UNCUT GEMS, bijou à l’état brut ?

Uncut Gems
Uncut Gems

En tout début d’année 2020, Netflix nous sort un énième film de Adam Sandler : Uncut Gems. Bon, j’aime beaucoup le gars, notamment ses sketchs et quelques films comme Click, Waterboy ou encore Happy Gilmore, mais force est de constater qu’il s’est bien souvent contenté de comédies potaches et familiales, souvent passables qui ont fait qu’on en a presque oublié son talent de comédien. 

Il faut dire que Netflix et Sandler ont signé un partenariat exclusif, ce qui a donné droit à quelques comédies nanardesques comme Ridiculous 6 (j’ai pas tenu 30min dessus) qui font que, pour ma part, je n’avais pas vu un bon film de Sandler depuis Pixels en 2015 (et encore parce que le film a joué la nostalgie avec moi). 

Pourtant, là, Uncut Gems change la donne radicalement, et c’est peu dire, vous allez comprendre mon propos. 

Adam Sandler dans Uncut Gems
Adam Sandler dans Uncut Gems

Uncut Gems et les hologrammes

Uncut Gems est réalisé tout d’abord par Joshua et Ben Safdie, deux cinéastes indépendants peu connus par chez nous mais qui ont bonne réputation dans le milieu. Leur dernier film notable est Good Time avec Robert Pattinson, qui fut présenté à Cannes en 2017. 

Au casting on retrouve donc Adam Sandler, Eric Bogossian (Piège à grande vitesse), Judd Hirsh (Independance Day), The Weeknd et le basketteur Kevin Garnett dans leurs propre rôle et une apparition de Pom Klementieff (Gardiens de la Galaxie) pour les plus connus d’entre eux. 

Le film n’est pas une comédie, je préfère vous l’annoncer d’emblée, comme ça vous comprendrez mieux la suite. L’action se situe à New York, et on suit le personnage de Howard Ratner, bijoutier et quelque peu filou qui voit sa vie chamboulée le jour où l’une de ses pièces les plus précieuse est volée. 

L’intrigue est basée sur une pierre précieuse, l’Opale d’Ethiopie que notre héros récupère pour la revendre et éponger ses dettes. Il la propose au basketteur Kevin Garett qu’il a pu contacter via un de ses associés, mais celui-ci la voyant comme un porte bonheur, va lui demander de lui prêter quelques jours le temps de se décider pour l’achat. Un échange de quiproquo et de non-dits feront que le joueur partira avec, et Howard n’aura de cesse que de tenter de récupérer son bien tout en calmant les ardeurs de ses créanciers, issus de la pègre locale. 

Adam Sandler dans Uncut Gems
Adam Sandler dans Uncut Gems

Uncut Gems et son anti-héros

Car oui, Howard n’est pas forcément un héros, c’est tout l’inverse au final, père de famille absent, trompant son épouse avec une jeune femme sortie d’un catalogue de lingerie, ayant plus souvent recours à l’arnaque qu’au commerce honnête, on a ici le portrait parfait du mec détestable. 

Pourtant, Howard c’est un beau parleur, le genre de gars qui vous saoule tellement qu’à la fin vous achetez pour le faire taire, et c’est son talent, il est rusé et bon vendeur, mais voilà, notre ami est toujours borderline, que ce soit dans sa façon d’agir ou ses fréquentations, et cette fois-ci il arrive en bout de course et le fil devient tendu au point de se casser. 

Toute l’intrigue sera donc basée sur cette quête de notre ami pour se dépêtrer de sa situation, dans un flot incessant de paroles qui fatigue autant les protagonistes que le spectateur mais sans jamais nous faire sortir du film. Entre le fait de gérer sa vie de famille, son amante folle amoureuse, ses fréquentations et ses déboires avec son opale, Howard va avoir la vie dure et c’est peu dire. 

Adam Sandler dans Uncut Gems
Adam Sandler dans Uncut Gems

Adam Sandler a du talent et on en a la preuve !

Le film est épuisant, non pas dans un sens péjoratif, mais dans le sens littéral du terme. La caméra bascule de dialogue en dialogue, les personnages parlent tout le temps, surtout Howard, que ce soit au téléphone, dans sa boutique, bref, il parle tout le temps et on compte sur les doigts d’une main les moments de silence dans le film.

Sandler est bluffant, on avait un petit peu vu ses capacités dans Sandy Wexler, un film Netflix, dans un rôle sérieux de personnage charismatique qui parle beaucoup, mais ce n’était pas au niveau de ce rôle là. On sent totalement le désarroi du héros, sa manière de faire, on arrive à plonger dans l’esprit de Howard à tel point que son débit de parole devient limite perturbant quand il cesse.

Les acteurs jouent tous très bien, on sent réellement une harmonie générale dans un film au montage très dynamique et aux dialogues incessants qui feraient passer le cinéma d’Oliver Stone pour un film d’auteur silencieux tellement les paroles fusent sans s’arrêter. 

Julia Fox
Julia Fox dans Uncut Gems

Uncut Gems : fort et attachant

La force du film tient aussi bien dans son intrigue que ses personnages, même si Sandler est partout, les seconds rôles tiennent vraiment la route et donnent de la matière au film au lieu de juste servir comme souvent d’accessoire passable à l’intrigue. 

Le personnage principal est du coup hyper attachant, voire beaucoup trop, et l’intrigue évoluant, on commence par détester ce personnage puis au final voir en lui un bon gars rattrapé par ses mauvais choix mais qui veut toujours bien faire et satisfaire tout le monde. Je vous laisse découvrir la fin, on est pas ici pour spoiler, mais attendez-vous à être surpris par celle-ci, et au final, vous devriez encore plus adorer notre cher Howard.

Uncut Gems est donc une jolie pépite de Netflix, les deux réalisateurs maitrisent parfaitement leur métrage, et le jeu de Sandler est véritablement bluffant, et mériterait pour moi d’être nominé pour des récompenses. Pour info d’ailleurs, le rôle devait au départ aller à Jonah Hill qui n’a pas pu se libérer, laissant champ libre à Sandler, qui aura même droit aux félicitations du grand Daniel Day Lewis qui l’a appelé personnellement, si ca ne suffit pas pour vous convaincre… Espérons revoir Adam Sandler encore de nombreuses fois dans des films de la sorte, ca lui va très bien !

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