On se jette dans LE GRAND BAIN ?
Étrange sentiment à la sortie de la salle quand je suis allé voir Le Grand Bain de Gilles Lellouche, comédie dramatique nouvellement réalisée par l’acteur-réalisateur que l’on a souvent vu dans des rôles de grande gueule, brute de décoffrage, aux côtés de Jean Dujardin ou Guillaume Canet au cinéma. Et je ne parle même pas du récent Bac Nord où il navigue toujours dans ce registre. J’y étais allé avec un à-priori relativement positif suite à des critiques assez bonnes et un bon bouche-à-oreille public. Et néanmoins, je restais quelque peu méfiant… Et ce film m’a fait peur, très peur.
LE GRAND BAIN de la dépression
Dès le début, la verve et le rythme de la bande-annonce sont assez peu présents dans le film en réalité. On suit plus la dépression du personnage introductif dans toute sa lenteur et ses silences puis sa rencontre avec un groupe d’autres écorchés-vifs qu’à une succession de vannes dans une joyeuse gaudriole ! Il n’empêche que la lourdeur dramatique et les personnages de losers présentés ici nous font néanmoins s’attacher aux héros de cette aventure « sportive » des plus originales. Même si, depuis, Les Crevettes Pailletées m’a fait ré-évaluer l’originalité sportive.
Et malgré des lenteurs établies pour présenter en profondeur la lourdeur du passif des personnages, l’humour s’insinue rapidement. Le couple interprété par Mathieu Amalric (Le Bureau des Légendes, Quantum of Solace, Camille Redouble) et Marina Foïs (Polisse, Barbaque, Papa ou Maman) tend parfois à l’absurde, tout comme le décalage du personnage de Philippe Katerine (réellement brillant et doté des meilleures répliques qui donnent… la banane !) en sont les premiers exemples… Le poids de la misère sociale et affective mêlé à un humour décalé fait parfois songer à The Full Monty.
Casting qui surnage
Ce film est peut-être un peu trop écrit au niveau des répliques mais il est très bien servi niveau casting. Le Grand Bain réussit l’essai de transformer un film « auteurisant » quelconque en une comédie humoristique intéressante qui ne verse quasi-jamais dans le scabreux : Benoît Poelvoorde (Les Randonneurs, Podium), Guillaume Canet (Les Petits Mouchoirs, La Plage), Jean-Hugues Anglade (Nikita, La Reine Margot), Philippe Katerine (Gainsbourg Vie Héroïque, C’est quoi cette famille), Virginie Efira (Benedetta, Adieu les cons), Leïla Bekhti (Tout ce qui brille, La Flamme), Claire Nadeau (Cocoricocoboy, Kaamelott, Les Tuche), et j’en passe, sont tous impliqués et rendent cette compétition de natation synchronisée masculine digne d’intérêt au milieu du marasme de leur quotidien.
Le Grand Bain n’est pas vraiment un grand film, ni même une réelle tranche de rigolade, mais il a le mérite de transformer une peinture de misère sociale en un petit bonbon d’absurdité et de fraternité. À noter que la version DVD comprend 10 minutes de plus : une version longue pour une comédie française, je ne crois pas que ça soit hyper-courant ! Bref, pour moi Le Grand Bain n’est pas de l’ordre de l’indispensable, mais de l’agréable sans nul doute !
