Top départ pour THE GREATEST BEER RUN EVER

Il y a quelque temps je racontais sur The Beer Lantern l’histoire de John “Chickie” Donohue qui, en pleine guerre du Vietnam est parti sur place pour livrer des bières à ses amis au front. Une histoire incroyablement hollywoodienne et pourtant bien vraie dont j’ai conté les détails grâce notamment au récit de son livre du même nom (The Greatest Beer Run Ever si tu n’as pas suivi, ami lecteur) dans lequel il raconte en détail son aventure.

Soon to be a major movie

Pour vous la faire courte, le film raconte les aventures de “Chickie”, jeune américain de 26 ans à l’époque qui se désole de voir des anti-guerre salir les troupes en place au Vietnam. Chickie voit ses camarades issus de son quartier tomber un à un sous les balles de l’adversaire et il se désole de ne pouvoir agir pour les aider, lui qui n’a pas été appelé au front, mais qui a été militaire quelques années (mais sans participer à un quelconque conflit). 

Un jour dans son bar favori, le tenant du bar, surnommé le Colonel, se désole lui aussi de voir des activistes souiller les actions des troupes en place, surtout que certains hommes sur le front sont des jeunes qu’il connaît bien. Celui-ci dit “si je pouvais, j’irais les voir et je leur donnerais une bière bien fraîche pour leur montrer que nous on pense à eux !”. Chickie, qui est sur place en train de siroter une mousse, prend cette phrase au pied de la lettre et déclare qu’il va aller se rendre sur place, voir une liste de ses amis déployés sur le territoire Vietnamien et leur amener des bières. 

Chickie ayant officié comme marin dans la marine marchande, réussit à se faire embaucher sur un navire qui va livrer des munitions à Saigon. De là, l’aventure de Chickie commence… Et je ne vous en dis pas plus pour ne pas vous spoiler le film.

Genèse du film

En 2015 Andrew Muscato produit et réalise un documentaire intitulé “The greatest beer run ever”, issu de l’histoire vraie de Chickie, et diffusé sur Youtube via la chaîne de la brasserie Pabst Blue Ribbon le jour des anciens combattants aux USA (le 11 novembre). En avril 2019 Skydance Media obtient les droits d’adaptation du livre autobiographique et Peter Farrelly se met aux commandes du scénario avec Bryan Currie et Pete Jones.

En 2021 Apple Studios reprend le projet, les acteurs Viggo Mortensen (Le Seigneur des Anneaux), et Dylan O’Brien (Le Labyrinthe) qui étaient castés se sont retirés du projet et Zac Efron et Russell Crowe les remplacent dans les rôles principaux, à ces deux noms s’ajoute l’acteur Bill Murray pour interpréter le fameux Colonel. 

Que vaut The Greatest beer run ever ?

L’aventure est aussi amusante qu’elle est touchante, si on a lu le livre, on voit combien Chickie était naïf à propos de cette guerre, et ce qu’il a vu sur place l’a profondément changé, notamment sur son opinion au sujet de cette guerre. 

Le film retranscrit relativement bien cette naïveté, bien que beaucoup de choses aient été romancées au cours du film. Zac Efron interprète Chickie avec une certaine justesse le rôle du gentil naïf, ce qui le change de ses sempiternels rôles de beau gosse stupide (Excepté dans quelques rôles comme celui de Ted Bundy). Russell Crowe (éternel Gladiator et mauvais Zeus dans le dernier Thor) se révèle plus loin dans le récit mais son personnage est intéressant. Le reste du casting permet de donner de la profondeur à Chickie, mais on reste un peu sur sa faim.

Le penchant pour la comédie de Peter Farrelly ne se trouve pas dans ce film, ne cherchez rien de loufoque, à part quelques situations comiques pour relâcher un peu la pression, on est surtout orienté vers une comédie dramatique malgré le côté bon enfant du personnage et son histoire… Le contexte de guerre le justifie. 

Le récit a deux faiblesses : un récit trop romancé et une platitude scénaristique qui a tendance à frustrer le spectateur. Le film est agréable mais maladroit, je suis d’ailleurs certain que le récit de Chickie n’avait pas besoin de tant de passages inventés pour pimenter l’histoire et le côté dramatique. 

Le personnage de Russell Crowe qui joue un reporter de guerre apporte un petit plus indéniable, mais il n’a jamais existé dans le récit, de même que tout le passage avec les services secrets qui n’ont été ajoutés que parce que Chickie était souvent confondu avec un agent de la CIA à cause de sa tenue peu conventionnelle face aux militaires en uniformes. Le film souffre au final d’une trop grande platitude qui ne met pas assez en lumière des éléments pourtant importants au récit. On regrette par exemple que le personnage de Russell Crowe, fictif, soit autant mis en avant par rapport aux soldats à qui Chickie distribue des bières dont le récit semble limite balayer leur rencontre alors qu’ils sont la raison principale de l’aventure du héros. 

Le film a tout de même un côté feel good intéressant et une avancée dans le ressenti du personnage assez bien écrite qui peu à peu fait disparaître la naïveté au profit d’une prise de conscience et d’une incompréhension réelle sur les raisons de ce conflit où les soldats envoyés sur place ne comprennent finalement pas vraiment ce qu’ils font là eux aussi. 

Peut mieux faire

Le film est finalement assez inégal mais il reste dans la moyenne, on passera un bon moment mais on ne ressortira pas transcendé car le scénario manque d’audace alors que le récit pouvait être largement plus épique. On regrettera que les ajouts romancés soient si téléphonés alors qu’on aurait sans doute pu avoir de meilleures idées. Enfin, si les prestations des acteurs sont correctes, on ne peut que constater que les soldats que retrouve Chickie manquent de profondeur tandis que le film attire l’attention sur un personnage qui n’existe pas dans le récit original. Le personnage de Russell Crowe bien que pas inintéressant, reste finalement assez inutile car même s’il est là pour aider le héros à avoir une prise de conscience sur les méfaits de la guerre, on ne peut que s’attrister de la facilité d’avoir créer de toutes pièces un personnage pour amener vers ce changement d’opinion, alors que le vrai Chickie Donohue n’a eu besoin de personne pour y parvenir, c’est en quelque sorte minimiser la capacité du héros à se remettre en question et se déconstruire par lui même. 

Si vous aimez la bière, les aventures originales, le film devrait vous plaire, malgré quelques maladresses scénaristiques, on passe un relatif bon moment. The greatest beer run ever c’est en quelque sorte le petit film sympathique à regarder sous un plaid un dimanche après midi, mais il reste une œuvre qui, de par son manque d’audace, reste finalement assez plate et risque de vite être oubliée… dommage car le récit était prometteur!