SHAZAM! : à 2 doigts du film
Paru initialement en back-up story dans le comic-book Justice League depuis mars 2012 (c’est à dire en histoire secondaire dans une revue qui ne porte pas son titre), Shazam! est le fruit de la collaboration entre le scénariste Geoff Johns, qui était à DC Comics ce que Brian Michael Bendis était à Marvel à l’époque (un « scénariste-en-chef » si on peut dire), et le dessinateur Gary Frank à qui l’on doit avec le même scénariste Batman : Earth-One, Superman : Secret Origin, et surtout le controversé Doomsday Clock, mais que l’on avait découvert il y a quelques années en France sur Hulk avec Peter David au scénario, Midnight Nation ou encore Supreme Power.
Shazam! c’est Marvel chez DC ?
Le duo se penche ici sur la relecture des origines du personnage de Shazam dans le nouvel univers DC, né des suites de l’event de 2011 Flashpoint, et appelé communément désormais New 52 depuis la remise à zéro de l’univers à ce moment là. Pour resituer un peu le personnage, il faut replonger… dans les années 40 ! Ce héros s’appelait à cette époque là Captain Marvel et était édité par… Fawcett Publications. Si on ajoute à cette description le fait que le personnage était une copie plus ou moins avouée de Superman qui connaissait un succès énorme jusqu’aux années 50, vous aurez une idée globale du personnage.
Entre de multiples procès pour plagiat par DC et la récupération de la « marque » Captain Marvel par l’éditeur du même nom, DC récupère le personnage en 1972 et intégré depuis à l’univers courant de la marque sous le nom de Shazam!. Le personnage aura connu un nombre certain de réécritures de son historique dont notamment celle après la remise à plat de l’univers de l’éditeur en 1987 Crisis on Infinite Earths. J’en avais d’ailleurs chroniqué il y a quelques années les 2 premiers numéros sur le forum Buzz Comics ICI et LA, pour les archéologues du net.
Modernisation du Golden Age ?
La nouvelle version présentée par Johns et Frank garde bien sûr de nombreux points communs avec les origines « canoniques » du héros : il s’agit toujours d’un enfant adopté nommé Billy Batson qui va croiser la route d’un magicien qui va lui donner le pouvoir de se transformer en un « héros de la magie » en prononçant « Shazam! ». Ce héros aura une fois de plus la sagesse de Salomon, la force d’Hercule, l’endurance d’Atlas, le pouvoir de Zeus, le courage d’Achille et la vitesse de Mercure mais on est en 2013 donc on gardera pour nous la provenance de l’acronyme que représente son nom.
On retrouvera d’autres éléments de l’éco-système Shazam comme sa némésis Black Adam, le Dr Sivana ou encore le reste de la Marvel Family, une fois encore la référence la plus parlante au Superman du Golden Age (à l’instar de ce que l’on avait également pu lire dans le Supreme d’Alan Moore par exemple). La réintroduction du personnage est réussie. Si les visuels de Gary Frank sont toujours aussi jolis, on retrouve le Geoff Johns des grands jours qui maîtrise extrêmement bien les personnages de l’univers DC et qui respecte bien le ton du héros, sans trop sombrer dans un grim and gritty dont le scénariste use assez souvent pour moderniser les personnages dont il s’occupe.
Pureté super-héroïque
On notera tout de même ce travers lors de la rencontre entre Billy et le Magicien, où ce dernier admettra à regret qu’un « coeur pur » pour endosser le costume et les pouvoirs du héros n’existe plus sur Terre et qu’il devra se « contenter » de Billy Batson. Mais au final, on pourra admettre que Shazam! vol.1 reste une réussite en son genre, celui de l’origin story, parvenant à un délicat équilibre entre magie enfantine, respect d’un personnage historique et héros contemporain. Les fans de super-héros peuvent se faire plaisir et ceux qui ont aimé le film avec Zachary Levi également.