SENTIENT : Soupçon d’humanité ?

Couverture de Sentient édition Panini
Couverture de Sentient édition Panini

A l’heure où j’écris ces lignes, Noël approche à grands pas. Et on a tous un pote ou un parent qui a tout vu, tout lu niveau science-fiction. Star Wars ? Trop mainstream. Alien ? Vu 6 fois. 2001 L’Odyssée de l’Espace ? Vu 25 fois. Asimov ? Rien d’autre ? Bref, il est vrai, qu’une fois les classiques évacués, faire un cadeau sur la thématique SF ça devient risqué. Et si on tapait dans les comics alors ? Panini vient de traduire un titre de l’éditeur TKO Studios nommé Sentient et honnêtement, ça fait très bien le job.

Histoires d’édition

TKO Studios est un éditeur indé qui s’est lancé aux Etats-Unis en 2017. Il a publié ses premiers titres fin 2018 avec deux particularités. La première d’entre elles a été d’opter pour la vente directe aux lecteurs et aux comic-shops plutôt que de passer par un distributeur (Diamond généralement). L’autre a été de ne pas proposer de single issues (fascicules) à l’unité mais des recueils plus épais type trade paperback ou… Des boîtes contenant plusieurs single issues reprenant la somme des épisodes du recueil ! Bref, ce gimmick m’a fait remarquer l’éditeur de passage dans un comic-shop lyonnais. J’ai acquis un titre par Garth Ennis et Steve Epting sous cette forme, nommé Sara (j’en reparlerai peut-être un jour).

Panini Comics, principalement détenteur de la licence Marvel ici, a décidé de lancer justement des titres de cet éditeur le 2 décembre 2020 en France en commençant par Sara et… Sentient (ça tombe bien, non ?). Ici, dans sa collection Best Of Fusion, Panini propose cette mini-série dans son intégralité sous une couverture cartonnée dans un volume de 168 pages pour une petite vingtaine d’Euros. Personne ne me paye hein ! Mais c’est une bonne occasion de rappeler qu’en France le prix du livre neuf est « bloqué » avec une remise maxi de 5%. Vous pouvez donc l’acheter chez votre libraire local, en ligne sur n’importe quel marchand français ou international, vous le paierez le même prix.

L'équipage du USS Montgomery de Sentient
L’équipage du USS Montgomery de Sentient

Kézako Sentient ?

Déjà, ce n’est pas un vieux jeu vidéo sur la 1ère PlayStation déjà (enfin si, aussi, mais on n’est pas là pour cela) ! Comme évoqué au départ, il s’agit d’une histoire de science-fiction. Dans un lointain futur, un vaisseau se dirige avec des familles à son bord vers une colonie éloignée de plusieurs mois de voyage. Et suite à un carnage au sein de l’engin spatial, les enfants se retrouvent abandonnés à leur sort avec pour seule présence rassurante l’Intelligence Artificielle nommée Val.

Ecrite par Jeff Lemire, ses thématiques habituelles concernant la famille dysfonctionnelle et les souffrances liées trouvent un terreau original en plein milieu de l’espace pour ce voyage intersidéral. Des enfants nouvellement orphelins vont devoir apprendre à s’apprivoiser et à survivre sous le regard bienveillant de leur nouvelle mère « Val », l’I.A. du vaisseau. Bien sûr, on se doute avec les sonorités de son nom et le titre du comic-book que la référence à H.A.L. de 2001 L’Odyssée de l’Espace est assumée. En effet, la sentience est la capacité d’éprouver des choses subjectivement, de « vivre » des expériences… Bref : la conscience quoi.

Isaac, un jeune garçon au destin compliqué
Isaac, un jeune garçon au destin compliqué

Label qualité

Visuellement, c’est Gabriel Walta qui s’y colle. Dessinateur espagnol, son travail le plus remarquable était jusque là l’excellente série The Vision avec Tom King au scénario. Son style est ici très « européen » avec un encrage épais et des expressions faciales marquées. Les décors du vaisseau font poisseux à souhait. L’USS Montgomery de Sentient est plus proche du Nostromo d’Alien que du clinquant USS Discovery de la série Star Trek éponyme. On est en revanche loin du style plus lissé et dynamique des comics de super-héros traditionnels.

Globalement, Sentient est de très bonne facture et mérite largement sa nomination aux Eisner Awards (une première pour TKO !). Si l’on excepte les facilités prises selon moi pour mettre ce vaisseau et ces enfants au centre de l’histoire, les personnages sont extrêmement attachants. Et les rebondissements dans la deuxième moitié du récit maintiennent l’intérêt du lecteur jusqu’au bout. De fait, on a droit à une mini-série complète d’un genre science-fiction maîtrisé par un duo d’auteurs modernes talentueux. What else ?! (et je vais me refaire un café du coup)

Les enfants avant le drame dans Sentient
Les enfants avant le drame dans Sentient

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