ROBIN DES BOIS mais laisse de marbre
Qui ne connaît pas Robin des Bois ? Héros légendaire avec sa bande qui vole aux riches et donne aux pauvres, une histoire maintes et maintes fois transposée au cinéma, à la TV, en livre etc…
Les adaptations cinématographiques sont légions, même Laurel et Hardy ont failli faire la leur avant que Oliver n’ait des soucis de santé et que Stanley manque d’investisseurs. Un des plus connu à ce jour reste le Robin des Bois de 1991 avec Kevin Costner, Morgan Freeman, Christian Slater ou encore le regretté Alan Rickman. Pour l’anecdote, la même année, une autre version est sortie un mois avant avec Uma Thurman, mais passée inaperçue face au blockbuster plein d’acteurs « bankables” de l’époque (oui parce que Christian Slater hein…).
Plus récemment, une autre adaptation a vu le jour, par Ridley Scott, avec Russel Crowe en Robin des Bois. Le film aura eu un accueil mitigé, toutefois il reste un bon divertissement et il se démarque quelque peu par sa volonté de coller à une certaine véracité historique.
Et en 2018, un nouvel opus du justicier sort sous la direction de Otto Bathurst, un réalisateur TV britannique bien vu dans le milieu là bas. Au casting on retrouve Taron Egerton (Rocketman, Kingsman), Jamie Foxx (Django Unchained) ou encore Ben Mendelsohn (Rogue One).
Un énième Robin des bois ?
Robin des Bois c’est une histoire revisitée à chaque fois, que ce soit à la sauce Disney ou sur un ton dramatique à la Ridley Scott force est de constater que chaque réalisateur veut se démarquer de cette histoire connue de tous.
Ici, le traitement de Robin des Bois est différent, on est sur un jeune noble, amoureux de Marianne qui part faire les croisades durant 4 années contre les Sarrasins. Cette guerre le laissera marqué quand son supérieur ordonnera l’exécution de nombreux innocents et adversaires désarmés, dont un jeune garçon sous les supplications de son père (Ici Jamie Foxx alias Petit Jean). Robin se rebellant contre cet acte, se verra renvoyé en Angleterre par son supérieur Guy de Gisborne.
En revenant chez lui, Robin découvre qu’il a été déclaré mort par le Shérif de Nottingham (Ben Mendelsohn) et que celui-ci s’est emparé de ses biens pour financer l’effort de guerre.
Robin apprends par la suite que des rebelles préparent une révolte contre le Shérif et que leur chef est le compagnon de Marianne qui a refait sa vie entre temps. Il fait ensuite la rencontre de Petit Jean revenu pour se venger de Gisborne, et celui-ci va s’associer avec Robin pour faire basculer le pouvoir en place et aider le peuple.
Vous avez donc ici les bases de l’histoire, maintenant est-ce que ça tient la route ?
Un Robin des Bois un poil trop “badass”
Le film en lui même se prends trop au sérieux, avec des effets spéciaux moyens, on se croirait dans une production de Luc Besson contemporaine….
Pour moi c’est raté, le côté héroïque de Robin est mis à mal par une volonté de le faire passer pour un espèce de héros moderne entre Marvel et Jason Bourne mais dans une période médiévale.
Il n’y a qu’à voir la scène des croisades, les sarrasins tirent des flèches avec une arbalète “mitraillette” on a l’impression de voir une copie d’un film à la sauce “La Chute du faucon noir” mais avec des habits de croisés et des flèches. Le truc ne tient pas, on nous transpose, rien que pour cette scène, une bataille qui ressemble plus à une scène de guerre moderne qu’une scène de guerre ancienne, la crédibilité déjà, fait sortir du récit.
La suite du récit n’est pas franchement meilleure, la rencontre entre Petit Jean et Robin puis la naissance du mythe de Robin des Bois qui nous la joue “super héros” à la Rambo qui se prépare à se battre avec un montage d’entraînement digne d’un film des années 90. Le héros qui tire une flèche sans regarder et atteint sa cible, ça devient ridicule et surtout déjà vu d’une manière un poil plus comique avec Hawkeye dans Avengers…
Ce n’est pas Batman bon sang !
Robin ici c’est le beau gosse, qui a peur de rien, qui balance des flèches aussi vite qu’un Schwarzy dans Commando avec sa sulfateuse et qui, si l’acteur n’était pas d’une corpulence normale, aurait pu être qualifié d’Expendables médiéval. Petit Jean, lui, c’est un espèce de mentor à la Maître Miyagi au final, mais avec un côté Dr Schultz de Django Unchained en largement moins charismatique (ironique quand on y pense d’ailleurs).
Dans ses attaques, comme on est ici sur la naissance du héros, la bande n’est pas formée, si on excepte Frère Tuck qui est est en quelque sorte un agent infiltré dans les quartiers du Shérif, du coup les alliés de Robin sont des rebelles anonymes sans réelle consistance, dommage également.
Un héros creux et insipide
Le héros au final n’a pas vraiment de matière, pire encore, on est loin du charisme d’un Kevin Costner ou d’un Russel Crowe pour la peine. Non, ici, Taron Egerton nous sert un Robin proche de son personnage de Kingsman en fait, sauf que dans Kingsman, l’exagération des protagonistes est volontaire et colle à l’ensemble. Dans ce film c’est limite pathétique en fait, à aucun moment on a peur pour le héros, pourtant il parvient, dans l’histoire, à regagner sa place à la cour, devenir allié du Shérif etc… il est en mode agent double mais ça ne prend pas…
Quant à sa relation avec Marianne, c’est pareil, c’est d’un creux abyssal, on ne ressent aucune alchimie entre les deux. Elle a refait sa vie avec Will, le chef des rebelles, et elle est tiraillée par le retour de Robin, je vous laisse voir la suite, mais c’est cliché et téléphoné à mort.
Robin Des Bois aussi bien que le Roi Arthur de Guy Ritchie (oups)
La comparaison est volontaire je vous rassure, mais à trop vouloir en faire, ici dans l’action par rapport au récit principal, on se perds dans une parodie du roman sous stéroïdes qui aurait pu prendre dans les années 80/90 mais pas dans les années 2020 malheureusement. C’est limite si Hamlet avec Schwarzenegger dans Last Action Hero n’aurait pas été meilleur au final.
Robin Des Bois reste sombre qui plus est, et le jeu des acteurs est aussi plat qu’une limande. Pour l’ensemble, les décors sont très moyens, on a une impression de renfermé, avec des décors finalement assez pauvres et de très rares plans d’ensemble pour nous montrer un minimum de paysages ou de grands espaces. Tout est trop cloisonné et devient vite anxiogène au point où on se demande comment le héros parvient à se mouvoir dans le film tellement on a l’impression que tout est trop petit.
Le long-métrage aurait pu être un bon film en vérité, mais tout est déséquilibré, trop “cheap” en quelque sorte. Ses prédécesseurs, sans être des chefs-d’oeuvres, ont le mérite d’avoir su marquer les esprits car ils collent à leur époque. Ici on a trop peu d’humour, trop d’action téléphonée, pas assez d’enjeux, bref c’est un peu comme boire une bière coupée à l’eau, l’aspect semble bien et quand on goûte on est déçu… Et bien ici c’est pareil, on est sur un Robin des Bois fade, qui se la pète un peu trop et qui, surtout, est plus attiré par la vengeance que par la philanthropie… Dommage…
Je vous laisse, je vais me revoir Sacré Robin des bois pour la peine !