat et ses meilleurs soldats Duncan Idaho et Gurney Halleck. Mais le plan des Harkonnen ne va pas tarder à pousser la Maison Atréides dans ses retranchements, notamment Paul qui va se retrouver plongé dans le monde de Dune.

UNE SAGA ROMANESQUE MAIS PAS QUE !

Frank Herbert ne se contentera pas d’un seul passage sur Dune et y reviendra pour 5 autres romans : Le Messie de Dune (1969), Les Enfants de Dune (1976), L’Empereur-Dieu de Dune (1981), Les Hérétiques de Dune (1984) et enfin La Maison des Mères (1985) que l’auteur termine avant son décès en 1986. Et depuis l’an 2000, le fils de l’auteur Brian Herbert accompagné de Kevin J. Anderson, romancier qui a oeuvré sur de nombreux romans inspirés de licences très connues comme Star Wars, X-Files, Star Trek… s’est mis à enrichir l’univers en enrichissant le Cycle de Dune avec pas moins d’une bonne de quinzaine de nouveaux romans avec pas moins de 5 sous-cycles enrichissant la saga. Bref on dépasse déjà la vingtaine de bouquins mêlant romans et nouvelles dans l’univers créé par Frank Herbert ! 

Tellement que, lorsqu’on regarde la checklist chronologique sur le site www.dunenovels.com, le roman d’origine n’est que le 20e récit sur une liste de 33 histoires et ce n’est pas fini à priori !

A côté de cela, cet univers riche a très vite inspiré les cinéastes et artistes en tout genre ! Dès les années 70, un avant-projet impliquant Patrick McGoohan est évoqué mais ne verra pas le jour avec la mort du producteur Arthur P. Jacobs (La Planète des Singes). Quelques temps après, le producteur français Michel Seydoux et le réalisateur chilien Alejandro Jodorowsky se lancent dans un projet pour le moins… Pharaonique ! Le documentaire Jodorowsky’s Dune sorti en 2013 le relate d’ailleurs brillamment.

Jugez du peu rien qu’au casting : l’empereur ? Salvador Dali. Le baron Harkonnen ? Orson Welles ! Et je passe sur Mick Jagger et Amanda Lear… Sans parler l’équipe technique riche de Jean Giraud alias Moebius (dessinateur de la BD Blueberry) au story-board, de Dan O’Bannon aux effets spéciaux (Blade Runner et Alien par la suite), de HR Giger (Alien aussi) aux concept arts de certains décors et enfin d’un mix des groupes Magma et Pink Floyd à la bande son !

Dune version Lynch
Dune version Lynch

Vers 1980 c’est Dino De Laurentiis qui produira enfin un film Dune, avec aux manettes… David Lynch (Twin Peaks, Sailor et Lula, Mulholland Drive…) même si Ridley Scott était le premier nom attaché au projet. On y retrouve entre autres Kyle MacLachlan (que Lynch rencontre à cette occasion – Twin Peaks, Desperate Housewives…), Dean Stockwell (Quantum Leap) et le chanteur Sting. Le film sortira en 1984 avec une B.O. signée Toto… et fera un four ! Au point que Lynch désavouera le film, arguant que les pressions financières et celles des producteurs n’en font pas SON œuvre. Son premier montage faisait 3h30… et le film final 2h17 !

Vous nous voyez venir avec le film de Denis Villeneuve fraîchement sorti mais on va faire avant cela un petit stop en l’an 2000 avec une mini-série télévisuelle de 3 épisodes de 90 mn avec William Hurt produite pour Sci-Fi Channel et sa suite Les Enfants de Dune sous le même format en 2003

Sting bien avant Kaamelott
Sting bien avant Kaamelott

DUNE Cuvée 2021

On va maintenant causer de la dernière adaptation en date à l’heure où nous enregistrons (vu que l’on est jeudi 16 septembre 2021 à l’heure où j’écris ces lignes et qu’il est sorti ici… Hier !) : le DUNE du canadien Denis Villeneuve, à qui l’on doit dans le désordre le plus complet : Blade Runner 2049, Sicario, Prisoners, Enemy, Premier Contact ou encore Incendies.

Et en plus avec un casting plutôt classieux, jugez du peu : Oscar Isaac (Postlogie Star Wars, X-Men Apocalypse, Inside Llewyn Davis…) dans le rôle du Duc Leto, Rebecca Ferguson (MIB : International, les derniers Mission Impossible…) dans celui de Dame Jessica, Timothée Chalamet (Lady Bird et Les Filles du Dr March de Greta Gerwig et dans le prochain Wes Anderson The French Dispatch) dans celui de Paul Atréides, Josh Brolin (bah Thanos dans le MCU, le grand frère dans les Goonies, les films des frères Coen No Country for Old Men, True Grit et Avé César…) dans celui de Gurney Halleck, Jason Momoa (Game Of Thrones et See dans votre télé et Aquaman sur grand écran) en Duncan Idaho.

Bienvenue dans le désert...
Bienvenue dans le désert…

Du côté des Fremen, on a Zendaya (la série Euphoria sur HBO et la copine de Peter dans les récents Spiderman du MCU) en Chani et Javier Bardem (No Country for Old Men, Skyfall et Biutiful d’Inarritu) en Stilgar. Et enfin chez les Harkonnen, Stellan Skarsgaard (Melancholia ou Dogville pour Lars Von Trier, le Dr Selvig dans le MCU, un des pères potentiels dans Mamma Mia) et Dave Bautista (l’ancien catcheur qui joue Drax dans les Gardiens de la Galaxie ou encore un tueur dans le James Bond intitulé Spectre).

Le résultat à l’écran est visuellement splendide ! Sans doute un peu froid en comparaison du Star Wars de Disney ou des blockbusters du moment (un comble pour un film traitant d’une planète désertique) mais la maestria technique du réalisateur le côté « clinique » de l’image et les personnages sont totalement habités par leurs acteurs (ou inversement, je ne sais pas !). Le seul défaut pour moi est le positionnement de la coupure entre ce premier opus et le second à venir mais cela m’a toujours fait cet effet là pour les films avec coupure de l’histoire adaptée par épisode, comme pour la trilogie du Seigneur des Anneaux de Peter Jackson par exemple !

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