KIKI LA PETITE SORCIERE : la plus grande de toutes les Kiki ?
Kiki La Petite Sorcière (ou Majo no takkyübin) est le cinquième film d’animation du réalisateur japonais Hayao Miyazaki. Il l’a bien entendu réalisé via le studio Ghibli et il adapte un livre pour enfant d’Eiko Kadono. Miyazaki est désormais considéré comme un maître de l’animation, parfois comparé à un Walt Disney japonais. D’ailleurs, la société Disney ne s’y est pas trompé en distribuant à travers le monde les films du réalisateur via sa filiale Buena Vista à partir des années 2000. Et notamment en France en mars 2004 pour Kiki La Petite Sorcière. Néanmoins, ce film des studios Ghibli est sorti au pays du Soleil Levant en juillet 1989 et a donc attendu 15 ans pour débarquer dans nos salles obscures.
Kiki La Petite Sorcière : tranche de vie
Notre jeune héroïne est une adolescente qui part pour son année de formation de sorcière à l’âge de 13 ans. Elle quitte la maison familiale pour rejoindre « la grande ville » accompagné de son chat noir Jiji. Ne pouvant que voler, la jeune sorcière y lance un service de livraison pour s’intégrer et ainsi gagner sa vie. Elle y croisera divers habitants comme Osono la boulangère qui lui donnera l’idée de son service de livraison ou encore Tombo, jeune amateur de machines volantes (un thème de prédilection du réalisateur), qui deviendra très proche de Kiki.
Kiki La Petite Sorcière débute sa production pendant que les deux grands maîtres du studio Ghibli sont affairés : sur Mon Voisin Totoro pour Hayao Miyazaki et sur Le Tombeau des Lucioles pour Isao Takahata. Mais très rapidement Miyazaki reprendra la main sur ce film pour veiller à sa qualité et assurer son succès commercial. Le studio est encore relativement jeune à l’époque et donc financièrement fragile.
La bande-son sera composée principalement par Joe Hisaishi qui sera en charge des musiques de la majorité des films Ghibli depuis Nausicaä de la Vallée du Vent de 1984 et des films de Takeshi Kitano (Hana-Bi, L’Eté de Kikujiro…). Ses compositions seront ici, au même titre que la ville qui y est présentée, d’inspiration européenne et serviront avec grâce cette fable adolescente.
Un film d’animation tout doux
Si son animation est de grande qualité et ses graphismes doux et gracieux, la poésie de Kiki La Petite Sorcière réside dans son incursion légère de la magie dans le monde réel. Par exemple cela se voit dans le fait que l’on ne peut pas placer réellement cette ville sur une carte ou même dans une temporalité. Ajoutez à cela une quête initiatique et le passage de l’enfance à l’adolescence, et vous comprendrez que le film de Miyazaki est dans ses thématiques des plus intemporelles. On peut aussi noter qu’il n’y a aucun antagoniste : pas de sorcière maléfique ou de menace cosmique, pas même de véritable pimbêche insupportable ! Il s’agit principalement d’une succession de rencontres ! Le film est donc facilement visionnable par des enfants, mais également moins niais qu’on pourrait l’imaginer pour des adultes.
En effet, la tendresse qui émane de ce long-métrage d’animation au même titre que son intemporalité rendent Kiki La Petite Sorcière très agréable à visionner comme un petit bonbon de douceur. Le film n’est pas aussi mielleux qu’on l’aurait imaginé de prime abord, avec des touches mélancoliques (notamment dans l’évolution de Jiji, le chat noir), et un dépaysement des plus charmants. C’est du Ghibli pur jus, sans doute sous-estimé, mais extrêmement plaisant.