DE GAULLE : assez mou ?

Isabelle Carré et Lambert Wilson dans De Gaulle
Isabelle Carré et Lambert Wilson dans De Gaulle

Le Général Charles De Gaulle est une grande figure de l’Histoire de France au XXème siècle, tantôt sur un versant héroïque (l’Appel du 18 Juin) que sur un aspect bien moins glorieux (Guerre d’Algérie). Quelque soit l’avis que l’on peut avoir sur son influence sur la France au cours de sa vie de 1890 à 1970, on ne peut certainement pas nier qu’il en a eu une. Et on pourra de toute façon à minima lui attribuer qu’il aura été le 1er Président de la 5e République…

De Gaulle à la lettre…

C’est ainsi que Gabriel Le Bomin, habitué de documentaires et de films sur les hommes politiques et la guerre (Nos Patriotes, Giscard…), s’est attaqué à De Gaulle. S’il connaît sans doute bien son sujet en co-écrivant le scénario, et malgré une évidente ambition en passant au cinéma, il est clairement trop resté dans le documentaire auquel il était très habitué, notamment pour la télévision. C’est le premier écueil que rencontre le film qui manque d’un angle d’attaque vraiment engageant.

Ce n’est malheureusement pas le seul ! De Gaulle se consacre seulement sur les deux mois précédents le fameux Appel et rentre énormément dans les détails. Enormément, je vous dis ! J’avais l’impression devant ce film d’être face à un prof d’histoire plus imbu de son savoir que réellement pédagogue ou passionnant qui nous raconte avec moult détails une histoire très linéaire. Et malheureusement, malgré une forte présence de la famille de Charles De Gaulle avec sa femme Yvonne et leur trois enfants, peu de romance ou de suspense ne subsistent une fois le Général loin d’eux.

Yvonne, Anne et Charles De Gaulle dans le film
Yvonne, Anne et Charles De Gaulle dans le film

Histoire de famille

Car si Isabelle Carré (Se souvenir des belles choses, Les Emotifs Anonymes…) a énormément de présence à l’écran dans le rôle d’Yvonne et laisse transparaître beaucoup d’émotions dans ses regards, le spectateur se demande un peu… à quoi elle sert dans l’intrigue ! Le réalisateur a tenté d’humaniser son héros en l’inscrivant dans sa sphère familiale. On le retrouve avec une femme aimante, deux enfants qui réussissent leurs études et une troisième, la jeune Anne, atteinte de trisomie. Cependant, ces personnages secondaires n’ont à mon sens jamais d’intérêt autre dans le scénario : leur parcours dans une France en guerre n’a aucune intensité dramatique et leurs plus grandes scènes à l’écran restent celles où elles vont se blottir auprès de Charles De Gaulle, bien évidemment souvent absent de cette sphère.

Pour compenser l’inutilité scénaristique de cette partie des personnages dans son histoire, le réalisateur ira, avec un peu de pudeur mais sans doute pas assez, verser dans le larmoyant. On mettra sur le même plan la destinée professionnelle et patriote de De Gaulle et ses problématiques personnelles comme le fait de devoir travailler loin de sa famille et d’être confronté au handicap, sans jamais choisir, sans jamais donner un semblant d’opinion à travers les répliques ou la mise en scène. Le résultat est froid, rend l’histoire du « héros » banale et est surtout globalement ennuyeux !

De Gaulle ne manque pas à l'Appel
De Gaulle ne manque pas à l’Appel

De Gaulle à l’affiche

Lambert Wilson est assez habitué aux biopics comme récemment avec L’Odyssée où il interprétait le Commandant Cousteau ou encore en 1989 dans Hiver 54, l’Abbé Pierre. Il endosse le rôle avec une certaine allure mais celle-ci est rapidement minimisée par la gêne dans le mouvement qu’apporte les prothèses sur son visage visant à maximiser la ressemblance avec le véritable Charles De Gaulle. Il a aussi un manque de théâtralisation de sa voix qui aurait pu à l’inverse faire un rappel aux discours que l’on peut connaître de lui à travers les archives historiques.

Les autres acteurs sont assez transparents, plus à cause de la mise en scène ou du scénario que de leur talent. On peut attribuer néanmoins le mérite à Olivier Gourmet de ressortir un peu du lot en Président du Conseil Paul Reynaud qui historiquement sera poussé vers la sortie suite à ses désaccords laissant la place au Maréchal Pétain. Il est sans doute le personnage le moins manichéen de tout le film et ainsi paradoxalement une bouffée d’air frais sur cette ligne droite si morne. Sur une moins bonne note, Tim Hudson ressort aussi du lot en jouant un Winston Churchill très caricatural…

Tim Hudson dans le rôle de Churchill
Tim Hudson dans le rôle de Churchill

Long et inutile ?

Cet article va finir par être aussi ennuyeux et linéaire que son sujet. De Gaulle est un biopic raté. Il est trop documentaire pour une fiction et est dans le même temps très déséquilibré entre le chemin menant au fameux Appel du 18 Juin et les affres de la vie familiale. Enfin, les graines ne sont pas semées pour faire de cet Appel un véritable climax (comme dans le Discours d’un Roi par exemple) et on se rendra compte à la fin du visionnage, qu’en fait de ce film trop long, on s’en fiche et pas qu’un peu !

Le trailer du film DE GAULLE

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