L’amiral Picard sort de sa retraite pour STAR TREK : PICARD
18 ans après sa dernière apparition en tant que Jean-Luc Picard, Patrick Stewart (X-Men, Logan, Green Room, Complots…) a retrouvé début 2020 le rôle qui l’a fait connaître auprès du grand public à partir de 1987 à la télévision américaine. En effet, pour appuyer son lancement, le service de streaming CBS All Access a notamment misé sur la licence Star Trek qui était absente de la télévision depuis la fin de la série Enterprise en 2005 mais qui a connu un sacré lifting au cinéma grâce à JJ Abrams.
Ainsi est née tout d’abord Star Trek Discovery, relativement contemporaine de l’époque narrée dans la série originale des années 60 et diffusée chez nous sur Netflix, qui a connu un accueil assez mitigé à cause d’un traitement plus proche des films de l’équipe d’Abrams que des séries précédentes que ce soit en terme visuel ou en terme scénario (et c’est sans doute le principal problème)…
Découvrir de nouvelles vies…
Néanmoins, d’autres projets de séries Star Trek étaient dans les cartons dont notamment celui qui me fait écrire aujourd’hui : Star Trek Picard qui a vu le jour et est donc la 8ème série Star Trek (la 7e en live-action) à ce jour. On y retrouve Jean-Luc Picard, l’ex-capitaine des vaisseaux Enterprise D puis E dont les aventures étaient narrées dans la série Star Trek The Next Generation ainsi que dans 4 films, en 2399, à la retraite depuis 14 ans, qui doit venir en aide à une jeune androïde. Il sort ainsi de sa retraite d’amiral, se compose un équipage assez hétéroclite et file à l’autre bout de la galaxie pour lutter pour une cause qui semble déjà perdue et qui implique de se mettre à dos quelques Romuliens (ou Romulanais si vous être vraiment old-school)…
J’évite de rentrer trop dans les détails pour éviter de divulgacher l’intrigue des dix premiers épisodes de cette nouvelle série trekkienne, mais on peut dire que l’on va mêler le classique des anciennes séries Star Trek à la nouvelle vague produite dernièrement. On retrouve certains personnages de la Nouvelle Génération avec une écriture assez conforme à leurs personnalités construites au fil des épisodes, Picard avec son arrogance et son humanisme en première ligne. Et dans l’ensemble, Star Trek Picard va embrasser certains fondamentaux de la philosophie de la licence : le libre-arbitre d’un peuple à peine rencontré, l’intelligence artificielle menant à la singularité, etc. Bref, on rechausse de douces et confortables pantoufles, surtout lors du premier épisode.
D’autres civilisations…
Progressivement, de nouveaux ajouts viendront enrichir la série. Il s’agit notamment du nouvel équipage hétéroclite avec une ancienne Numéro 1 de Picard devenue alcoolique, un Han Solo façon Star Trek qui s’est entouré d’hologrammes à son image, une scientifique naïve, etc… Cet équipage est largement plus charismatique que celui de Star Trek Discovery, même s’il semble parfois caricatural. On s’attache progressivement à eux, même si certains sont énervants au début (Raffi) et que d’autres cherchent encore une réelle utilité (Elnor), et on attend de voir plus de leurs aventures à la fin de la saison.
Car en effet, la narration de cette saison subit le même écueil que la plupart des séries modernes (un « effet Netflix » ?) avec des longueurs dans la mise en place des enjeux et des personnages et un côté feuilletonnant ultra-présent. Cela dénote énormément de la narration traditionnelle des aventures de Picard : on se calque ici sur une aventure qui se déroule sur une saison et non pas une saison d’épisodes indépendants avec un fil conducteur. Si avec un nouvel équipage et un enjeu différent, cela peut fonctionner dans Star Trek Discovery, cela a pour moi un aspect dérangeant qui transformerait cette saison de Star Trek Picard en un film en épisodes, ou plutôt un « pilote » en épisodes. L’équipage étant au final attachant, on veut en voir plus à la fin de la saison mais on regrette aussi d’avoir attendu autant pour en arriver là !
Si l’on persiste sur les points faibles de cette saison, on en notera deux notables : les antagonistes romuliens qui sont totalement transparents, peu intéressants et abusivement sexualisés, et une fin qui, même si elle fait un bel écho au dernier film de la Nouvelle Génération, Star Trek Nemesis, franchit une ligne qui me semblait assez constitutive de la science dans Star Trek en ce qui concerne la mort, et que l’on voit malheureusement arriver assez rapidement. Néanmoins, je n’irai pas jusqu’à dire que j’ai passé un mauvais moment devant cette saison : j’y ai trouvé plus de respect des personnages, de références digestes et d’idées de scénario que dans toute la postlogie Star Wars, même s’il y a les défauts évoqués plus hauts et quelques facilités scénaristiques.
… Avancer vers l’inconnu
Les fans de Star Trek pourront parfois être déçus par cette première saison de Star Trek Picard pour sa construction et certaines facilités mais il s’agit d’un assez bon épilogue à Star Trek Nemesis et par là même aux aventures des héros de la série Star Trek : The Next Generation, qui a en plus le mérite de constituer un équipage fort prometteur pour les histoires personnelles des personnages comme pour la dynamique de leurs interactions. Bref, ce n’est ni du génie, ni honteux : ce sont juste des pantoufles très confortables mais pas encore super propres…