#BlackAF, une série créée « because of slavery » ?

Le couple de #BlackAF
Le couple de #BlackAF sur Netflix

En septembre 2014 démarrait sur ABC la comédie Black-Ish. Celle-ci racontait tous les mercredis la vie d’une famille afro-américaine qui a plutôt réussi professionnellement et financièrement. Elle y insuffle des propos sociaux (notamment en terme de critique du racisme) et des questions d’identité culturelle. A ce stade, vous vous demandez si la série a bien fonctionné ? On peut dire que oui : elle en est à sa 6e saison à l’heure où j’écris ces lignes (2020). Elle a obtenu deux spin-offs Grown-Ish en 2017 et Mixed-Ish en 2019 et a été à minima nommée dans de nombreuses remises de prix audiovisuels dont notamment les fameux Emmys Awards. Et maintenant, bien sûr, vous vous demandez : quel rapport avec #BlackAF ? C’est aussi une comédie avec une famille afro-américaine qui a réussi ?

Curb your Kenya Barris

En fait oui, mais pas seulement. D’abord envisagée sous le titre Black Excellence, #BlackAF (AF comme « As Fuck ») est la nouvelle série de Kenya Barris. Il est le créateur de Black-Ish, de ses dérivés et accessoirement co-créateur et producteur de l’émission America’s Next Top Model. Kenya a ensuite été débauché pour une nouvelle série par Netflix suite aux succès de ses dernières comédies. Alors oui, cette nouvelle série parle bien d’une famille afro-américaine qui a réussi mais pas n’importe laquelle : celle de Kenya Barris lui-même !

Rashida Jones dans #BlackAF
Rashida Jones dans #BlackAF (Netflix)

On retrouve en effet dans les 8 épisodes de cette nouvelle série Kenya Barris dans son propre rôle avec six enfants et sa femme interprétée par Rachida Jones (The Office, Parks and Recreation). Si les thèmes socio-culturels ont des points communs avec les séries de l’acteur-producteur, le traitement est carrément emprunté à d’autres comédies. Kenya Barris est entouré de personnages interprétés comme Larry David l’est dans Curb Your Enthousiasm (série qui en est à sa 10e saison et qui est connue en France comme Larry et son Nombril) et avec des histoires forcément romancées.

L’autre influence visible est la réalisation très « mockumentaire » avec des témoignages de personnages comme dans The Office ou Modern Family. Mais bien modernisé par un montage très « youtubeur » avec incrustations d’infographies, jeu avec les types de caméras, commentaire façon reportage… Ainsi la forme fait plus moderne, bien que la méthode soit quand même une redite.

Rire en demi-teinte ?

Netflix a débuté la diffusion de #BlackAF le 17 avril 2020 sur son service et la période de confinement en France m’a permis de rapidement regarder la majeure partie des épisodes. Cette comédie est relativement facile à regarder, c’est certain, et la forme dépoussière forcément la sitcom « single-camera » surtout avec une certaine liberté sur la durée de chaque épisode (qui varient d’un classique 30mn jusqu’à du 50 mn !). Néanmoins, l’irrévérence des propos reste relativement sage la plupart du temps en regard de la promesse du premier épisode, même si cela reste plus cinglant que dans Black-Ish (sans doute moins de liberté possible sur un grand network, surtout avant de faire ses preuves).

Le couple de la comédie #BlackAF
Le couple de la comédie #BlackAF : Rashida Jones et Kenya Barris

De même, les thèmes font parfois un peu redite avec les 6 saisons de Black-Ish et sont parfois un peu trop insistants pour garder l’envie d’en rire à chaque fois. Le rapport à la réussite, le poids de l’identité culturelle afro-américaine, les codes de l’adolescence à l’heure des réseaux sociaux et les difficultés de l’écriture audiovisuelle… C’est intéressant et drôle mais un poil répétitif, à l’exception d’un brillant cinquième épisode (le plus long de mémoire) qui synthétise l’ensemble et fonctionne très bien en terme de clarté du message « because of slavery » de Kenya Barris !

Black-ish #BlackAF ?

Globalement, si on n’a vu aucun épisode de Black-Ish et de Curb Your Enthousiasm, #BlackAF est une comédie très dépaysante dans sa forme et dans ses propos. Et c’est encore plus le cas si l’intégration et la culture afro-américaine nous touche personnellement. Pour les autres, ce sera une variation sur un même thème pas plus brillante que ses prédécesseurs, mais sans aucun doute pas honteuse non plus.

Le trailer de #BlackAF sur Netflix

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