Y THE LAST MAN dans la télé
Une série annulée en guise d’article ? Mais pourquoi donc me direz-vous, et bien je vous dirais que ça ne veut pas dire que le sujet ne mérite pas d’être évoqué sur le site ! Y the Last Man est une série qui, à mon sens aurait mérité une suite car le thème abordé est finalement assez original, et avouons le, pas mal dans l’air du temps.
Une production chaotique
La série a connu bien des remous. Tirée d’une série de comics sortie entre 2002 et 2008 avec Brian K. Vaughan au scénario et Pia Guerra au dessin, la chaîne FX annonce l’adaptation en série dès 2015. Entre cette année-là et 2020 c’est tout un jeu de chaises musicales qui va se mettre en place avant que FX annonce officiellement que la série sortira en 2021 sur Hulu.
La série sera tournée en pleine pandémie, ce qui va engendrer des soucis majeurs de productions avec les divers confinements et contraintes sanitaires, des aléas logistiques et financiers qui feront partie des raisons principales de l’annulation de cette série.
Au casting on retrouve Diane Lane, Ben Schnetzer, Olivia Thirlby ou encore Ashley Romans, majoritairement des acteurs encore peu connus à l’exception de Diane Lane que l’on a pu apercevoir dans le DCU en tant que Martha, la mère de Clark Kent alias Superman.
La série va connaître de bons scores mais cela ne suffira pas à la sauver car la pandémie a fait des siennes. Outre les changements de showrunners qui ont ralenti les délais, la pandémie a joué sur les contrats des acteurs et leurs dates d’expirations. Malmenée par tous les aléas de production liés à la crise sanitaire, la chaîne a refusé finalement de payer 3 millions de dollars pour prolonger les contrats. Eliza Clark, la showrunneuse de la série, cherchera un nouveau network de diffusion en vain, avant d’abandonner et annoncer officiellement l’annulation de la série le 14 janvier 2022.
Y THE LAST MAN : potentiel gâché !
Y The Last Man vaut pourtant le détour, actuellement disponible sur Disney+, qu’elle ne fut pas ma déception lorsque j’ai appris son annulation alors que j’étais en train de terminer la première et désormais unique saison.
Le synopsis est simple : le 17 juillet 2022, tous les porteurs du chromosome Y, autrement dit les hommes, meurent à l’exception de Yorick et son singe mâle capucin Esperluette. Il lui faudra donc survivre en se cachant tant bien que mal des survivantes qui basculent peu à peu dans le chaos postapocalyptique. Dans son aventure, il ne sera pas seul, sa mère devenant présidente par intérim, enverra une agente spéciale pour l’extrader dans une zone sûre et comprendre pourquoi il a survécu avec son singe mâle.
Un monde sans hommes, certaines femmes se sont forcément posé la question de savoir si oui ou non ce serait meilleur ou pas. La série aborde quelque peu la question, on voit que les femmes basculent dans le chaos et la désorganisation non pas parce qu’elles sont des femmes, mais parce qu’elles se retrouvent du jour au lendemain à gérer la gestion du monde entier à bras le corps avec des milliards de cadavres autour d’elles. On voit ici que beaucoup basculent dans des étapes différentes du deuil, car si les hommes meurent, les enfants mâles aussi, et ce sont des mères endeuillées de leurs familles qui doivent en un rien de temps reprendre le monde en main avant qu’il ne bascule dans la folie.
Si les femmes ont une charge mentale élevée, la série ne leur fait pas de cadeaux, et on peut voir différents événements se dérouler sous nos yeux. Que ce soit un gouvernement bancal teinté de rivalités mal placées, des groupuscules terroristes, des féministes qui vrillent dans un délire d’amazones aux frontières de la secte avec une leadeuse perverse narcissique, le personnage de Yorick n’est certainement pas en mesure de pouvoir se balader sereinement dans la rue.
Un développement intéressant qui laisse sur sa faim
Les personnages sont intéressants, que ce soit les principaux ou les secondaires, tous disposent d’un développement intéressant qu’on aimerait pouvoir voir plus développé sur une autre saison (sigh). Tous les sujets sont abordés, le féminisme, les trans, les lesbiennes, les mères de famille endeuillées, les célibataires endurcies, tout y passe pour nous montrer que les femmes, tout comme les hommes, seraient incapables de gérer une telle situation sans écueils.
Si la série prête l’attention à Yorick comme le seul homme, il n’en est pas pour autant un héros en soi. Faible, paniqué, lâche et perdu, il n’est pas ce qu’on pourrait appeler le profil du gendre idéal pour un homme censé être le seul “espoir” de l’humanité. En vrai, il sert plutôt de curiosité ambulante permettant aux scientifiques de pouvoir comprendre ce qu’il s’est passé et empêcher les futures mères porteuses d’un enfant mâle de le perdre à coup sûr.
Cette série aborde un thème finalement assez inédit, dans une période où jamais le féminisme n’aura perché sa voix aussi haut, on reste ici sur une histoire somme toute plutôt réaliste dans son cheminement, mais qui laisse un goût de trop peu.
Ce goût de trop peu est lié aussi au fait que la série est annulée. Ceux qui suivent mes écrits biérologiques savent que le féminisme est un sujet qui me touche, et cette première saison montre surtout que les femmes peuvent au final agir aussi mal que les hommes. Pourtant, on aurait aimé dans une autre saison, voir que finalement celles-ci se sont adaptées une fois la tempête passée. Le comic-book aborde d’ailleurs ce sujet, et montre que les femmes ont su surmonter les épreuves, survivre et reconstruire une civilisation sans hommes.
Techniquement à la hauteur pourtant
Sur le plan de la réalisation et des acteurs, on est sur un très bel équilibre. La série est bien filmée, les acteurs jouent bien à l’exception parfois de quelques scènes un poil surjouées. On ne peut que saluer le rendu final qui retranscrit bien la situation à laquelle font face nos différents protagonistes. Mention spéciale à Missy Pyle alias Roxanne (Galaxy Quest) qui nous livre un personnage relativement effrayant.
Si la narration de la BD avait été sans doute quelque peu remaniée, elle aurait permis de rendre justice aux héroïnes de la série qui, au terme d’une saison assez endiablée, ne nous montre qu’un panel de femmes désemparées ou sombrant dans les extrêmes. Bien sûr, la seconde saison était partie pour justement passer à la vitesse supérieure et nous montrer qu’une fois l’ouragan de la situation passé, elles se relèvent et parviennent à survivre.
D’ailleurs, imaginer une série de la même trempe avec la disparition de toutes les femmes aurait fait que les hommes restants auraient tout bonnement fini par mourir de vieillesse, pas de quoi en faire une série de qualité.
On ne peut que regretter qu’une série avec un tel sujet soit annulée et n’ait pu trouver un remplaçant. Elle s’ajoute à la longue liste de séries appréciées et bien fichues qui n’auront pas survécu à des querelles de producteurs ou la vision à court terme de financiers préférant sortir de l’argent sur des mauvais contenus, plutôt que des bons. Si vous avez envie de découvrir cette série, foncez… Mais basculez après sur la série de comics si vous ne voulez pas trop rester sur votre faim…