GREENLAND : Non rien…
Difficile de trouver un film en période de COVID-19 ! Je n’étais pas super inspiré, attendant à l’époque Tenet avec impatience, j’ai eu envie après une grosse journée de boulot, de me faire une toile et j’ai choisi, histoire de me marrer un peu je l’avoue, le film Greenland.
Greenland c’est quoi en fait? C’est un film où une comète vient tout casser. Voilà, merci de m’avoir lu et rendez-vous au prochain article…. Non je déconne : on va aller un peu plus loin.
Ce film a été réalisé par Ric Roman Vaughn, un réalisateur californien au nom faisant penser à un catcheur de la WWE. Il est surtout cascadeur mais il a fini dans la réalisation, et on lui doit surtout le fameux La Chute du Président, suite nanardesque des déjà fort passables La Chute de Londres et La Chute de la Maison Blanche. Au casting on retrouve donc son ami Gerard Butler (300, La Chute du Président), Scott Glenn (Daredevil, Backdraft, Le Silence des Agneaux) et enfin Morena Baccarin (Deadpool), ainsi que quelques seconds rôles très vite oubliés.
Greenland : recyclage format timbre-poste ?
L’histoire en elle même tient en un mouchoir de poche. Une comète se dirige vers la Terre et doit la frôler, offrant un spectacle grandiose dans le ciel car ses fragments vont se diriger dans notre atmosphère pour y être détruits par celle-ci. Toute la planète en parle, et John Garrity, un architecte écossais vivant dans une petite banlieue US essaye de sauver son mariage et sa famille d’une crise conjugale (du coup la comète il s’en fout un peu le John).
Quelques jours avant le passage de la comète, il aperçoit dans le ciel tout un tas d’avions se dirigeant vers le Nord puis reçoit un message sur son portable lui disant qu’il a été sélectionné et qu’il doit se tenir prêt, lui, sa femme et son fils pour de nouvelles instructions. On comprend donc qu’un truc n’est pas très net, est-ce qu’on nous aurait menti ? Vous le saurez bien assez vite.
Une comète sans Bruce Willis pour nous sauver
Le film en lui même, je l’avoue, a quelques bonnes idées de traitement de l’intrigue, mais je parle bien d’idées. Le côté “loterie” des gens qui se retrouvent sélectionnés fait un peu froid dans le dos, surtout au moment où un fragment s’écrase en pleine Floride détruisant toute la zone et créant un vent de panique. On se rend compte que le gouvernement savait tout et qu’ils ont en douce manipulé les médias pour minimiser les choses et donc les effets de panique, sauf qu’au bout du 1er impact on a vite compris.
Notre héros et sa famille se retrouvent donc à être sélectionnés, et reçoivent un message juste après avoir vu en direct sur la TV avec tous leurs amis la comète s’écraser. C’est pour moi le moment qui m’a plu le plus, quand les amis pensent eux aussi avoir eu ce message chez eux et qu’ils se rendent compte en gros que leur ami va être sauvé mais pas eux. Cette sorte de confrontation entre les gens jugé “utiles à la société” et les autres est pour moi quelque chose qui fait froid dans le dos.
Les architectes comme John, les médecins, les ingénieurs etc… sont plus à même d’être sauvés, mais le commercial, le vendeur de donuts ou le livreur Uber Eats eux ils ne servent à rien donc ils peuvent crever.
Suspense, suspense !
Toute la première partie est relativement concentrée sur cela, on va voir notre petite famille tourmentée tenter d’aller au point de rendez-vous mais leur fils, qui est un peu débile dans l’histoire à mes yeux, fait tomber ses médicaments contre son diabète au moment où tout le monde arrive dans la base militaire censée les amener dans un refuge sécurisé….
Le père va vite chercher les médocs dans la voiture (et franchit la foule des non sélectionnés qui veut en découdre) et la mère va parler du diabète de son fils à un militaire qui va de fait, lui dire que finalement ils sont recalés car on ne veut pas de gens malades comme cet enfant, trop compliqué à gérer en gros de soigner les malades, qu’ils meurent donc….
Le couple va se retrouver séparé et parviendra à se laisser comme seule instruction de se rejoindre chez le père d’Allison (la mère), pour ensuite foncer vers le Canada pour prendre un avion grâce à des passeurs qui emmènent les gens au Groenland, là où justement les américains se sont réfugiés, le tout avant l’impact fatidique qui détruira toute la planète ou presque.
La suite je vous laisse la découvrir bien entendu.
Greenland : de bonnes idées mal fagotées
Si, comme je le disais plus haut, l’idée de la sélection me parait être un excellent sujet, ainsi que le traitement de l’apocalypse par différents personnages secondaires, ceux qui font la fête, ceux qui paniquent, ceux qui se résignent etc… L’ensemble est bourré de stéréotypes, d’un manque d’originalité flagrant et on n’a aucune empathie pour les personnages au final, à part peut être un personnage rencontré lors du périple.
Le héros est trop lisse, il sauve des gens à tout va en oubliant du coup qu’il doit surtout sauver sa famille, il va laisser des mots aux gens à qui il emprunte une voiture (mec, l’apocalypse arrive quand même), essayer de sauver son couple en plus de sa peau bref le mec bien sous tout rapport.
Ici on a voulu nous donner un espèce de background au personnage principal pour qu’on s’y attache, alors que pas du tout. Les personnages secondaires ont plus de consistance alors qu’ils n’apparaissent qu’à de très courts moments. On sait que nos héros vont réussir, on angoisse pas une seule seconde pour eux, et le final est hautement prévisible.
La réalisation est basique, on sent que le réal’ n’est pas un génie, sans vouloir discréditer son travail, il est classique. Aucun plan original, aucun vrai “money shot”, pas vraiment de spectaculaire… Bref un film assez plat, une commande de studio pour faire un peu d’argent avec une tête d’affiche de cinéma un peu bête et méchant.
N’est pas Michael Bay qui veut
Le film catastrophe de fin du monde a toujours fonctionné, rares sont ceux qui sont des chefs d’oeuvre bien entendu. Ce thème est souvent abordé de différentes façons, comédie romantique (Seeking a friend for the end of the world), dramatique (Melancholia), comédie burlesque (This is the end), spectaculaire (2012, Deep Impact, Armageddon), le thème fascine et tente de se renouveler de temps en temps.
Le souci avec Greenland c’est qu’il n’apporte rien du tout, sa réalisation et son intrigue ne servent à rien au final. On touche au spectaculaire, et le genre a été maintes fois abordé avec plus ou moins de succès.
2012 de Emmerich était risible mais disposait d’un bon panel de money shot et de passages drôles qui ont contribué quelque peu à son succès même s’il n’est pas un bon film. Deep Impact abordait le sujet d’une manière intelligente et dramatique (un très bon opus pour moi d’ailleurs) et enfin Michael Bay et son Armageddon qui lui, nous a donné la crème de la crème en matière de spectaculaire fun à savoir : un casting 5 étoiles, des money shots de partout, une bande son d’enfer, des passages drôles et des personnages charismatiques, bref même si le film est pété qu’il n’en peut plus en terme de rigueur scientifique et qu’il a un peu mal vieilli, on prends un réel plaisir à le suivre.
Un peu trop cuit ?
Greenland quant à lui, nous a enlevé tout le fun d’un Armageddon, tout le spectaculaire d’un 2012 et nous offre un traitement dramatique risible par rapport à Deep Impact, en gros la recette ne prends pas. Les ingrédients sont pas mauvais mais la cuisson est mal fichue et on se retrouve à passer 2h de sa vie à voir des personnages inintéressants à gesticuler dans le vent pour sauver leur peau….
Passez votre chemin ou regardez ce film chez vous si le coeur vous en dit, on est plus sur un téléfilm ou Direct to DVD à gros budget qu’un vrai film de cinéma pour moi, dommage !