Fresh so fresh, LE PRINCE DE BEL AIR ?

Le Prince de Bel-Air avec Will et Carlton
The Fresh Prince of Bel-Air avec Will et Carlton

A l’occasion de sa mise à disposition sur Netflix France l’an dernier, je me suis lancé dans un visionnage “nostalgique” de la série Le Prince de Bel-Air (The Fresh Prince of Bel-Air en V.O.). Oui, celle avec le désormais célèbre Will Smith. Les 30-40 ans, à l’heure où j’écris ces lignes bien entendu, se souviendront sans doute de la série qui a occupé les fins d’après-midi de France 2 dans l’émission Giga. A partir de 1992 à la télé, le jeune Will Smith débarquait à Los Angeles chez sa tante Vivian Banks au train de vie bien plus aisé que celui de sa mère à Philadelphie… Attention : si le personnage principal de la série s’appelle Will Smith et qu’il est né à Philadelphie comme son interprète, le héros de la série se prénomme William, tandis que l’acteur porte le prénom de Willard donc ce n’est pas biographique. 

Sitcom familiale, yo !

Enfin presque, car il s’agit en fait d’une libre interprétation de la jeunesse du producteur de musique Benny Medina qui avait découvert les milieux aisés de Beverly Hills en se liant d’amitié avec un adolescent blanc et riche dont la famille l’a accueilli. Ce même Benny Medina a convaincu, avec l’aide de Quincy Jones, la petite star de rap qui se produisait sous le nom de scène de The Fresh Prince, avec son ami Jeffrey Townes dans le duo DJ Jazzy Jeff and The Fresh Prince, de tenter l’aventure de la sitcom sur NBC à la rentrée 1990. On comprend mieux le titre de “Prince” quand on connaît les origines musicales de l’acteur assez peu connues en France lors de la première diffusion de la série.

Le Prince de Bel-Air est dans la plus pure tradition de la sitcom familiale avec un père bougon (Phil Banks, joué par le défunt James Avery, notamment voix de Shredder dans Les Tortues Ninja) et une mère compréhensive et maline (Vivian Banks, jouée successivement par Janet Hubert-Whitten et Daphne Reid). Et c’est complété dès le début par une fille quasi-adulte mais déconnectée des réalités économiques (Hilary Banks, jouée par Karyn Parsons), un fils très/trop bien élevé (Carlton Banks, joué par Alfonso Ribeiro qui a bien entendu popularisé la fameuse danse à la Carlton sur It’s not unusual de Tom Jones. On retrouve désormais cette danse jusque dans le jeu vidéo Fortnite), une jeune fille assez maline pour son âge (Ashley Banks, jouée par Tatyana Ali qui a ensuite participé pendant 5 ans au soap opera Les Feux de l’Amour) et bien sûr le neveu décalé : le fameux Will Smith !

La famille Banks du Prince de Bel-Air
La famille Banks réunie !

Décalé pour l’époque

On ajoutera à ce tableau un majordome très british en la personne de Geoffrey (joué par Joseph Marcell) et un meilleur ami de Will nommé Jazz (qui n’est nul autre que son compère DJ Jazzy Jeff de son duo) totalement dépourvu de savoir-vivre et qui se fait couramment sortir la tête la première de la maison familiale dans une séquence qui sera la même depuis le 2eme épisode de la série.

Le décalage visible de l’arrivée de Will dans la famille Banks est le ressort scénaristique et comique le plus évident, avec notamment les tenues bariolées du personnage principal en opposition aux vêtements unis du reste de la famille et aux costumes tirés à quatre épingles de l’oncle Phil. On détectera par moments dans le contraste du phrasé rap et des répliques ampoulées, ou encore de la démarche “cool” face à celle distinguée, un sous-texte moralisateur et engagé dans le contenu de la série.

Will Smith aka Le Prince de Bel-Air
Will Smith aka Le Prince de Bel-Air

En effet, la représentation afro-américaine dans les comédies à la télévision a déjà connu The Jeffersons (1975 aux USA sur CBS, jamais diffusée en France), Arnold et Willy (1978 aux USA sur NBC, 1982 en France sur TF1) et The Cosby Show (1984 aux USA sur NBC, 1988 en France sur M6). Un nouveau cap est passé avec Le Prince de Bel-Air qui oppose l’oncle Phil qui a réussi dans la vie et qui est allé écouter Malcolm X à l’époque à Will qui reproche parfois le comportement de riche de son oncle et qui affiche dans sa chambre le poster du même Malcolm X affichant sa propre rebellion à travers le hip-hop et ses bêtises d’adolescent…

Imperfections nostalgiques

De la même façon, le défilé de guest-stars laissera la part belle aux stars afro-américaines en tous genres (comme Queen Latifah, BB King, Oprah Winfrey, Malcolm-Jamal Warner, Chris Rock, les Boyz II Men, Naomi Campbell, Pam Grier, Gary Coleman…). Bien entendu, bien d’autres thèmes de société seront évoqués avec humour au fil des épisodes : le parti-pris des policiers contre la population noire, l’alcool, la drogue, etc… 

Le Prince de Bel-Air et le président Trump
Le Prince de Bel-Air et le président Trump

Evidemment, les 6 saisons ont eu des hauts et des bas, niveau qualitatif, tant par le souhait d’arrêter de Will Smith rattrapé par une pétition de fans aux alentours de la 3e saison, le départ de la 1ère interprète de tante Vivian (de polis “différents créatifs”), et même dès la 1ère saison des économies via un double épisode truffé de séquences d’épisodes précédents, mais ça se revisionne avec plaisir globalement, si on fait abstraction du grain d’image.

Enfin, si l’acteur Will Smith éclatera réellement sur grand écran dans Bad Boys, Independance Day et enfin Men in Black dans la 2ème moitié de la série, on se souviendra plutôt de ses joutes verbales avec sa famille dans Le Prince de Bel-Air, le flegme de Geoffrey ou encore Carlton se déhanchant sur du Tom Jones, en lieu et place de ses récents After Earth ou Suicide Squad

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