LA PATROUILLE DU TEMPS : les nouvelles
Une petite envie de roman de science-fiction m’a pris hier. Après un tour en librairie et en tentant d’éviter l’immense amas de romans de Fantasy présents sur les étalages (non pas que je n’apprécie pas ce genre, bien au contraire, mais c’était de la SF que je cherchais et force est de constater que la Fantasy et la Bit-Lit sont désormais prépondérantes sur les présentoirs de littérature de “l’imaginaire”), j’ai jeté mon dévolu sur le premier volume de la saga La Patrouille du Temps (Time Patrol en V.O.) qui se nomme de manière fort originale… La Patrouille du Temps.
En Patrouille depuis 1955
Ecrites par l’américain Poul Anderson et publiées pour la première fois en 1955, les histoires de La Patrouille du Temps sont composées à l’origine de 6 nouvelles et 5 romans. Le premier volume que j’ai acquis est la réédition chez Le Livre de Poche du recueil de 5 nouvelles de l’édition Le Bélial parue en 2005 (auparavant ce premier tome ne comportait que 4 nouvelles). Pour être complet : P. P. Durastanti est le traducteur de ce volume de 288 pages.
Poul Anderson est pour sa part reconnu aux Etats-Unis avec pas moins de 7 prix Hugo et 3 prix Nebula à son actif mais sa notoriété en France reste limitée du fait du faible nombre de traductions dans la langue de Molière car très vite boudé pour ses idées pro-Guerre du Vietnam entre autres.
Ce recueil de La Patrouille du Temps, régulièrement considéré comme un classique mais mineur, introduit le personnage de Manse Everard qui devient Patrouilleur du Temps dans la première nouvelle La Patrouille du Temps (Time Patrol, 1955) et qui sera au centre des 4 autres nouvelles du recueil : Le Grand Roi (Brave to be a King, 1959), Les Chutes de Gibraltar (Gibraltar Falls, 1975), Echec aux Mongols (The Only Game in Town, 1960) et L’Autre Univers (Dalenda Est, 1955).
Patrouille du Temps et uchronies
Bien entendu, l’ensemble de ces histoires traitent de voyage dans le temps et envoient le héros dans de nombreuses époques différentes (de par son statut de “non-affecté” à une période précise) pour prévenir la création d’indésirables uchronies. Pour bien comprendre, une uchronie est une histoire avec un changement notable de la “continuité” historique, qu’on imagine souvent par un “Et si… ?”, par exemple “Et si Hitler avait gagné la guerre ?” ou “Et si Batman était en fait Clark Kent ?”, etc).
La bonne idée de ces aventures est principalement de se concentrer d’ailleurs sur les aventures du Patrouilleur plutôt qu’à des concepts philosophiques trop compliqués sur les dimensions parallèles ou les paradoxes temporels. D’ailleurs, l’auteur écarte très vite (peut-être de manière un peu facile) la plupart des questions qui pourraient créer ce genre d’histoires gourmandes en explications lourdingues et peu claires. On change une personne mineure ou celle-ci disparait ?
Aucune importance, le Temps a pour habitude de re-tendre vers l’Histoire officielle : seule un changement à une bifurcation importante (l’objet des aventures du héros) a un impact profond. Mais même la disparition d’un personnage comme Hitler par exemple ne veut pas forcément dire qu’un être similaire (voire pire) n’aurait pas pris sa place. De même, l’auteur évacue toutes les questions du type “et si je tue mon père avant ma naissance ?” en établissant qu’exister à un instant T de l’histoire, c’est exister tout court si ton origine disparaît de ton fait vu que tu as conscience des causes de ta potentielle inexistence.
Concept simple et efficace
Bref, l’auteur s’est permis des simplifications notables pour concentrer ses histoires sur des aventures “importantes” sans s’encombrer des questions généralement compliquées liées aux voyages temporels mais une certaine originalité en ressort, étant donné que la plupart des autres histoires de retours dans le passé impliquent l’interdiction de “trop agir” pour ne justement pas modifier l’histoire. Ici, bien qu’étant la base de la mission des Patrouilleurs, la modification de l’Histoire n’est pas une fin en soi, même si rapidement la question de connaître ce qu’est réellement l’Histoire “officielle” se pose.
Concept intéressant que La Patrouille du Temps donc, je testerai sans doute l’un des romans pour voir ce qu’une “version longue” peut apporter au concept. Je peux néanmoins confirmer que s’il ne s’agit pas d’un titre majeur de la SF (et donc que l’on peut aisément se passer de sa lecture), il ne s’agit pas pour autant d’un bouquin désagréable : ni trop compliqué, ni trop simple, Poul Anderson a su poser les bases d’une saga sur le voyage dans le temps relativement digeste. Et ce n’était sans doute pas une mince affaire en fait…