ARMY OF THE DEAD

Vous avez sans nul doute entendu parler de Zack Snyder ces derniers temps je suppose. Comment ne pas passer à côté du Snyder’s Cut du film passable qu’était Justice League. Si le film fera sans doute l’objet d’un article ultérieur, le film dont nous parlons aujourd’hui, Army of the Dead, signe le retour officiel de Snyder derrière la caméra après une longue absence pour des raisons personnelles. L’occasion de voir s’il a toujours la main sachant qu’il est celui derrière le cultissime Watchmen de 2009.

Mais ? L’Armée des Morts, ce n’est pas déjà un film de Snyder ?

En 2004, un film de zombies particulièrement prenant voit le jour : Dawn Of The Dead, traduit en France par L’Armée des Morts. Ce film nous offre des zombies adeptes du running, qui poursuivent sans relâche un groupe de survivants enfermés dans un centre commercial. Remake / adaptation du classique Zombie de George Romero (qui appréciera le film), ce film réalisé par Snyder et co-scénarisé par James Gunn (Gardiens de la galaxie) aura eu un franc succès auprès du public amateur de ce genre d’opus.

Le film en lui-même multiplie les caméos subtils à son grand frère dont il est largement inspiré. Le film est bien monté, bien huilé même, et on prend plaisir à suivre notre groupe de survivants tenter de fuir une bourgade infestée de zombies toujours plus nombreux chaque jour qui passe. Je vous passe la critique du film, que je trouve excellent, mais il était obligatoire de vous parler de ce film avant de vous parler de l’autre justement.

Une suite ? Un reboot ? Un film à part ?

Army Of The Dead est compliqué à situer aux premiers abords. On parle ici d’un film imaginé comme une sorte de suite, ou de film situé dans le même univers que son grand frère de 2004, en gros on appelle cela une suite “spirituelle” car le film n’est pas directement lié à son précédent opus, mais il est similaire en bien des points, et on peut imaginer une connexion dans son imaginaire. En vérité, Snyder a surtout eu envie de créer un véritable univers à part entière.

Au départ, James Gunn devait réaliser le film, mais celui-ci déclina, très occupé par son The Suicide Squad (dont on ignore encore au moment où j’écris s’il est une suite lui aussi, ou un reboot alors que certains acteurs du précédent volet ont rempilé dans le même rôle). Développé initialement par Warner et Universal, c’est finalement Netflix qui en acquiert les droits en 2019.

Au niveau du casting on retrouve entre autres Dave Bautista (Gardiens de la galaxie), Theo Rossi (Luke Cage, Sons Of Anarchy), et une pléthore d’acteurs assez méconnus du grand public français (malgré la présence de Nora Arnezeder, une française ayant fait ses classes dans plusieurs films français comme second rôle).

Petite anecdote et non des moindres, l’un des personnages, le pilote d’hélicoptère, interprété par Chris D’Elia, a été remplacé alors que le film était terminé par l’actrice Tig Notaro. Ce dernier, accusé de harcèlement sexuel, a été évincé du film en postproduction pour être remplacé numériquement par Tig Notaro, qui a tourné l’entièreté de ses scènes seule sur un fond vert. Le résultat final est invisible, mais Bautista proclamera sa tristesse et sa frustration de ne pas avoir pu jouer avec elle en vrai, alors que dans le film elle semble avoir toujours été là.

Quel synopsis ?

Army Of The Dead se déroule à Las Vegas, cité du vice et du jeu infesté de zombies assoiffés de chair et de sang. La ville a été contaminée par une créature mystérieuse, sortie de la Zone 51 et qui, suite à un accident (vraiment stupide) s’échappe et commence à contaminer toute la ville de Vegas située non loin des lieux du crash. La zone de Vegas est alors sous quarantaine, et le président décide de neutraliser atomiquement la ville pour préserver la population.

Durant ce laps de temps, on va suivre une bande de mercenaires, embauchés par un milliardaire japonais pour récupérer une énorme somme d’argent qui dort dans le sous-sol d’un hôtel / casino dans une chambre forte ultra-sophistiquée.

De là, une équipe assez diversifiée prend part à l’aventure, un mercenaire aguerri, une pilote d’hélicoptère chevronnée, un spécialiste des coffres-forts, un « influenceur » spécialisé dans le butage de zombies et j’en passe et des meilleurs.

Le but sera de suivre cette équipe à la Ocean’s Eleven, à travers un Vegas infesté pour récupérer l’argent avant que l’ogive nucléaire ne rase la ville.

Héritage décrépi ou Army of the Dead déchaînée ?

Le film est bien, je n’irais pas jusqu’à le qualifier de très bon, mais il est franchement bien et fait le boulot demandé, à savoir nous divertir.

Si en 2004 Snyder a eu de bonnes idées dans sa réinterprétation du classique de Romero, il a cette fois encore rendu hommage à certaines œuvres du père du genre Zombie en donnant un côté humain à ceux-ci. On voit que les zombies ne sont pas de simples bêtes qui veulent juste manger de l’humain tant qu’ils peuvent, non, ils sont plus intelligents que cela justement.

On a cette habitude du zombie binaire de The Walking Dead, mais un zombie qui a évolué, cela faisait un moment que nous n’en avions pas vu. Certes, on représente maintenant les zombies comme des créatures parfois proches d’un animal prédateur, qui court et tue sa proie, mais pas comme un être qui se dote de notions tribales, de rituels ou autre.

En 1985, dans Le Jour des Morts Vivants, toujours de Romero, on voyait Bub, le zombie intelligent. Plus tard, dans Land Of The Dead, toujours du même réalisateur, on voyait un zombie plus évolué que les autres devenir une sorte de leader. Bref, l’idée ne date pas d’hier, mais elle n’a, jusque-là, qu’été peu exploitée en profondeur, et c’est ce que Army Of The Dead propose de plus novateur à mon sens.

On voit rapidement que la créature échappée est une sorte de créature intelligente qui contamine ses proies en les rendant parfois comme des zombies basiques, mais parfois comme des créatures redoutables capables de véritables interactions sociales entre elles ou envers leurs proies. Ainsi, on constatera que la créature fait figure de roi, et qu’il a avec lui une reine par exemple. On retrouve un peu ce schéma dans Je Suis Une Légende à travers la scène de fin coupée (qui aurait dû être la bonne à mes yeux) qui montre que les vampires sont des êtres intelligents et dotés de sentiments.

Plus zombie que chasseur…

Les zombies sont plus fascinants que l’équipe, ce qui est un peu dommage justement. Ce qui est finalement le point faible majeur, c’est le manque de profondeur des personnages. Ils sont trop nombreux, certains pas assez bien exploités, d’autres trop, bref on a une sorte de déséquilibre sur les personnages qui fait que l’on s’intéresse plus à la fascination pour les zombies et leur évolution sociétale que pour l’enjeu de l’histoire.

Les scènes sont bien faites, le film est rythmé, prenant, on a des moments de relâchement un peu drôles, mais on a aussi une impression de trop peu avec une fin quelque peu bâclée alors qu’elle présente un élément assez important pour la suite de l’histoire (je ne vous spoilerais pas mais j’ai été très déçu). On se dit que l’un des éléments les plus importants à la fin est envoyé dans les ronces au profit d’une fin ouverte classique qui risque d’aboutir à du futur réchauffé dans un univers partagé annoncé à la Marvel.

Alors c’est bien du coup ou on peut s’en passer ?

Si le film est de bonne facture, on regrettera donc que les bonnes idées du film soient rapidement balayées au profit de personnages assez légers et peu intéressants dont on ne se soucie guère au final, et c’est dommage car Snyder a eu réellement de bonnes idées, y compris dans son introduction, certes, faisant penser un peu à du Watchmen (forcément Snyder est le réalisateur de ce chef-d’œuvre), mais en un peu moins bien justement.

Pour résumer, je ne peux que vous conseiller de voir ce film si vous aimez le genre, c’est divertissant, c’est parfois amusant, ça fourmille de bonnes idées, mais malheureusement on reste un peu sur sa faim, et on n’attend pas ou peu la suite annoncée, ainsi que les séries dérivées annoncées et le préquel Army of Thieves dont la bande-annonce est sortie à la fin du mois de juillet.

À voir si Zack Snyder parviendra à nous étonner et surtout s’il ne mettra pas ses meilleures idées aux oubliettes au profit de facilités scénaristiques comme on ne peut que le constater ici…