MASANORI MORITA, mangaka
Il y a parfois des auteurs que l’on ignore… On passe à côté sans les voir et sans que personne ne nous signale leur présence. Et bien Masanori Morita appartient à cette catégorie vis-à-vis du lectorat français. Son “genre d’histoire” n’est évidemment pas forcément des plus “bankable” à mi-chemin entre le shonen sportif et GTO, mais globalement la qualité de ses oeuvres “dans leur genre” est indéniable.
Né en 1966, Morita « fait ses classes » en tant qu’assistant de Tetsuo Hara sur le célèbre manga Hokuto No Ken (Ken le Survivant, l’anime tant controversé en France). Très vite, il part se lancer et commence comme beaucoup de mangakas par une nouvelle parue dans un magazine, Fresh Jump, en 1984, puis en relié par un simple recueil d’histoires courtes intitulé Bachi-Atari Rock qui sort en 1988.
Morita, une vraie « Racaille »…
On y trouve d’ores et déjà les éléments qui tiennent à coeur à l’auteur, dont notamment les « fûryos », ces lycéens japonais plutôt voyous qui préfèrent les clopes et la baston aux livres de classes. L’année suivante Morita débute une oeuvre qui s’avèrera être son premier vrai succès : Rokudenashi Blues et qui durera la bagatelle de 42 volumes.
Ce manga conte l’histoire de Maeda Taison, un féru de baston assez naïf dont le rêve profond est de devenir boxeur pro, qui finit par lier tous les fûryos de son lyçée par une solide amitié à travers de nombreuses bastons entre eux ou contre des adversaires extérieurs (yakusas, lyçées voisins…). On retrouve dans ce titre des bastons impressionnantes et, même si le trait est encore un peu hésitant dans les premiers volumes, un réalisme affiné à l’extrême dans le dessin.
Si on perçoit dès la lecture du résumé un aspect moral à ce titre, à la lecture c’est surtout l’humour qui mène la danse et qui allège beaucoup le propos. Le lectorat japonais ne s’y est pas trompé ! L’immense succès de ce titre, prépublié dans Shonen Jump et édité par la Shueisha, lui a valu de figurer dans les 5 meilleures ventes du catalogue de l’éditeur. Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, 2 OAV de 45 mn (assez confidentielles cependant) et 2 films « live » reprennent le titre.
En 1997, Rokudenashi Blues (qui a donc duré 8 ans) se termine. A cette occasion, un portfolio intitulé Paint it black sort et reprend en très grand format les plus belles couvertures du manga (pour l’avoir à la maison, ça en jette en grand).
Morita, plus un débutant…
C’est en 1998 que Morita se lance dans un nouveau manga : Rookies. Celui-ci suit un jeune professeur nommé Kawato qui s’est fixé comme objectif de rendre leur rêve aux membres du club de base-ball (sport qu’il ne connaît pas du tout !) du lyçée Futago et de transformer ces fûryos méprisés en champions.On se rend compte après la lecture de plusieurs volumes que Morita cherche toujours à « redorer le blason » de ces voyous et fait passer un message qui en substance reviendrait à dire qu’il y a du bon chez tout le monde… L’humour est toujours présent bien sûr mais le sport y trouve cette fois-ci une place de choix. Côté artistique, Morita a mûri et cela se voit : les traits s’affinent, le perfectionnisme persiste…
Depuis la fin de Rookies en 2003, Morita s’est fait rare pour des raisons de santé principalement et n’a fourni que Beshari Kurashi en tant que manga réalisé par ses soins en 2005 et le scénario de Hello Baby dessiné par Takeshi Obata (Death Note, Hikaru No Go). A noter d’ailleurs que le nom de l’un des héros de Bakuman, la série d’Obata, Mashiro Moritaka, aurait été inspiré par le nom du mangaka qui nous intéresse ici.
Mais c’est introuvable ?
Rookies, qui s’est terminé au bout de 24 volumes au Japon, a été traduit en France chez Tonkam et Rokudenashi Blues a aussi été adapté en VF mais par J’ai Lu (sous le titre Racailles Blues, hum !). Un recueil de nouvelles Shiba Inu est également sorti chez Tonkam. Après quelques années depuis leur sortie déjà, difficile de trouver ces titres en français car plus édités depuis un bail…
En revanche, Beshari Kurashi et Hello Baby restent à ma connaissance inédits en VF à l’heure où j’écris ces lignes.
