Passer une soirée en BAD COMPANY ?

Bad Company à l'affiche
Bad Company à l'affiche

Disney+ ayant lancé son offre Star, de nombreux films des années 90 et 2000 ont fait leur apparition dans le catalogue de la marque emblématique de Mickey Mouse. L’occasion de découvrir ou redécouvrir, pour le pire et pour le meilleur, des films de notre enfance ou adolescence (si vous êtes né dans les années 80), et se replonger dans une nostalgie coupable mais qui fait du bien au moral. L’un des films que je voyais souvent dans le Videofutur de mon quartier, c’était Bad Company, une sorte de film thriller / action sur lequel on trouve le duo Chris Rock / Anthony Hopkins. Je n’avais jamais eu l’occasion de voir ce film, c’est désormais chose faite, et j’avais envie de vous en parler.

Bad Company avec Chris Rock en 2002
Bad Company avec Chris Rock en 2002

Typique de la fin des années 90

Bad Company réunit un duo inédit : Chris Rock (l’Arme Fatale 4) et Anthony Hopkins (Le silence des agneaux). Le duo est assisté de plusieurs seconds rôles, dont l’antagoniste campé par un Peter Stormare (Bad Boys 2, Armageddon) encore et toujours dans un rôle de bad guy venu de l’Est mais aussi Kerry Washington (Django) ou encore John Slattery (Avengers). Le reste du casting est efficace sans être inoubliable bien entendu. 

Le long métrage est réalisé par Joel Schumacher, réalisateur très connu, qui nous a quitté en 2020 et à qui l’on doit l’excellent Chute Libre avec Michael Douglas, 8mm avec Nicolas Cage, ou le très passable et traumatisant Batman Forever. 

Le film nous place dans un synopsis typique des années fin 90 / début 2000 avec une histoire un poil plus plausible que les nanars d’action des années 90, mais un côté un peu trop relax sur l’espionnage à outrance, époque bénie du cinéma où Jason Bourne avait ouvert les portes des films d’espionnage “réalistes” au détriment des fantaisies James Bond-esque qui commencent à s’essouffler, avant l’arrivée d’un Daniel Craig froid et très “Bourniesque” dans le genre. 

L'Oscarisé doublement Anthony Hopkins
L’Oscarisé doublement Anthony Hopkins

BAD COMPANY, good story ?

Nous suivons ici les aventures de Jake, jeune afro américain débrouillard mais un peu galérien qui vit dans les quartiers populaires de NY. Il voit toquer à sa porte un agent de la CIA, Oakes, qui lui demande d’aider son organisation à déjouer une affaire de trafic d’armes nucléaires qui avait été entamée par son frère jumeau malheureusement mort sur le terrain tout récemment. Celui-ci était la figure de proue de la mission en tant qu”agent infiltré, et la CIA a besoin de Jake pour continuer à jouer le rôle tenu par son frère avant sa mort. 

Problème, Jake ignore l’existence de son frère jumeau, et n’a aucune expérience. Il doit être formé en urgence, alors que son jumeau, lui, est tout son opposé, de là, notre “héros” devra tout mettre en œuvre pour mener à bien sa mission et sauver son pays, voire même le monde. 

Vous avez donc ici la trame principale, un classique du genre, à savoir le vieux briscard de la CIA qui recrute un nouvel agent en passe de lui succéder mais qui n’a aucune expérience du tout et qui est en fait talentueux. Le tout dans une sorte de menace nucléaire parce que le nucléaire est la plus grosse menace possible encore de nos jours pour le cinéma hollywoodien. 

Maintenant que les bases sont posées, que dire de ce film ?

Tope m'en 5 dude !
Tope m’en 5 dude !

De BAD COMPANY ou pas ?

Le film est regardable, cela va sans dire, on ne passe pas un mauvais moment. Les acteurs jouent le minimum syndical, on aurait aimé des enjeux plus réalistes mais le film est au final très prévisible. Le personnage de Hopkins est plutôt fade : on essaye de nous le proposer sous un angle charismatique du vieil agent qui connaît toutes les ficelles, mais on a du mal à y croire, notamment dans les scènes d’actions ou l’on voit que l’acteur n’est pas fait pour ce genre de rôle et ne bouge pas comme un acteur classique de ce genre de cinéma.

Le souci vient surtout qu’au lieu de nous présenter un personnage vieillissant dans des scènes d’actions, comme un Danny Glover dans l’Arme fatale par exemple, on nous fait fi en quelque sorte de son âge et on nous le fait passer pour un agent aussi bon que les plus jeunes et fringants de l’agence, ce qui perd en crédibilité à mes yeux. Sans pour autant dire que le rôle est mauvais, et que Hopkins n’en fait pas assez, je pense simplement que le personnage manque de profondeur et on aurait aimé que celui-ci fasse moins “badass” et plus agent vieillissant qui veut passer le flambeau. 

Chris Rock, lui, n’est pas si mal que cela, j’avais peur de revoir un Chris Rock survolté ou faisant du stand-up, il n’en est rien, le personnage reste attachant, crédible dans son histoire, et les quelques passages humoristiques sont assez bien dosés pour ne pas nous donner le côté malaisant de la chose. Choisir un comédien habitué à des rôles comiques est un risque, cependant, Rock avait déjà fait ses preuves chez Richard Donner avec l’Arme Fatale 4 où son personnage de Butters parvenait à rester drôle sans jamais sortir du cadre dans lequel son personnage était affecté, créant une synergie entre les acteurs parfaite à mes yeux. 

Rythme asthmatique…

Là où le film pêche un peu c’est son rythme, assez inégal avec peu de scènes d’action, et pas forcément bien lisibles. On passe trop de temps sur la formation des personnages, où la sous intrigue avec sa copine (Kerry Washington) et on en oublie presque les enjeux de l’histoire qui sont relativement importants (sauver le monde quand même). Là où le film se “vautre” c’est qu’il nous balade beaucoup trop à mon goût. La première scène nous place en contexte de façon cohérente, mais la mission de Jake est assez peu compréhensible par la suite, on le voit plus se pavaner en robe de chambre dans un hôtel que se mettre en danger, et les quelques mises en danger du héros sont relativement fades car la CIA lui sauve les miches à chaque fois. 

Au final, le héros bien qu’attachant n’est pas très crédible, on a jamais une seule fois peur pour lui, à aucun moment on n’éprouve un quelconque suspense qui nous fait nous poser des questions sur l’enjeu vis à vis des personnages. Le film est relativement plat au final, aucun rebondissement, des personnages fades, et un final téléphoné au possible où le rôle de Kerry Washington n’a été finalement créé que pour donner une sorte de challenge au héros qui se révèle sur la fin, mais trop tard pour le spectateur qui avait déjà décroché depuis belle lurette. 

Bad Company en mode buddies
Bad Company en mode buddies

Un film à oublier ?

Le long-métrage n’est pas forcément à oublier, il est passable, mais il se regarde tranquillement sur son canapé. Le film n’est pas trop long, les acteurs sont agréables, la sauce du début des années 2000 est là. Bien que l’ensemble soit encore trop ancré sur les 90’s par rapport aux productions de la même époque, bref, on ne passe pas un moment désagréable. 

Le tout est lisible dans son ensemble malgré des scènes d’action brouillonnes à mon goût, on a du mal à s’attacher aux personnages mais le héros a tout de même un petit côté attachant qui fait qu’on a envie de voir comment se termine son histoire, même si elle est très prévisible en soi. 

Schumacher nous aurait habitué à mieux, mais il aurait fait bien pire, on est en quelque sorte sur un film de catalogue, bien fichu mais passable, là uniquement pour titiller votre curiosité si comme moi vous appréciez les deux acteurs principaux. Le scénario, bien que réchauffé, n’est pas une mauvaise idée. Toutefois, elle aurait pu avoir le mérite d’être sans doute exploitée plus en profondeur en donnant plus de grain à moudre aux protagonistes et avec quelques rebondissements marquants.

La preuve par l’exemple…

Je vous donne un exemple d’un film correct mais qui n’est pas un chef d’œuvre : US Marshall, le spin off du Fugitif où l’on retrouve Tommy Lee Jones. Quand l’un des personnages principaux se fait tuer par un autre qui est en réalité un traître, on sursaute autant qu’on est en colère, et pourtant le film n’est pas un chef d’œuvre bien qu’il compte dans les classiques, mais la finalité c’est qu’on se souvient de ce passage. 

Je vous donne cet exemple car il reflète justement ce qui manque à Bad Company, des enjeux et des rebondissements, on a finalement un film correct mais très plat, qui manque de fond, de charisme, et qui fait qu’une fois le film visionné, on ne garde aucune scène en mémoire si ce n’est le vague souvenir de la jaquette qu’on voyait gamin dans les rayons de son vidéo club à l’époque où le cinéma à la maison c’était une interaction avec un être humain et non pas une enceinte robot ou un smartphone.

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